La crise politique au sein de la Fédération du Mali
Notice
Reportage consacré à la fédération du Mali regroupant le Soudan et le Sénégal. Le document compare ces deux pays dans leur organisation politique et leur culture afin de mieux comprendre la crise qui traverse actuellement cette région de l'Afrique de l'Ouest.
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Éclairage
Reprenant de nombreuses séquences de l'émission Cinq colonnes à la une diffusée huit mois auparavant, au moment où la construction de l'ensemble fédéral du Mali semblait bien partie, ce documentaire propose un intéressant remontage des images, incluses désormais dans un commentaire repensé. Certains éléments soulignés dans l'émission initiale sont particulièrement mis en valeur dans cette nouvelle version – et tout particulièrement la dérive autoritaire de Modibo Keita, l'encadrement des populations par les militants de l'Union Soudanaise, l'incompatibilité politique entre le Soudan autoritaire et le Sénégal pluraliste.
De fait, peu après les réjouissances de juin 1960 (voir La proclamation d'indépendance de la Fédération du Mali), des désaccords grandissants entre les différents leaders sénégalais et soudanais éclatent au grand jour. La campagne prévue pour l'élection au suffrage universel d'un président de la Fédération a sans doute contribué à déclencher la crise ouverte, qui met aux prises des ambitions incompatibles. Senghor s'est déclaré candidat, sous les couleurs de l'Union progressiste sénégalaise, à la mi-août 1960. De son côté, le président en exercice, Modibo Keita, décide de prendre des mesures d'urgence sous prétexte d'assurer le calme durant la période électorale. Le soir du 19 août, il proclame l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire fédéral et suspend Mamadou Dia, vice-président fédéral et ministre de la Défense. La perspective d'un coup de force est d'autant plus crédible que Keita est d'ores et déjà entré dans une logique de régime personnel au Soudan, utilisant comme levier le parti qu'il dirige d'une main de fer : l'Union Soudanaise – RDA. Face au spectre d'un coup d'État, l'assemblée législative sénégalaise (qui a continué de fonctionner parallèlement à l'assemblée fédérale) décide, sous la houlette de son président Lamine Guèye, le retrait définitif du Sénégal de la Fédération. Le Sénégal proclame ainsi son indépendance nationale, abandonnant le projet fédéraliste et panafricaniste cher au cœur de Senghor et de Mamadou Dia.