L'armée et le drame algérien
Notice
Film sur l'action anti-subversive et les activités de l'armée au profit des populations en Algérie.
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- Armée > Contrôle des populations > Action psychologique et propagande
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Éclairage
L'année 1957 correspond au déploiement médiatique le plus fort de l'armée, par différents biais tous contrôlés par le 5e bureau (action psychologique), comme c'est le cas pour le SCA Alger. Ainsi, alors que la bataille d'Alger fait rage, ce film prend le temps de faire une synthèse des « éléments de langage » à rendre publics par rapport aux « événements » d'Algérie, notamment par rapport à la violence des « rebelles », au « quadrillage » et à la « pacification » - autant de termes qui se diffusent dans la presse et sur les écrans.
Réalisé par le SCA Algérie en février 1957, et distribué dans les salles en Algérie, ce film indique dès l'introduction, sur une musique dramatique, que « l'armée française a pour mission essentielle de ramener l'ordre et l'harmonie entre les deux communautés, française et musulmane ». Mais, d'entrée de jeu, le speaker dit que c'est « la peur » contre laquelle il faut lutter, et non un ennemi précis : « les assassins font la loi », et ce « afin d'effacer l'oeuvre de la France ». Assez rapidement apparaissent des séquences fictionnelles, entremêlées d'images documentaires, souvent atroces (égorgements, etc.). A cette situation dramatique répond une musique énergique, sur des images de soldats descendant de bateau : comme le dit candidement le commentaire – preuve d'un marasme politique sans précédent – « Par l'armée, c'est la jeunesse française qui reçoit la mission de résoudre le drame algérien ». Il est hors de question d'indiquer l'ennemi réel (le FLN), et on ne parle que de « cellule terroriste » ; dès lors, comme on l'entend sur un plan de soldat de dos face au djebel, « il n'y a pas de guerre, il n'y a pas de front ; l'ennemi n'est nulle part et partout ». Pour faire face à cette menace diffuse, les soldats font appel à « la ruse », comme on le voit dans une suite de séquences fictionnelles où un groupe d'hommes en burnous réussissent à obtenir des renseignements permettant de remonter une filière, et où la troupe part à la recherche de la cellule du village, dont les membres se rendent sans opposer de résistance. La musique redevient alors douce car « l'atmosphère est changée. L'armée est là, elle protège ». L'armée se montre sous deux jours différents : celui de la guerre, avec la poursuite des « bandes fellaghas », et celui de la paix, avec les travaux donnant du travail aux hommes, les soins, l'école... Les compagnies de hauts-parleurs et tracts (voir ce document) servent à « contre-battre la propagande ennemie ». Cela paie, à en croire les images de rassemblements où une population nombreuse (au premier rang desquels les anciens combattants) assiste au lever du drapeau français. « Faire régner sur cette terre déchirée la paix des cœurs et des âmes, perpétuant ainsi la mission éternelle de la France » : voilà la mission dévolue à ces jeunes militaires français portant dans leurs bras des enfants algériens qui clôturent le film.