Parcours thématique

La représentation des mouvements indépendantistes des pays colonisés par la France

Sébastien Denis (partie Algérie et coordination), Delphine Robic-Diaz (partie Indochine), Bénédicte Brunet-La Ruche (partie Afrique sub-saharienne)

Introduction

Les indépendances ont pris, dans la réalité politique aussi bien que dans les représentations publiques, la forme de mouvements de libération nationale structurant d'abord le mécontentement des populations colonisées envers la France, puis dans un second temps la lutte armée contre la métropole. Ces différents mouvements ont pour base commune un même héritage de la Révolution française et de l'égalité entre les individus, d'autant plus que les populations colonisées avaient été massivement mises à contribution lors des deux guerres mondiales, donnant lieu à des espoirs toujours déçus de reconnaissance de leur action. Les guerres coloniales (ouvertes ou larvées) ont donc été précédées par des tentatives nombreuses de concertation visant à demander aux autorités d'accorder des droits égaux aux populations locales.

En Algérie, la situation est particulière du fait de la présence d'une importante population d'origine européenne, donnant naissance à une dichotomie plus forte entre les populations. La victoire du vietminh en Indochine va favoriser le développement des autres mouvements nationaux, soutenus par le phénomène des non-alignés et la conférence de Bandung en avril 1955 puis par l'action de l'ONU, au sein duquel la France est mise en infériorité sur la question du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. L'indépendance du Maroc et de la Tunisie en 1956, puis des pays d'Afrique noire entre 1958 et 1960, marquent un coup d'arrêt, avant l'indépendance de l'Algérie.

Tous ces mouvements ont des leaders charismatiques dont l'image est alors très importante au niveau international, mais que les autorités françaises tentent de limiter en censurant leurs représentations, tout en essayant de supprimer physiquement ces leaders et leurs troupes par des opérations militaires ou de renseignement.

Le Vietminh

Vietminh (ou Viet Minh) est l'abréviation de Viet Nam Doc Lap Dong Minh (Ligue de l'indépendance du Vietnam), parti d'obédience communiste, créé en mai 1941 par Ho Chi Minh (fondateur et leader du Parti Communiste Indochinois depuis 1930), dissout en 1951 pour intégrer le Front Lien Viet.

La naissance du Vieminh est donc contemporaine de l'occupation japonaise et de la lutte contre l'envahisseur nippon. Lorsque les Français tentent de libérer l'Indochine en 1945, ils trouvent tout naturellement dans le Vietminh d'Ho Chi Minh un allié local. Mais cette coopération cesse dès lors que l'ennemi commun est éradiqué et qu'il apparaît clairement que les uns cherchent la reconquête du territoire colonial alors que les autres entendent imposer l'indépendance de leur nation.

Ho Chi Minh proclame ainsi le 2 septembre 1945, jour de la capitulation japonaise, l'indépendance de la République Démocratique du Vietnam (RDV) dont il devient le président, chef d'un Etat non reconnu, mais qui lui assure d'être pris en considération par les autorités françaises dans le long processus de conciliation qui suit. Il a pour principal interlocuteur à l'époque Jean Sainteny, Commissaire de la République pour le Tonkin et l'Annam du Nord, que l'on voit à ses côtés : au Vietnam lors des accords Sainteny-Ho Chi Minh, le 6 mars 1946, puis en France, à l'été 1946, pour la Conférence de Fontainebleau.

 Signature des accords Sainteny-Ho Chi Minh

Signature des accords Sainteny-Ho Chi Minh

Ho Chi Minh, chef du gouvernement de la République démocratique du Vietnam, se rend sur le croiseur Emile Bertin pour signer avec Thierry d'Argenlieu, Haut commissaire en Indochine, la convention de l'indépendance indochinoise.

25 avr 1946
43s
Ho Chi Minh à la conférence de Fontainebleau [muet]

Ho Chi Minh à la conférence de Fontainebleau [muet]

[Document muet] Ho Chi Minh, président proclamé de la République démocratique du Vietnam, et venu en France pour participer à la Conférence de Fontainebleau sur le statut de l'Indochine, est reçu à Paris avec les honneurs d'un chef d'Etat par Monsieur Marius Moutet, ministre de la France d'Outre mer puis par Monsieur Georges Bidault, président du Gouvernement Provisoire de la République Française.

juil 1946
01m

Les divergences d'intérêts sont telles que la marche à la guerre est inéluctable. Après de multiples alertes, la guerre éclate définitivement après l'événement dit du « clash d'Hanoï », le 19 décembre 1946. Dès lors, l'effort de guerre est massif et le général vietminh Vo Nguyen Giap, militaire autodidacte, s'impose comme le maître d'œuvre de la riposte militaire nationaliste jusqu'à la victoire finale de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954.

