Réunion du Grand Conseil de l'Afrique Occidentale Française [muet]

1950
02m 30s
Réf. 00112

Notice

Résumé :

Le reportage muet des Actualités françaises présente l'arrivée du Haut-commissaire de l'AOF Paul Béchard puis l'ouverture d'une session du Grand Conseil de l'AOF en 1950, avec la présence de son président, le député Lamine Guèye, et des conseillers des territoires de la fédération.

Date de diffusion :
1950
Source :
AF (Collection: Non Utilisés )

Éclairage

La constitution du 27 octobre 1946, qui fonde la IVe République et l'Union française, prévoit la création d'assemblées territoriales dans les territoires d'outre-mer (TOM) et associés, appelés conseils généraux jusqu'en 1952, avec des représentants élus au sein de deux collèges distincts (pour les Européens et les Africains), ainsi que deux Grands Conseils de l'Afrique occidentale et équatoriale française (AOF et AEF). La loi du 12 août 1947 institue ces deux Grands Conseils. Ils sont composés d'un nombre égal de conseillers de chaque territoire élus par les assemblées locales et siègent respectivement à Dakar et Brazzaville. Le Grand Conseil de l'AOF est composé de 40 grands conseillers (5 pour chacun des 8 territoires) et il se réunit pour voter le budget général de la fédération et statuer sur des questions économiques et financières. La première étape vers l'autonomie des territoires africains, avec la création des assemblées locales, s'accompagne de la mise en place de ces organes de coordination de type fédéral. Le pouvoir du Grand Conseil reste cependant limité : il ne s'agit pas d'une réelle assemblée parlementaire, dans la mesure où il dépend entièrement du gouverneur général pour son ordre du jour et l'organisation de ses sessions. Mais tout comme l'assemblée de l'Union française, elle-même souvent décrite comme une sous-assemblée législative, le Grand Conseil fonctionne comme un laboratoire politique pour les élus africains qui y trouvent à la fois une tribune et un lieu de débats. Les premières élections du Grand Conseil de l'AOF ont lieu le 3 novembre 1947 et le député Lamine Guèye est élu président de cette assemblée le 6 décembre face à son concurrent Félix Houphouët-Boigny.

Le reportage muet réalisé pour les Actualités françaises présente le cadre d'une session du Grand Conseil en 1950, en insistant sur la présence du Haut-commissaire de l'AOF Paul Béchard, que l'on voit accueilli à Dakar par Lamine Guèye et des notabilités sénégalaises. La caméra présente ensuite l'intérieur du bâtiment qui abrite le Grand Conseil, en face du palais du gouverneur général. Le zoom sur la photo de William Ponty souligne la formation de nombre des élus africains dans l'école qui porte le nom de cet ancien gouverneur général. L'École Normale William-Ponty constitue en effet la pépinière des cadres et des élites politiques africaines qui conduisent leurs pays vers l'autonomie puis l'indépendance, à l'instar d'Houphouët-Boigny en Côte d'Ivoire ou d'Hubert Maga et Sourou Migan Apithy au Dahomey. Quelques gros plans des grands conseillers sont réalisés, comme celui du médecin et conseiller général du Niger Oumar Ba. Ces élus s'efforcent de concilier le développement de l'autonomie de chaque territoire et la coordination fédérale dans le domaine financier et économique. Ils jouent un rôle dans la lutte contre la balkanisation de l'AOF, notamment face aux volontés de certains pays, comme la Côte d'Ivoire, de se désolidariser de cette assemblée fédérale. Au lendemain de la loi cadre de 1956 qui renforce l'autonomie des territoires africains, le Grand Conseil demande ainsi la création d'un conseil de gouvernement à l'échelon de l'AOF, afin de conserver une forte structure fédérale. Mais les élections territoriales de 1957 marquent la victoire du Rassemblement Démocratique Africain et son leader Houphouët-Boigny devient président du Grand Conseil. Après le retour du général de Gaulle en 1958, la constitution de la Ve République ne prévoit pas l'existence effective de groupes de territoires. Le Grand Conseil tient sa dernière séance le 5 avril 1959 ; il laisse place aux institutions de la communauté française marquées par la prééminence des exécutifs africains et français.

Bénédicte Brunet-La Ruche