Le pianiste Alexis Weissenberg

10 décembre 1966
02m 45s
Réf. 00041

Notice

Résumé :

Interview du pianiste d'Alexis Weissenberg sur ce que représente Paris pour lui et sur son rôle en tant qu'interprète d'une oeuvre musicale. Il interprète ensuite un morceau.

Type de média :
Date de diffusion :
10 décembre 1966
Source :
ORTF (Collection: JT NUIT )

Éclairage

Né à Sofia en 1926 dans une famille de musiciens, Alexis Weissenberg donne son premier concert à huit ans, puis travaille avec Leo Kestenberg en Israël, et avec Olga Samaroff à New York. Il débute en 1947 à New York, en jouant un concerto de Rachmaninov. Il enchaîne alors des tournées aux Etats-Unis et en Europe, mais après sa naturalisation française, en 1956, il interrompt sa carrière pour approfondir sa technique. A partir de 1966, il joue à nouveau avec grand succès dans le monde entier, en soliste ou avec les plus grands chefs (Karajan, Celibidache, Abbado, Giulini, Ozawa, Solti...). Alexis Weissenberg s'est aussi essayé à la composition : des partitions inspirées par le jazz ou par Charles Trenet, et il a fait représenter à Paris une comédie musicale : La Fugue, qui a eu un succès mitigé.

Son répertoire va de Bach à Stravinsky, en passant par les maîtres romantiques, Schumann, Beethoven, Chopin bien sûr, mais surtout Rachmaninov. Il a créé en Suisse la Alexis Weissenberg's Piano Master Class, destinée aux jeunes pianistes. Une abondante discographie témoigne de la puissance et de la virtuosité jamais gratuite de ce grand pianiste du XXe siècle.

Michel Coupard

Transcription

Raymond Thevenin
Alexis Weissenberg, vous qui avez joué un peu partout dans le monde, est-ce que vous considérez que Paris est une étape importante ?
Alexis Weissenberg
Je crois que - pas parce que j'ai joué un peu partout dans le monde, d'ailleurs, je n'ai pas tellement joué partout - je crois que c'est une étape importante, et je crois que c'est une ville qui a compté pour à peu près tous les artistes que je connais. Ce qui est important, c'est de revenir dans une ville, vous savez. Ce qui essentiel, c'est d'avoir joué souvent quelque part et de retrouver presque le même public. Et je trouve que Paris offre ça, naturellement, parce que c'est une ville énorme qui a de multiples possibilités. Il y a beaucoup d'artistes qui peuvent vraiment compter sur 500 ou 600 personnes qui ne veulent que les entendre.
Raymond Thevenin
On a écrit, en parlant de vous, que vous étiez un petit peu impersonnel sur scène. Comment pourriez-vous définir le rôle d'un interprète face à une oeuvre ?
Alexis Weissenberg
Le rôle d'un interprète face à une oeuvre s'efface chez lui, c'est-à-dire c'est un rôle qui se substitue, finalement, à l'oeuvre elle-même et pendant les mois qu'on travaille sur l'oeuvre. Sur scène, je trouve que c'est presque obligatoire. J'aime que l'artiste n'existe pas visuellement pour le public. Je trouve que sinon, ça serait distrayant, amusant peut-être, attrayant dans d'autres moments, ça dépend des artistes. Je crois qu'il ne faut absolument pas distraire l'auditeur de sa capacité d'écouteur. Je trouve que le plus on s'éloigne visuellement du public, le plus la musique peut gagner en poids et en fascination. Enfin, je crois vraiment que c'est le devoir d'un artiste.
(Musique)