Résistance au Nord Vietnam [muet]

Résistance au Nord Vietnam [muet]

[Document muet] Film vietnamien sans titre ; mise bout à bout de plusieurs bobines de films. Il porte sur le conflit indochinois mené par le Viêt-minh contre les Français de 1946 à 1954, puis sur l'affrontement opposant le Viêt-cong aux Américains entre 1954 et 1975.

1946
01m 03s
L'effort de guerre vietnamien [muet]

L'effort de guerre vietnamien [muet]

[Document muet] Le film constitue un historique des événements qui se sont déroulés entre 1945 et 1954 en Indochine. Il s'articule autour de quatre parties : "Les personnes de bonne volonté", "Prêt à se sacrifier pour l'existence de la patrie", "La résistance miraculeuse", "Le coup décisif".

1954
02m 09s
La victoire de Diên Biên Phu [muet]

La victoire de Diên Biên Phu [muet]

[Document muet] Film vietnamien sans titre ; mise bout à bout de plusieurs bobines de films. Il porte sur le conflit indochinois mené par le Viêt-minh contre les Français de 1946 à 1954, puis sur l'affrontement opposant le Viêt-cong aux Américains entre 1954 et 1975.

1954
01m 24s

Les derniers actes de la guerre d'Indochine sont diplomatiques et se déroulent parallèlement en Europe, lors de la conférence de Genève (26 avril-21 juillet 1954) à laquelle participe, aux côtés des représentants des grandes puissances venues arbitrer le sort de la Corée, une délégation vietnamienne, et au Vietnam, à Trung Gia (4 juillet-20 juillet 1954) où se tient une conférence plus technique posant les conditions d'application de la paix notamment en ce qui concerne l'échange des prisonniers.

 Ouverture de la conférence de Genève

Ouverture de la conférence de Genève

Ouverture de la conférence de Genève sur la paix en Corée et en Indochine. La presse française titre sur la chute de Dien Bien Phu.

13 mai 1954
33s
 Evacuation des populations civiles de Hanoï

Evacuation des populations civiles de Hanoï

Entrée en vigueur du cessez le feu et départ des civils pour le sud Vietnam, en particulier des Hmong qui avaient pris fait et cause pour les Français.

12 aoû 1954
52s

Il est particulièrement intéressant de relever qu'alors que le Vietminh est officiellement disparu depuis plusieurs années, l'identité de l'ennemi reste jusqu'à la fin du conflit attachée à cette dénomination politique. Ainsi les soldats français sont-ils libérés à l'été 1954 des camps « vietminh » et de leurs bo doï.

Prisonniers français [muet]

Prisonniers français [muet]

[Document muet] Film vietnamien sans titre, qui est davantage une mise bout à bout de plusieurs bobines de films qu'un montage étudié. Il porte sur le conflit indochinois mené par le Viêt-minh contre les Français de 1946 à 1954, et sur l'affrontement opposant le Viêt-cong aux Américains entre 1954 et 1975.

1954
46s
Vie dans les camps de prisonniers vietminh [muet]

Vie dans les camps de prisonniers vietminh [muet]

[Document muet] Le film présente un camp de prisonniers français en Indochine. Soins, repos, jeu, musique, sport, repas rythment les journées des prisonniers.

1954
01m 56s

Il faut attendre la guerre du Vietnam pour que l'adversaire change de nom, le Viet Cong succédant ainsi au Vietminh.

Les leaders indépendantistes en Afrique Subsaharienne

Au lendemain de la loi Lamine Guèye du 7 mai 1946 qui accorde la citoyenneté à tous les ressortissants des territoires d'outre-mer (TOM), de nouveaux leaders politiques africains émergent dans les institutions parlementaires de la IVe République. Bien que le système représentatif reste encore limité par le double collège et un suffrage restreint pour les Africains, il s'étend dans les années 1950 et permet de constituer une nouvelle classe politique. Houphouët-Boigny s'engage ainsi en politique en 1945 et est élu député à l'Assemblée Nationale, tout comme les futurs présidents Senghor au Sénégal ou Sourou Migan Apithy au Dahomey. Bien que critiquée, l'Assemblée de l'Union française sert de tribune pour des politiques anticoloniaux, comme Jean-Félix Tchicaya, et de laboratoire politique pour des personnalités soutenues par l'administration, comme le futur président du Cameroun Ahmadou Ahidjo.

