Polémique autour du financement du bateau V and B-Mayenne

Leur département n’est bordé d’aucun littoral, mais les Mayennais n’ont jamais caché leur attrait pour les mers du monde. On compte par exemple l’explorateur François Pyrard au début du XVIIe siècle, le navigateur Alain Gerbault dans la première moitié du XXe siècle. Entre les deux, des dizaines de marchands de toile anonymes, sans compter les nombreux gens de l’Ouest (Anjou, Maine, Poitou, Normandie) partis tenter leur chance en Nouvelle-France aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Par ailleurs, le conseil départemental de la Mayenne s’engage en 2018 dans une démarche d’attractivité destinée à moderniser l’image publique et accroître la visibilité du département. Elle se fixe trois défis : « Terre d’équilibre et de bien-vivre », « Terre d’entrepreneurs et de savoir-faire » et « Terre solidaire et de valeur ». Pour les relever, une marque de territoire a été créée, la marque Mayenne ou M comme Mayenne, destinée à rassembler les associations et entreprises qui se reconnaissent dans la charte de valeurs. Un territoire résolument sportif (voir la vidéo La Mayenne, le département le plus sportif), ne pouvait laisser le sport sur la touche. Ainsi l’Espace Mayenne est-il inauguré en 2021 et accueille la même année l’arrivée d’une étape 100 % mayennaise du Tour de France. Pour porter l’image de la Mayenne au-delà de ses frontières, un accord de sponsorisation est conclu avec Maxime Sorel.

Le skipper trentenaire, natif de Saint-Malo, a débuté la voile sur des monocoques légers, dont le nom du modèle comporte un chiffre : la longueur du bateau mesurée en pieds (un pied vaut 30,5 centimètres). Il choisit d’abord un Multi50 et préfère ensuite un Class40 sponsorisé par l’entreprise mayennaise V&B et sur lequel il remporte la Route du Rhum en 2014 ; en 2018, un démâtage le contraint à l’abandon. À son palmarès s’ajoutent des Transats Jacques Vabre en 2015 et 2017.

Il opte alors pour un Imoca 60, monocoque considéré comme le plus rapide. L’embarcation pèse plus de sept tonnes et demie, mesure 18,3 mètres de long sur 5,50 de large. Elle est dotée d’un mat de 28 mètres et de voiles pouvant atteindre 700 m² de surface quand le vent est favorable. Le modèle de Maxime Sorel a été mis à l’eau en 2007 et a notamment appartenu au Groupe Bel. Il est désormais vert et noir, s’appelle Imoca V and B Mayenne et porte aussi le logo de l’association Vaincre la mucoviscidose, dont le skippeur est parrain national.

L’objectif avoué du partenariat entre le Conseil départemental et le navigateur est clair : participer au Vendée Globe, un tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, organisé tous les quatre ans depuis 1989 et réservé aux Imocas 60. Cet événement sportif est extrêmement populaire dans le monde entier et notamment en France, où il est plus suivi par exemple que le Tour de France ou Roland Garros !

Un an après le reportage, c’est une flotte de 33 monocoques qui prend le départ aux Sables-d'Olonne, le 8 novembre 2020. Au bout de trois jours de course, Maxime Sorel vire en tête au large de l'Espagne. Il est 14e la semaine suivante au moment de franchir l'équateur et passer ainsi dans l'hémisphère sud. Trois semaines plus tard, dans l’océan Indien, il subit une importante avarie : deux de ses voiles d'avant se déchirent. Il doit pour réparer grimper en haut du mat et passer neuf heures à recoudre. Trois semaines plus tard encore, il passe la Saint-Sylvestre au milieu de l'océan Pacifique en compagnie d’un groupe de dauphins. Dans les premiers jours de 2021, le skippeur se fait une grosse frayeur à l’approche du cap Horn : alors qu'il navigue face au vent, le voilier se renverse et subit de nouveau d’importants dégâts.

Le 30 janvier à 4 h 50, après 82 jours, 14 heures et 30 minutes, soit deux jours et demi de plus que Phileas Fogg dans le célèbre roman de Jules Verne, Maxime Sorel boucle son tour du monde. Il accuse près de deux jours et demi de retard sur le vainqueur, Yannick Bestaven, mais également 2 jours d’avance sur le concurrent suivant. Sa 10e place est très honorable pour une première participation, dans une édition difficile marquée par huit abandons. L’Imoca V and B Mayenne, accosté sur les quais à Laval, est ouvert au public pendant la deuxième quinzaine de mars 2021.

Avec l’appui renouvelé de ses sponsors, dont le chocolatier mayennais Monbana, et un bateau rééquipé, Maxime Sorel souhaite retenter sa chance au Vendée Globe 2024. Il fait partie dans le même temps des seize sportifs engagés aux côtés d’une trentaine de communes et du conseil départemental dans le label « Mayenne, Terre de jeu 2024 ».

Sur la politique d’attractivité et la marque Mayenne

• Conseil départemental de la Mayenne, « La Mayenne dans un monde qui change ». Entreprendre la Mayenne : le projet d’attractivité pour la Mayenne de demain, publié sur le site departements.fr, rubrique « Aménagement du territoire », 19 octobre 2018.

Sur le Vendée Globe

• Gregory Fortune, « Vendée Globe : un événement plus suivi que le Tour de France et Roland-Garros », site rtf.fr, publié le 8 novembre 2020.

Sur le partenariat et la prestation de Maxime Sorel

• Rosemary Bertholom et Alix Demaison, « Vendée Globe. En Mayenne, le Département ne regrette pas son investissement », site ouest-france.fr, publié le 14 janvier 2021.
• Gildas Menguy, « Vendée Globe : les cinq temps forts de la course de Maxime Sorel sur VandB – Mayenne », site francebleu.fr édition Mayenne, publié le 29 janvier 2021.
• Germain Treille, « Après le tour du monde à la voile, le navigateur Maxime Sorel fait le tour des collèges mayennais », site francebleu.fr édition Mayenne, publié le 17 février 2021.
• Lucas Vallerie, Max et le souffle du dragon, Laval, V&B Mayenne, 2021.