Askri - anciens combattants algériens
Notice
Ce film consacré aux anciens combattants algériens propose une rétrospective des combats les plus importants auxquels ils ont participé lors de la Seconde Guerre mondiale. Il expose ensuite, à travers l'exemple de quelques vétérans, les droits qu'ils ont acquis : licences spéciales pour ouvrir des cafés ; décorations militaires ; pensions de guerre ; dispensaires et centres pour invalides et mutilés ; école militaire pour leurs enfants.
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Éclairage
Fonctionnant sous l'égide d'une association créée en 1936 par le maréchal Franchet d'Espérey, « les Amitiés africaines », les Dar el Askri (« Maison du combattant ») servent en même temps à l'entraide militaire envers les anciens combattants algériens (en leur proposant une pension, un emploi réservé ou un logement prioritaire) et à l'image prestigieuse de l'ancien combattant des deux premiers conflits mondiaux au service de la France lors de cours d'instruction civique, de défilés ou par le biais de la propagande comme dans ce film. Après 1945 (voir le sujet des Actualités françaises « Pour nos soldats musulmans » sur les soldats blessés), le rappel du rôle des anciens combattants nord-africains sert à mettre en valeur cet engagement pour la France afin d'endiguer la montée du nationalisme, d'une part, et de favoriser le recrutement pour la guerre d'Indochine, d'autre part. La création des Dar el Askri est donc effective avant la guerre d'Algérie, mais c'est à partir de 1957 (avec le développement de l'action psychologique et des 5e bureaux) que ces foyers se développent au plus près de la population au sein des petites villes et des bleds (il y en aura une centaine) afin de lutter contre le FLN et l'ALN.
Ce court métrage de 12 minutes, dont le titre signifie « Combattant » en arabe, a été réalisé par Philippe Este des Actualités françaises (ici la société de production, et non le titre des actualités filmées) pour le compte du service cinématographique du gouvernement général de l'Algérie. Il est destiné en particulier aux anciens combattants, comme le prouve l'adresse directe au spectateur dès les premières phrases : « Vieux soldat, crois-tu que dans la vie qui s'ouvre devant toi, tout cela [la camaraderie, l'entraide militaire, etc.] t'abandonne ? Loin de là ». S'ensuit la présentation des emplois réservés aux anciens combattants par l'administration française pour « les services rendus à la patrie commune » ; puis, sur des images d'hommes souriants, le rappel de « la peine et la gloire des dures heures de l'armée ». A la douce musique initiale succède alors une musique guerrière accompagnant les images d'archives des campagnes de Tunisie, d'Italie, de France et d'Allemagne, avant le défilé des Champs-Elysées. La question centrale est dès lors la suivante : « Les a-t-on oubliés, ces compagnons de peine et de gloire ? » La réponse est bien sûr négative, et la seconde partie du film, sur fond de musique jazz, montre comment prothèses et pensions sont fournies par l'administration. Le passé glorieux de ces anciens militaires sert en fait à justifier, dans le discours de ce film, le lien indissoluble entre la France (représentée par le président de la République, Vincent Auriol) et l'Algérie, ces grands anciens incarnant la nécessité de rester liés à la France alors que le mouvement indépendantiste algérien monte en puissance depuis 1945. Mêlant souvenir de l'Armée d'Afrique et armée actuelle, le film se termine sur une fantasia tandis que le speaker insiste sur ces hommes qui demeurent « les soldats de la France ». Or ces anciens, dont le texte met en avant le « mouvement commun de loyalisme », et notamment ceux ayant été faits caïds ou bachagas, seront considérés comme des traîtres par les indépendantistes et fréquemment exécutés pendant la guerre d'Algérie.