Malgré une présence croissante dans les assemblées, la couverture médiatique des dirigeants politiques africains apparaît cependant limitée jusqu'en 1955-56 en métropole. Il s'agit encore essentiellement de présenter l'institution parlementaire comme un lieu de formation politique.

Réunion du Grand Conseil de l'Afrique Occidentale Française [muet]

Réunion du Grand Conseil de l'Afrique Occidentale Française [muet]

Le reportage muet des Actualités françaises présente l'arrivée du Haut-commissaire de l'AOF Paul Béchard puis l'ouverture d'une session du Grand Conseil de l'AOF en 1950, avec la présence de son président, le député Lamine Guèye, et des conseillers des territoires de la fédération.

1950
02m 30s

La création de partis est encouragée afin d'apporter un soutien politique mais avec une méfiance permanente à l'égard de mouvements suspectés d'être pro-soviétique. Certains des premiers grands partis africains, au premier rang desquels le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) et son dirigeant Houphouët-Boigny, figurent parmi les pires ennemis des autorités françaises. Créé en 1946 au congrès de Bamako, le RDA est apparenté au groupe communiste. Les militants de ce parti anticolonial sans être séparatiste sont alors accusés de « collusion » avec l'Union soviétique, et réprimés, comme en Côte d'Ivoire en 1949-1950. Des partis indépendantistes naissent après 1945 mais sont aussi rapidement dissous, comme le Mouvement démocratique de la rénovation malgache, dont les dirigeants sont poursuivis après l'insurrection de 1947, ou encore l'Union des populations du Cameroun de Ruben Um Nyobé interdite à partir de 1955.

Mais le changement d'orientation du RDA à partir de 1950, lors de sa séparation du Parti communiste, permet un rapprochement avec les partis français de gouvernement, notamment l'Union Démocratique et Socialiste de la Résistance, mais aussi le parti gaulliste du Rassemblement du Peuple Français. De Gaulle rencontre Houphouët-Boigny en 1953, dépassant ainsi le conservatisme des élus européens du RPF.

La loi-cadre renforce l'autonomie interne des TOM et donc le rôle des leaders politiques dans les assemblées et les gouvernements locaux. La télévision médiatise alors davantage les dirigeants « modérés », qui s'inscrivent dans ces institutions, sans revendiquer l'indépendance immédiate, ainsi que les partis désormais fréquentables et collaborant avec le gouvernement français, notamment le RDA. Houphouët-Boigny devient ainsi ministre de tous les gouvernements à partir de 1956.

 Réunion de l'assemblée territoriale camerounaise

Réunion de l'assemblée territoriale camerounaise

Conformément à la loi-cadre de 1956, l'assemblée territoriale du Cameroun élue est appelée à gérer les affaires intérieures du pays et elle tient sa première séance en février 1957. L'élection a eu lieu sans la participation du parti indépendantiste interdit depuis 1955, dans un contexte de guerre ouverte dans le sud ; elle a donc donné la majorité aux candidats « modérés », notamment Ahmadou Ahidjo.

13 fév 1957
29s
Les nouvelles institutions au Togo en 1956 : la transition vers l'indépendance [muet]

Les nouvelles institutions au Togo en 1956 : la transition vers l'indépendance [muet]

[Document muet] Le Togo, territoire sous mandat français de l'ONU, obtient son indépendance en 1956, en marge de la mise en place de la loi-cadre Defferre.

13 fév 1957
03m 27s
Le congrès du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) à Bamako [muet]

Le congrès du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) à Bamako [muet]

[Document muet] À Bamako, au Soudan français, se tient en septembre 1957 le 3e congrès du RDA ( Rassemblement Démocratique Africain) : images de la vie quotidienne à Bamako autour du fleuve Niger, sur un marché, images de danses traditionnelles. Puis plans de la réunion avec, en particulier, un plan du représentant du Sénégal et de Haute-Volta.

06 oct 1957
01m 59s

La visibilité des politiques africains dans les médias français est corrélée à leur rapport de collaboration ou de conflit avec le gouvernement français, comme le souligne le voyage du Général en Afrique à la veille du référendum sur la Communauté. Le responsable guinéen Sékou Touré qui s'est opposé à de Gaulle n'apparaît pas dans le reportage tandis que les dirigeants Tsiranana, Youlou ou Houphouët-Boigny sont mis en évidence auprès du Général.

