Le référendum de 1958 en AOF [muet]

30 septembre 1958
02m 06s
Réf. 00118

Notice

Résumé :

[Document muet] Le journal télévisé présente des images du référendum qui se déroule le 28 septembre 1958 à Dakar et à Casablanca, avec une intense propagande gaulliste pour le « oui » à la constitution de la Ve République et à la création de la Communauté française.

Date de diffusion :
30 septembre 1958
Source :
ORTF (Collection: JT 13H )

Éclairage

Un mois après le voyage du général de Gaulle en Afrique et à Madagascar se déroule le référendum du 28 septembre 1958 par lequel la population française est appelée à se prononcer sur la constitution de la Ve République et la création de la communauté française. Cette consultation au suffrage universel est essentielle pour définir les relations entre la République française et les futurs États africains. Un soin tout particulier est donc porté à son organisation et à sa couverture médiatique. L'administration est sollicitée pour encadrer et orienter le vote, afin d'obtenir un « oui » écrasant dans les territoires d'outre-mer.

Les images tournées à Dakar, au Sénégal, et destinées au journal de 13h mettent ainsi en évidence les affiches officielles appelant à voter « oui ». Ces dernières diffèrent de celles diffusées en métropole afin de multiplier leur impact auprès des populations africaines. Aux poings blancs saisissant la hampe tricolore sont ajoutées des mains noires ; un « Oui à l'Afrique » apparaît sur certaines affiches en complément du « Oui à la France ». L'espace public filmé semble envahi par la seule propagande gaulliste, bien que certains partis minoritaires, comme le parti du regroupement africain (PRA) du Sénégal, et les gros syndicats de salariés et d'étudiants militent en faveur du « non », afin de réclamer l'indépendance immédiate.

Ce n'est que la troisième fois que les Africains disposent de l'égalité électorale avec les colons depuis la loi-cadre (élections municipales de 1956, élections territoriales de 1957, référendum de 1958). Les différents plans doivent souligner la mobilisation de l'ensemble de la population, quelle que soit son origine, son sexe ou sa domiciliation. Le vote d'un militaire métropolitain, la file d'attente de Dakaroises, l'arrivée d'une femme portée par des marins, puis d'un jeune Africain, les bureaux de vote en ville ou en milieu rural, sont ainsi successivement filmés pour montrer le caractère très ouvert du vote. L'affichage de la constitution sur laquelle chacun doit se prononcer, la bonne tenue des bureaux de vote, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, sont aussi là pour indiquer que cette consultation est organisée de manière satisfaisante. La victoire éclatante du « oui » doit être obtenue dans un cadre qui donne toutes garanties de transparence, malgré les actions de contre-propagande menées peu avant par l'administration dans les territoires incertains, comme le Niger ou le Sénégal.

Le reportage se poursuit et s'achève à Casablanca, dans le Maroc indépendant depuis 1956, où ne sont donc présentés que les Français en ce jour de vote.

Bénédicte Brunet-La Ruche