Luc Besson

09 mai 2000
02m 54s
Réf. 00282

Notice

Résumé :

En duplex de l'Hôtel Majestic à Cannes, Luc Besson, président du jury du Festival 2000, se félicite d'avoir la possibilité de voir des films. Il profite de l'occasion pour souligner qu'autrefois il n'avait pas la possibilité de voir les films pendant le festival puisqu'il n'avait pas de carte.

Type de média :
Date de diffusion :
09 mai 2000
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Thèmes :

Éclairage

Paradoxe apparent que le choix de Luc Besson, à un moment charnière de sa carrière, pour présider le jury cannois de 2000.

Le réalisateur français a été jusqu'alors malmené sur la Croisette avec Le Grand Bleu (1988) et Le Cinquième Elément (1997), futurs succès populaires dévalorisés par une partie de la critique. De fait, les plébiscites publics de Nikita (1990), de Léon (1994) et de Taxi - qu'il a écrit et produit, sans le réaliser, en 1998 - auront largement contribué au divorce entre Besson et une presse qui fustige l'esthétique publicitaire de ses films.

Désormais, le réalisateur se fera plus rare et s'effacera devant le producteur et distributeur qui vient de lancer sa propre société. EuropaCorp, vraie réussite économique, s'attachera à offrir au cinéma français de nouveaux titres destinés au grand public (Taxi 2 et 3, Arthur et les Minimoys, animation qu'il signe en 2006) tout en visant ponctuellement la reconnaissance internationale avec des titres plus ambitieux. Démarche qu'annonçait peut-être déjà le choix du Dancer in the Dark de Lars Von Trier, palmé par Besson en 2000.

Thierry Méranger

Transcription

Claude Sérillon
Est-ce qu'il y a une ligne Besson, ligne éditoriale comme on dit quelquefois, une ligne Besson pour ce festival de Cannes ? Est-ce qu'il y a une volonté pédagogique de votre part ?
Luc Besson
Non, ça serait très prétentieux de ma part. Je suis très content de voir tous ces films-là parce que comme je travaille beaucoup, ça fait quelques semaines que je n'ai pas pu aller au cinéma donc là, je suis très content et je vais en voir 2 à 3 par jour. Et en plus, il y a une vingtaine d'années, quand je venais au festival, j'avais du mal à les voir. Je ne pouvais pas rentrer au festival parce que j'avais pas la carte. Donc maintenant que j'ai la carte, je vais pas me priver et je vais voir tout ce que je peux.
Claude Sérillon
Alors on a vu votre réussite aux Etats-Unis, votre réussite également en France, mais est-ce que vous diriez qu'il y a deux types de cinéma : un cinéma américain qui est menaçant pour le nôtre ou un cinéma français qui est surtout représenté à Cannes ?
Luc Besson
Non, non, je ne pense pas. Je pense qu'il y a les bons films et les mauvais films et que je crois que tout le monde s'accorde à reconnaître les bons - qu'ils marchent ou qu'ils ne marchent pas - et tout le monde, je pense, reconnaît les mauvais aussi. C'est assez simple, en fait.
Claude Sérillon
Là, vous allez produire plusieurs premiers films. C'est maintenant la fonction que vous avez envie d'approfondir, de poursuivre ?
Luc Besson
Disons que la chance d'avoir des outils en ma possession et j'essaie, peut-être un peu de rendre... je ne sais pas, de tendre un peu la main vers ces jeunes cinéastes qui viennent vers moi et de rendre un peu la pareille. J'aurais bien aimé qu'on me tende la main un peu plus au début. Il y en a quelques-uns qui l'ont fait comme Pierre Jolivet ou des gens comme Beineix aussi qui m'a beaucoup aidé au début, et j'aimerais simplement faire un peu la même chose. Je crois que c'est le devoir de chacun dans ce métier de redonner un petit peu de tout ce plaisir et tout ce bonheur qu'on a pu avoir grâce aux films.
Claude Sérillon
Alors on va vous appeler, donc, pendant une bonne quinzaine de jours « monsieur le président ». Ça veut dire que vous allez changer d'allure ? Que vous allez changer de style Besson ?
Luc Besson
J'ai mis des lunettes parce que j'ai plein de trucs dans les yeux, donc, je ne suis pas prétentieux, je n'ai pas changé. Je suis toujours le même. Je n'ai pas mis... je ne deviens pas le président de Cannes avec ces lunettes noires, mais j'ai très mal aux yeux. Qu'est-ce que vous m'avez dit ?
Claude Sérillon
Je disais : on va vous appeler « monsieur le président » pendant 15 jours donc ça va peut-être vous changer, vous.
Luc Besson
Oui, c'est vrai. J'ai été déjeuner sur la plage et il y a un serveur qui m'a dit « monsieur le président ». Ça m'a... Je l'ai regardé pour voir s'il se foutait de ma gueule mais en fait, il était sérieux. Donc il va falloir que je m'y habitue. Mes camarades m'appellent « président Camembert » donc il va falloir que je m'y fasse aussi. Mais... non mais je crois qu'il ne faut quand même pas trop se prendre au sérieux quand même. C'est quand même que du cinéma, tout ça.
Claude Sérillon
Merci beaucoup, en tout cas, et puis je crois que vous allez être obligé, maintenant, d'être silencieux pendant toute la durée de ce festival.
Luc Besson
Je ne dis plus rien.