Vers la Communauté française, voyage du général de Gaulle à Madagascar et en Afrique

Vers la Communauté française, voyage du général de Gaulle à Madagascar et en Afrique

Le reportage présente les étapes du voyage du général de Gaulle réalisé entre le 20 et le 29 août 1958 à Madagascar et dans certains territoires africains afin de préciser le cadre de la Communauté française soumise au référendum.

31 aoû 1958
09m 13s
 Le général de Gaulle en Guinée

Le général de Gaulle en Guinée

Les Actualités françaises présentent l'escale du général de Gaulle à Conakry le 25 août 1958, lors de son voyage en Afrique et à Madagascar, destiné à défendre son projet constitutionnel de la communauté française, avant le référendum du 28 septembre 1958.

aoû 1958
01m 06s

Avec la création de la Communauté en 1958, les chefs de gouvernement des nouveaux États prennent une place prépondérante dans la marche vers les indépendances au détriment des parlementaires.

Le VIe conseil exécutif de la Communauté (partie 1 : rencontre officielle)

Le VIe conseil exécutif de la Communauté (partie 1 : rencontre officielle)

Le service cinématographique présente l'ouverture du VIe conseil exécutif de la Communauté à Saint-Louis du Sénégal le 11 décembre 1959 et la rencontre des chefs de gouvernement des États membres autour du président de la République française et de la Communauté, le général de Gaulle.

14 déc 1959
06m 45s

Au-lendemain des indépendances, les dirigeants africains deviennent alors des partenaires privilégiés de la France. C'est un ballet de chefs d'États africains qui se succèdent alors à Paris entre 1960 et 1962, dans le cadre de la communauté rénovée et selon un protocole précis et répété, avec l'accueil au château de Champs-sur-Marne, les rencontres avec le Général, les interviews, déclarations et visites. Les présidents africains sont invités à se rendre à Paris avant tout autre voyage officiel, donnant ainsi une image d'allégeance diplomatique à l'égard de la France sur la scène internationale, en contrepartie d'un soutien au développement de leur pays et à leur sécurité.

 Une déclaration de Félix Houphouët-Boigny

Une déclaration de Félix Houphouët-Boigny

A Versailles, Le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny prononce un discours sur la coopération avec la France.

08 juin 1961
04m 11s

Le mouvement national algérien

Les acteurs du mouvement de libération nationale algérien n'ont été que peu représentés dans les images animées d'origine française pour des raisons de censure – les photographies sont plus nombreuses, issues du camp adverse tout comme quelques films qui ne peuvent malheureusement être présentés dans cette fresque audiovisuelle. Avant 1954, plusieurs événements auraient pu donner lieu à des images, mais il n'en fut rien, notamment avec la création en 1926 de l'Etoile nord-africaine et en 1945 du MTLD, puis à l'occasion des élections truquées de 1948, qui auraient dû amener une meilleure représentation des indépendantistes dans une Assemblée algérienne encore très inégalitaire.

 Les élections à l'Assemblée algérienne

Les élections à l'Assemblée algérienne

Reportage à Alger à propos des élections des délégués de la première Assemblée algérienne. Des citoyens français, hommes et femmes, ainsi que des notables musulmans votent pour le premier collège. Les autres citoyens de statut musulman votent pour le second collège.

08 avr 1948
41s

Les principaux leaders du mouvement, qu'ils soient attachés au concept d'indépendance (Ferhat Abbas, auteur du Manifeste du Peuple Algérien en 1943) ou au contraire plus proches d'une solution négociée avec la France (Messali Hadj), ne sont que très peu vus dans les médias.

Pendant la guerre d'indépendance (1954-1962), la monstration des nationalistes algériens se fait dans le but de minorer les personnalités responsables du Front de libération nationale (FLN, créé en octobre 1954), très populaires auprès du peuple algérien. Ce sont donc surtout l'arrestation des membres du FLN qui marquent la presse filmée, que ce soit avec l'arraisonnement de l'avion amenant plusieurs leaders du Maroc vers l'Egypte en 1957 ou avec les arrestations de Larbi Ben M'Hidi ou de Yacef Saadi pendant la bataille d'Alger, images prises par le Service cinématographique des armées (SCA) et diffusées à la presse civile.

