Ouverture de la conférence de Genève

13 mai 1954
33s
Réf. 00139

Éclairage

La conférence de Genève a pour objectif de régler les conflits d'Asie du Sud-Est : la guerre de Corée d'une part, dans laquelle sont engagés militairement les Etats-Unis ; la guerre d'Indochine d'autre part, opposant la France aux nationalistes vietminh.

La conférence s'ouvre le 26 avril 1954 et débute par la question coréenne, s'ensuivent les pourparlers autour de la résolution de la guerre d'Indochine. Les deux conflits se concluent par un même type de réponse : la partition de la Corée et du Vietnam respectivement selon le 38e et le 17e parallèle avec un territoire sous obédience communiste au Nord et une zone sous influence américaine au Sud.

Le sujet des Actualités cinématographiques françaises concentre son attention sur la table des négociations indochinoises et insiste, par une succession de plans, sur la présence des délégations chinoise, puis soviétique (menée par Molotov que l'on aperçoit très clairement de trois-quart face avec moustaches et lunettes, au centre de la table URSS, avec à sa droite Gromyko), mais aussi cambodgienne, laotienne et vietnamienne. Le commentaire se cale sur le montage rapide de la séquence avant de s'attarder sur les représentants du Vietminh dont la présence fut longtemps sujet de débat au sein de la classe politique française (la droite ne souhaite pas traiter avec l'ennemi, alors que la gauche, et notamment Mendès France, y voit une sortie de conflit possible). Le commentaire insiste sur la nature de l'intervention vietminh lors des discussions, précisant qu'ils ont « énoncé leur contre-proposition », mais sans en donner aucun détail spécifique et alors même qu'à l'écran l'attitude des trois hommes semble figée dans un repli hostile. Les autres délégations sont en effet cadrées moins serrées, ou par des plans en mouvement (panoramique de la délégation soviétique à la délégation cambodgienne), ou encore par des plans dans lesquels les délégués sont en mouvement (parlant, se retournant, écrivant, etc.). Le plan sur le Vietminh est cadré au plus juste, isolant les trois hommes de tout entourage, ils y apparaissent impassibles et n'entrent en mouvement qu'au moment du cut. Cette image trouve d'ailleurs son pendant dans le plan d'ouverture du sujet, focalisé sur la délégation chinoise. Ainsi de manière quasi-subliminale, les Actualités organisent un rapprochement entre la Chine de Mao et la République Démocratique du Vietnam de Ho Chi Minh.

La suite du sujet illustre la chute de Diên Biên Phu (7 mai 1954), survenue à l'heure de l'ouverture du volet indochinois de la conférence de Genève. Cette défaite n'est illustrée que par des plans métropolitains sur les tirages de l'édition spéciale annonçant l'événement aux Français. Ces plans, sans rapport avec la défaite en elle-même, mais seulement avec son écho par voie de presse, sont là pour masquer l'absence totale de documents de première main, les dernières semaines de la bataille s'étant déroulées dans un huis clos absolu, aucune image (photo ou film) n'ayant pu filtrer depuis l'arrêt des évacuations par voie aérienne à la fin mars.

Delphine Robic-Diaz

Transcription

(Musique)
Journaliste
Les journées de Genève ont pris soudain une gravité nouvelle avec l’ouverture des négociations sur l’Indochine. On a vu pour la première fois siéger aux côtés de la Chine et de l’URSS, les délégués du Cambodge, ceux du Laos et ceux du Viêt Nam. On a vu également apparaître, pour la première fois, les délégués du Viêt Minh qui ont énoncé leurs contrepropositions. Ces négociations s’ouvraient à l’heure même où les éditions spéciales annonçaient à la France la chute de Diên Biên Phu, tombée après 57 jours d’une bataille sans merci.