L'armée et le drame algérien

04 février 1957
14m 49s
Réf. 01014

Notice

Résumé :

Film sur l'action anti-subversive et les activités de l'armée au profit des populations en Algérie.

Type de média :
Date de diffusion :
04 février 1957
Lieux :

Éclairage

L'année 1957 correspond au déploiement médiatique le plus fort de l'armée, par différents biais tous contrôlés par le 5e bureau (action psychologique), comme c'est le cas pour le SCA Alger. Ainsi, alors que la bataille d'Alger fait rage, ce film prend le temps de faire une synthèse des « éléments de langage » à rendre publics par rapport aux « événements » d'Algérie, notamment par rapport à la violence des « rebelles », au « quadrillage » et à la « pacification » - autant de termes qui se diffusent dans la presse et sur les écrans.

Réalisé par le SCA Algérie en février 1957, et distribué dans les salles en Algérie, ce film indique dès l'introduction, sur une musique dramatique, que « l'armée française a pour mission essentielle de ramener l'ordre et l'harmonie entre les deux communautés, française et musulmane ». Mais, d'entrée de jeu, le speaker dit que c'est « la peur » contre laquelle il faut lutter, et non un ennemi précis : « les assassins font la loi », et ce « afin d'effacer l'oeuvre de la France ». Assez rapidement apparaissent des séquences fictionnelles, entremêlées d'images documentaires, souvent atroces (égorgements, etc.). A cette situation dramatique répond une musique énergique, sur des images de soldats descendant de bateau : comme le dit candidement le commentaire – preuve d'un marasme politique sans précédent – « Par l'armée, c'est la jeunesse française qui reçoit la mission de résoudre le drame algérien ». Il est hors de question d'indiquer l'ennemi réel (le FLN), et on ne parle que de « cellule terroriste » ; dès lors, comme on l'entend sur un plan de soldat de dos face au djebel, « il n'y a pas de guerre, il n'y a pas de front ; l'ennemi n'est nulle part et partout ». Pour faire face à cette menace diffuse, les soldats font appel à « la ruse », comme on le voit dans une suite de séquences fictionnelles où un groupe d'hommes en burnous réussissent à obtenir des renseignements permettant de remonter une filière, et où la troupe part à la recherche de la cellule du village, dont les membres se rendent sans opposer de résistance. La musique redevient alors douce car « l'atmosphère est changée. L'armée est là, elle protège ». L'armée se montre sous deux jours différents : celui de la guerre, avec la poursuite des « bandes fellaghas », et celui de la paix, avec les travaux donnant du travail aux hommes, les soins, l'école... Les compagnies de hauts-parleurs et tracts (voir ce document) servent à « contre-battre la propagande ennemie ». Cela paie, à en croire les images de rassemblements où une population nombreuse (au premier rang desquels les anciens combattants) assiste au lever du drapeau français. « Faire régner sur cette terre déchirée la paix des cœurs et des âmes, perpétuant ainsi la mission éternelle de la France » : voilà la mission dévolue à ces jeunes militaires français portant dans leurs bras des enfants algériens qui clôturent le film.

