Contre-guérilla
Notice
Film d'instruction. Entraînement : accrochage et et réduction de l'adversaire.
Éclairage
L'instruction des jeunes appelés arrivant en Algérie commence dès les premiers mois en France, et se poursuit en Algérie de manière plus ou moins poussée. Elle intègre pour tous les soldats des éléments techniques et sociologiques de base liés au combat particulier qui se déroule en Algérie. Mais ce sont surtout les officiers qui doivent suivre une formation complémentaire à la « contre-guérilla », pour reprendre le terme de l'époque employé dans le titre de ce film. La guerre subversive et la guerre psychologique (le versant armé de l'action psychologique) font l'objet de cours spécifiques. Le Centre d'instruction de pacification et de contre-guérilla (CIPCG) est créé à Arzew en Algérie en juin 1956 ; il dépend d'abord du 3e bureau (instruction) de l'état-major de la Xe région militaire, puis du 5e bureau (action psychologique) à partir de juillet 1957 ; il vise à former les officiers arrivant en Algérie aux bases de l'action psychologique et de la sociologie musulmane. Par ailleurs au niveau national le Centre d'instruction de guerre psychologique (CIGP), créé en novembre 1954 (donc juste après la guerre d'Indochine qui va servir de modèle à la première phase de la guerre d'Algérie) au sein du Cours supérieur interarmées, est remplacé par le Centre d'instruction interarmées de l'action psychologique (CIIAP) après la mise en place des 5e bureaux mi-1957.
Ce film est une déclinaison des cours sur la contre-guérilla ; il est réalisé avec soin en 1957 par le soldat Philippe de Broca, alors en service au SCA Alger. S'agissant d'un film d'instruction, il n'est pas structuré comme les films de propagande, et ne contient d'ailleurs pas du tout les mêmes éléments. C'est un film de guerre entièrement fictionnel réalisé sur le modèle des films américains, mais qui n'épargne pas le spectateur puisqu'il est supposé connaître la réalité de la situation en Algérie, contrairement aux films de propagande qui visent au contraire à masquer la réalité. En particulier, on voit dans ce film à la fois des morts français et des troupes de l'ALN, ce qui est très rare ; bien que tous ces éléments soient « joués » devant la caméra. Comme le note un carton au début, le film ne peut traiter de toute la contre-guérilla, et n'est qu'un « prologue destiné à vous montrer dans ce genre particulier de combat l'ambiance, la vie du contre-guérillero ». Le but d'une telle séance n'est pas le divertissement : il faut repérer les fautes commises par les personnages (casque non mis, endormissement...), qui fragilisent des opérations de nomadisation, et comprendre les interactions entre les sections et l'état-major, entre le terrain et l'aviation, etc. Le film met en œuvre un vrai scénario, ainsi qu'un suspense quant à l'arrivée des renforts héliportés. Une synthèse finale donne les points non réglementaires, et se termine sur une remarque négative : « en l'absence de camouflage, il est vraiment surprenant que cette embuscade ne se soit pas soldée en définitive par une bonne contre-embuscade ».