Aujourd'hui dans les Landes
Notice
Deux jeunes filles découvrent les Landes. En Chalosse, un Landais leur propose une visite guidée qui les mène de Sorde-l'Abbaye à Saint-Sever. Direction ensuite, le Parc naturel régional des Landes de Gascogne où elles rejoignent un groupe d'amis, pour des balades en bicyclette, cheval et canoë.
Éclairage
La charte du Parc naturel régional des Landes de Gascogne, régulièrement mise à jour, insiste toujours sur l'importance du dialogue entre l'institution et les habitants du territoire. Si cette corrélation est devenue plus officielle au cours des années, sous la forme d'un véritable partenariat économique avec des volontaires adhérant à une politique écologique responsable, une participation naturelle et spontanée de la jeunesse locale existe bien, dès la création de la structure, dans les années 1970.
Malgré la richesse et la diversité d'autres secteurs du département, tout ramène, en ces années-là, au site-phare de Marquèze, au cœur de la Grande Lande, le plus grand écomusée de France, modèle du genre.
L'abbaye de Saint-Sever, classée monument historique en 1911, n'est pas encore inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO et le château de Montréal, au bord des gaves réunis, à Peyrehorade, ne retient pas plus le touriste que l'abbaye d'Arthous toute proche, rénovée pourtant récemment par le Conseil général. Les barthes de l'Adour, en pays d'Orthe, ne font pas encore l'objet de mesures conservatoires et le marais d'Orx est en déshérence.
Cependant, en cette période de transition, la zone concernée par la création du tout nouveau Parc naturel, au nord du département, évolue. Le tropisme de Marquèze fait affluer sur le site une population touristique et locale qui porte à 100 000 le nombre de visiteurs annuels.
Le mode de transport choisi pour accéder à l'airial n'est pas étranger à ce succès et tout le monde apprécie le petit train, exploité jusque là par la VFL (Voies Ferrées des Landes). Fermée au transport du bois en 1965, la ligne qui traverse le site est donc exploitée à nouveau par le parc dès 1969 ; le week-end, l'accès y est même possible alors, depuis Labouheyre, afin de capter une clientèle arrivant par la grande ligne Bordeaux-Hendaye. Une association privée, l'ABAC (Association Bordelaise des Amis du Chemin de Fer) gère d'abord le matériel et exploite la ligne puis, en 1974, le transfert de la concession s'opère vers le parc.
À travers l'image qu'en renvoient les médias, on sent déjà une volonté didactique, une sensibilité écologique de la part des acteurs locaux. Le vélo, avant le développement des pistes cyclables, est déjà présenté ici comme le moyen de transport privilégié pour découvrir le milieu alors que le développement urbain s'accompagne par ailleurs, en France, d'une croissance exponentielle du nombre d'automobiles.
En ce sens, le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, créé en 1976, est un précurseur. Un monde vient de disparaître, il ne faut donc pas l'oublier. L'année où l'étang de Cousseau, en Gironde, est classé "réserve naturelle", l'écrivain gascon de Trensacq, Bernard Manciet, publie La pluja e lo camin de tèrra, tandis que Roger Boussinot, le Girondin, évoque, dans un roman à succès intitulé Vie et mort de Jean Chalosse, moutonnier des Landes l'économie agro-pastorale traditionnelle : deux récits, dans des genres très différents, qui retracent des modes de vie révolus.
Ces années marquent bien un retour à des "ambiances" du passé. L'équitation, au travers d'activités communes, commence à se démocratiser, le canoë permet la découverte du terroir sous un autre angle, comme au temps des radjaires, des "conducteurs de radeaux". Dans la forêt, le déclin du gemmage (472 résiniers en 1977 contre 16 500 en 1950) signe la fin d'un type de paysage concurrencé par la création de grands champs de maïs.
De ces mutations, des espoirs nourris par un environnement porteur - malgré la crise amorcée par le premier choc pétrolier de 1973 - les jeunes discutent au cours de veillées réinventées, loin de la télévision triomphante qui présente, depuis le 1er janvier, ses émissions, en couleurs, sur TF1.