Sébastien Denis

Transcription

(Musique)
Journaliste
Dans cette Algérie meurtrie et bouleversée, l’armée française a pour mission essentielle de rétablir l’ordre et l’harmonie entre les deux communautés française et musulmane.
(Musique)
Journaliste
Son ennemi numéro 1, c’est la peur, la peur que la rébellion fait peser sur ces montagnes et sur ces douars par le terrorisme le plus inhumain et le plus barbare. Les assassins font la loi, les rues sont désertes, chacun s’enferme.
(Musique)
Journaliste
Un chef de village avait refusé de quitter son poste, il a eu la gorge tranchée, c’est le premier temps de la subversion. Ensuite, un commissaire politique vient haranguer la population débitant les mensonges fabriqués au Caire et ailleurs ; et procède à la mise en place d’une cellule terroriste comprenant une quinzaine d’individus : un chef de village ; un collecteur d’impôts ; un juge chargé de condamner et d’égorger ceux qui n’obéissent pas ; et un certain nombre de guetteurs armés de fusils de chasse ; dont la mission est de surveiller les allers et venues des uns et des autres et surtout les mouvements des forces de l’ordre. Menacé dans sa vie et dans ses biens, le douar a peur, il obéit au maître de l’heure. Deuxième temps de la subversion, détruire et tuer. Ces exactions sont fréquemment commises par les gens des villages sous menace de la cellule terroriste pour effacer l’œuvre de la France. Si l’individu menacé obéit, son crime le rend passible des sanctions prévues par la loi. De gré ou de force, il est devenu fellaga.
(Musique)
Journaliste
S’il n’obéit pas aux injonctions de la cellule terroriste, il passe entre les mains du juge, et c’est l’égorgement. Mais la France réagit, et d’importants renforts de troupes sont envoyés en Algérie. Par l’armée, c’est la jeunesse française qui reçoit la mission de résoudre le drame algérien.
(Musique)
Journaliste
Par camion, par train, les unités vont couvrir le pays d’un vaste filet protecteur, que l’on a baptisé Quadrillage.
(Musique)
Journaliste
Très rapidement, les troupes s’installent, et des postes sont construits jusque dans les régions les plus reculées.
(Musique)
Journaliste
Il n’y a pas de front, il n’y a pas de guerre, l’ennemi n’est nulle part et partout. Il s’agit d’être présent et de s’attaquer partout où on la trouvera à la cause première du mal, la cellule terroriste. Problème ardu, ses membres sont là dans cette foule anonyme, qui sont-ils ? Comment les trouver ? Il n’y a aucune règle absolue, c’est l’affaire de renseignement, d’astuce et de patience. Voici un exemple, la ruse.
(Musique)
Journaliste
Cette histoire est véridique, trois jeunes soldats français sachant parler arabe se sont fait passer pour des agents de liaison fellaga. S’étant présentés à un musulman suspect, ils ont pu obtenir quelques noms de terroristes.
(Musique)
Journaliste
Le début de la chaîne est amorcé, et ce capitaine, commandant à un poste perdu dans la montagne, pourra ouvrir sa première liste de hors-la-loi.
(Musique)
Journaliste
Rassurés par la présence des troupes, révoltés par les meurtres fellagas et la pression féroce que ceux-ci exercent sur eux ; les Français musulmans, chez qui la notion de justice est plus forte que la peur, viennent à nous. Leurs renseignements arrivent, le capitaine continue à tenir sa liste à jour, de nouveaux noms s’ajoutent avec de nouvelles précisions. Maintenant, nous sommes certains de l’identité des membres de la cellule du village, il faut agir.
(Musique)
Journaliste
Une compagnie ou un escadron se rend au douar, trois sections cernent le village.
(Musique)
Journaliste
Tandis que le capitaine pénètre à l’intérieur avec la quatrième section.
(Musique)
Journaliste
À la population rassemblée, il recommande d’abord de ne pas tenter de fuir. Le village est cerné par la troupe qui ne laissera s’échapper aucun fugitif.
(Musique)
Journaliste
Il procède ensuite à l’arrestation de ceux qui se sont placés hors-la-loi française, les membres de la cellule terroriste.
(Musique)
Journaliste
L’atmosphère est changée, l’armée française est là, elle protège. Les hommes des douars qui ne demandent qu’à vivre en paix viennent ouvertement demander notre aide et notre protection. Les palabres s’engagent à nouveau. On parle, on discute, on se plaint, le contact est repris.
(Musique)
Journaliste
Dans certains villages, des groupes d’autodéfense peuvent être formés ; et des armes distribuées à des volontaires qui assurent ainsi leur propre sécurité contre les menées fellagas.
(Musique)
Journaliste
La peur se dissipe, les craintes des égorgeurs se desserrent.
(Musique)
Journaliste
Dans le même temps, une action militaire est menée contre les bandes régulières. À la destruction des cellules terroristes, c’est-à-dire de l’infrastructure rebelle, se joint celle des bandes fellagas, embuscade tendue sur des points de passage.
(Musique)
Journaliste
Sortie de patrouille, nomadisation de commandos pendant plusieurs jours sont destinées à traquer le fellaga, créer une atmosphère d’insécurité permanente ; découvrir des cachettes de matériels, récupérer armes et munitions.
(Musique)
Journaliste
Puis, suivant les renseignements obtenus, des opérations de plus grande envergure, généralement héliportées sont déclenchées pour anéantir les bandes importantes.
(Musique)
Journaliste
Des régions sous-administrées où la rébellion avait pu s’implanter passent ainsi sous le contrôle de l’armée. Les cellules terroristes démembrées, les bandes dispersées et détruites, l’œuvre de paix peut commencer. Donner du travail à la population en l’aidant à améliorer ses conditions de vie, et en préparant le renouveau économique du pays. L’armée apporte là encore le concours de ses hommes et de ses machines. Des routes nouvelles sont ouvertes dans les régions encore isolées de ses grands axes.
(Musique)
Journaliste
L’eau est canalisée, domptée.
(Musique)
Journaliste
La restauration des sols est de nouveau activement entreprise. Cette piste, véritable artère de vie permettra la réouverture des marchés autrefois interdits par les rebelles. Le médecin est présent et donne gratuitement ses soins à la population que les fellagas cherchaient à isoler de la civilisation. Les écoles sont rouvertes, et c’est l’instituteur militaire qui fait la classe aux petits Français musulmans.
(Musique)
Journaliste
Enfin, sont mis à exécution de vastes programmes de construction de logements pour remplacer les gourbis des bidonvilles.
(Musique)
Journaliste
Ces différentes actions menées par l’armée sont complétées par une action psychologique directe, destinée à contrebattre la propagande adverse. C’est le rôle des compagnies de haut-parleurs qui rétablissent la vérité et font connaître jusque dans les douars les plus reculés les véritables desseins pacifiques de la France.
(Musique)
Journaliste
Partout où l’armée est présente, cette prise de contact recherchée systématiquement à tous les échelons ; et par tous les moyens a permis à la communauté musulmane de reprendre confiance en la France.
(Musique)
Journaliste
En de nombreux endroits, des manifestations spontanées de loyalisme ont sanctionné le succès de l’effort de nos soldats.
(Musique)
Journaliste
Aux autorités représentant la France, la foule musulmane des douars et du djebel, vient apporter la preuve de son ralliement par sa présence innombrable et enthousiaste.
(Musique)
Journaliste
Au premier rang de cette foule, les anciens combattants sont le symbole vivant de l’union franco-musulmane scellée par le sang versé sur les champs de bataille ; pour la sauvegarde de notre civilisation et de notre liberté.
(Musique)
Journaliste
Cette communauté doit se ressouder pour une nouvelle Algérie française plus vivante et plus forte, qui sera l’œuvre de ces 400 000 jeunes soldats venus de l’autre côté de la Méditerranée.
(Musique)
Journaliste
Leur seule présence, leurs visages francs, ouverts et souriants, leur gentillesse, leur réalité française, auront su gagner la victoire sur la peur ; et faire régner sur cette terre déchirée, la paix des cœurs et des âmes perpétuant ainsi la mission éternelle de la France.
(Musique)