Amália Rodrigues

05 mai 1967
05m 54s
Réf. 00046

Notice

Résumé :

Entretien avec la chanteuse de fado Amália Rodrigues. Elle chante chez elle, accompagnée par plusieurs guitaristes, et dans un cabaret.

Type de média :
Date de diffusion :
05 mai 1967
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Éclairage

Amália Rodrigues (1920-1999) est non seulement la plus grande interprète de l'histoire du fado, mais au-delà un véritable mythe de la culture populaire lusitanienne. Née dans une famille très modeste de neuf enfants, Amália n'a que 19 ans lorsqu'elle commence de se produire dans la plus célèbre des maisons de fado de Lisbonne, "Retiro da Severa". Sa façon habitée et bouleversante d'interpréter ces mélodies traditionnelles nostalgiques et sensuelles fait sensation. Frederico Valério la remarque et décide de lui composer des chansons sur mesure rompant résolument en matière d'orchestration avec les canons traditionnels du genre.

Amália s'impose très vite comme "la reine du fado", mais c'est en 1954 avec sa participation au film d'Henri Verneuil Les Amants du Tage que sa renommée devient internationale. Elle enregistre ses premiers disques, chante sur les plus grandes scènes, apparaît aux yeux du monde comme la voix du Portugal. Au début des années 60 elle rencontre le compositeur français Alain Oulman qui l'accompagne tout au long de la décennie. En 1970 elle enregistre le disque Com que Voz considéré par beaucoup comme son chef-d'oeuvre.

Suspectée au moment de la Révolution des oeillets en 1974 d'affinités avec le régime de Salazar, Amália Rodrigues connaîtra une petite traversée du désert. Mais son disque Cantigas numa Lingua Antiga qui marque son retour en 1977 est un triomphe. Véritable légende vivante, Amália Rodrigues meurt en 1999 à 79 ans. Elle est la première femme à entrer au Panthéon national de Lisbonne.

Stéphane Ollivier

Transcription

(Musique)
Claude Fleouter
Ce soir, Amalia Rodrigues chante dans un grand music-hall parisien. A Lisbonne, sa ville natale, elle est l'idole des Portugais, l'incarnation du fado.
(Musique)
Amalia Rodrigues
J'avais 7 ans, 6 ans, je chantais déjà comme tous les enfants. Je chantais chez moi et dans la rue, à l'école, tout ça. Je chantais toujours. Mais j'ai commencé à chanter, comme ça, en public, à l'âge de 17 ans.
Claude Fleouter
Et vous étiez pauvre, à ce moment-là ?
Amalia Rodrigues
Très très pauvre.
Claude Fleouter
C'est-à-dire ?
Amalia Rodrigues
C'est-à-dire je n'avais rien. Je n'avais rien de rien. Alors les gens, ils me disaient toujours : « Pourquoi vous n'allez pas chanter ? », parce que je chantais très bien le fado. « Il faut aller, il faut chanter parce que comme ça, vous serez une grande artiste ». Moi, je ne croyais pas. Mais un jour, un ami à moi, il m'a emmenée dans un endroit typique de fado. J'ai chanté pour le patron. Il m'a engagée tout de suite.
Claude Fleouter
Qu'est-ce que le fado ?
Amalia Rodrigues
Le fado, c'est... c'est un sentiment. On ne peut pas expliquer le fado. On le sent. C'est comme l'amour. On est amoureux, on ne peut pas expliquer comment on est amoureux. C'est un sentiment.
Claude Fleouter
Et c'est un sentiment qui n'exprime que l'amour, le fado ?
Amalia Rodrigues
Non. Moi, je n'ai pas dit que le fado, c'est l'amour. C'est un sentiment. C'est quelque chose qui... Vous savez, le peuple, les gens qui sont pauvres... comment dire ? C'est une espèce, aussi, de complainte. Tout le monde qui souffre et ils ont envie de pleurer. C'est notre façon portugaise de nous complaindre.
(Musique)