 Voyage de Mohammed V à Tunis et arrestation des leaders du FLN

Voyage de Mohammed V à Tunis et arrestation des leaders du FLN

Alors qu'une rencontre est programmée à Tunis réunissant le sultan du Maroc Mohammed V, le président tunisien Habib Bourguiba et les dirigeants du FLN, ceux-ci, voyageant dans un avion mis à leur disposition par le sultan du Maroc, sont arrêtés par l'armée française le 22 octobre 1956. Leur avion est détourné vers l'aéroport d'Alger où ils sont arrêtés et ainsi filmés menottes aux poignets.

31 oct 1956
01m 54s
 Arrestation de dirigeants du FLN

Arrestation de dirigeants du FLN

Arrestations par les parachutistes du général Massu de deux membres du FLN pendant l'opération de démantèlement du réseau algérois du FLN dite "bataille d'Alger".

06 mar 1957
32s
 L'arrestation de Yacef Saadi, chef du F.L.N.

L'arrestation de Yacef Saadi, chef du F.L.N.

L'arrestation de Yacef Saadi, chef du FLN à Alger, marque la fin de la bataille d'Alger et la victoire militaire des parachutistes du général Massu sur le mouvement nationaliste algérien.

02 oct 1957
34s

Les responsables de la propagande mettent également en avant la division du mouvement national avec la lutte fratricide entre le FLN et le MNA, qui débouche sur des massacres en Algérie comme celui de Melouza et en France métropolitaine. Cette « guerre » interne sert ainsi à mettre en scène une image de division et à insister sur la barbarie des uns ou des autres, la France se positionnant en arbitre et en « pacificatrice ».

Après le massacre de Melouza, mai 1957 [muet]

Après le massacre de Melouza, mai 1957 [muet]

[Document muet] Le document présente les suites du massacre de Melouza perpétré par le FLN contre la population civile sympathisante du parti nationaliste rival, le MNA de Messali Hadj.

31 mai 1957
14m 04s

Mais ces quelques coups d'éclat ne sont pas représentatifs du traitement du FLN dans les films de propagande, les actualités et les journaux télévisés. Pour l'essentiel, c'est une perspective idéologique qui est employée pour dénoncer les exactions des « hors-la-loi » ou « fellaghas » : loin des « politiques » cités ci-dessus, les « rebelles » sont très peu montrés, et quand ils le sont le spectateur ne peut jamais être sûr que les hommes qui lui sont montrés en sont vraiment. C'est donc une image négative qui est donnée du FLN et de l'ALN à travers des actes horribles de destructions, égorgements, mutilations (qui ont certes existé) : les « rebelles » ne sont pas représentés, contrairement aux idées abstraites qu'ils sont supposés véhiculer dans la population : la peur, la violence, l'insécurité, contre lesquelles l'armée française se bat. Au total, très rares sont les images de combattants de l'ALN – en fait elles n'existent réellement que dans la fiction, à travers quelques films d'instruction de l'armée comme le film Contre-guérilla .

Contre-guérilla

Contre-guérilla

Film d'instruction. Entraînement : accrochage et et réduction de l'adversaire.

04 avr 1957
15m 20s

C'est donc une image étrangement absente que l'Etat et l'armée donnent de l'ennemi, toujours pour la même raison qu'on ne peut pas alors parler d'un ennemi : « il n'y a pas d'ennemi, il n'y a pas front : l'ennemi n'est nulle part et partout » (voir L'armée et le drame algérien).

L'armée et le drame algérien

L'armée et le drame algérien

Film sur l'action anti-subversive et les activités de l'armée au profit des populations en Algérie.

04 fév 1957
14m 49s

Autre élément important, les anciens combattants et les ralliés sont également centraux dans la guerre psychologique, puisqu'ils représentent la volonté de certains Algériens de quitter les leurs pour rejoindre la cause de la France, désavouant ainsi leurs propres congénères.

 Askri - anciens combattants algériens

Askri - anciens combattants algériens

Ce film consacré aux anciens combattants algériens propose une rétrospective des combats les plus importants auxquels ils ont participé lors de la Seconde Guerre mondiale. Il expose ensuite, à travers l'exemple de quelques vétérans, les droits qu'ils ont acquis : licences spéciales pour ouvrir des cafés ; décorations militaires ; pensions de guerre ; dispensaires et centres pour invalides et mutilés ; école militaire pour leurs enfants.

1952
12m 25s