Rénovation d'un ancien monastère datant du Xème siècle
Notice
Monument classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le monastère de Sorde dans le sud des Landes a été redécouvert il y a une quinzaine d'années et a fait l'objet d'un grand chantier de rénovation depuis 4 ans avec les techniques d'autrefois. Il deviendra un lieu de manifestations culturelles. Coût des travaux : 1,5 millions d'euros. Ils dureront encore 4 ans.
Éclairage
Établie sur la rive droite du gave d'Oloron, à un point stratégique, sur la voie romaine reliant Bordeaux à Saragosse, près de l'embranchement vers Lescar, Sorde est un centre important à l'époque romaine. En témoignent l'odonymie qui fournit les lieux-dits Barat de By, altération du gascon Barat de via, "fossé longeant une voie", et un "Chemin de Charlemagne" ; en attestent aussi les substructions de l'imposante villa située sous et devant la maison des abbés et celles qui rappellent un établissement lié au franchissement du fleuve.
Car la vie de Sorde (Sanctus Johannes de Sordua, aux XIe et XIIe siècles) est intimement liée à l'eau ; l'architecture des dépendances de l'abbaye qui comportent un imposant débarcadère pourvu de plusieurs portes permettant d'abriter les embarcations le rappelle, tout comme l'ensemble de cryptoportiques (1) remarquable qui pouvaient servir d'entrepôts pour les marchandises arrivant par la rivière. (2)
En bref, un site exceptionnel composé de plusieurs strates, de l'imposante villa gallo-romaine enchâssée dans l'abbatiale aux imposants bâtiments du XVIIe siècle liés à la vie domestique de l'abbaye, classé partiellement monument historique dès 1909 (3), consacré patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre des chemins de Saint-Jacques, en 1998.
On comprend dès lors les efforts consentis pour sauver de la ruine un tel ensemble. Mais le chantier est de grande ampleur et, compte tenu du caractère spécifique du lieu, il convient de faire appel aux compétences les plus pointues. Compagnons du devoir et ouvriers très spécialisés sont donc seuls habilités à diriger un tel chantier ; seuls capables de respecter le protocole suivi il y a des siècles pour redonner vie à la pierre.
En 2011, voilà donc 9 ans déjà que la Communauté de communes du Pays d'Orthe a lancé un programme pluriannuel de restauration. Il a permis, grâce au concours de l'État, de la Région, de la DRAC et du Département, d'intervenir, en 2007, sur le bâtiment sud-ouest du monastère et de programmer la restauration du logement du Prieur, jadis occupé par Augusta Arrieumerlou, chargée de sensibiliser les visiteurs aux richesses du lieu (4).
En octobre 2010, intervient ensuite la Fondation du Patrimoine qui, grâce au mécénat de la Fondation Total (18 millions d'euros entre 2006 et 2012), engage les travaux concernant l'aile est du monastère. Mais, au-delà de la sauvegarde d'un site majeur, cette réhabilitation prend une dimension sociale importante. En effet, via l'association Le Club du Vieux manoir (5), le chantier engage régulièrement des jeunes en vacances scolaires qui découvrent à la fois l'intérêt des métiers manuels, tant dévalorisés pendant des décennies, et le bonheur de prendre part à une action pérenne tout en acquérant des savoir-faire qu'il est indispensable de transmettre au plus vite.
(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Cryptoportique
(2) http://www.centrecultureldupaysdorthe.com/le-pays-d-orthe/sorde-l-abbaye/
(3) Dans le cadre d'un site naturel classé en 1942.
(4) Empreintes landaises : « L'abbaye de Sorde ».
(5) Placée sous le haut patronage des ministères de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, de l'Environnement et de l'Education, Le Club du Vieux manoir est reconnu d'utilité publique par décret du 8 juillet 1970. Depuis sa création, en 1952, par Maurice Duton, quelque 100 000 jeunes ont participé au sauvetage et à la restauration de 240 monuments dans plus de 40 départements.