Renazé : grève des parents d’élèves au CES

Né à Placé en 1925, Henri Houdou a fait toute sa carrière professionnelle dans l’Éducation nationale. Il débute dans le nord de la Mayenne : instituteur adjoint à Pré-en-Pail en 1946, puis directeur de l’école publique de Couptrain en 1952. La suite se déroule dans le sud du département : directeur de l’école publique de Renazé en 1961-1967 et du CEG de Renazé (rue Bourdais) en 1962-1971, puis du CES en 1971, du collège Jean-Rostand de Bazouges en 1974-1980. Parallèlement il s’engage en politique : conseiller municipal à Couptrain en mars 1959, maire de Renazé entre 1965 et 1977. Sous ses mandats, les réalisations municipales sont nombreuses : remembrement, marché de gros de volailles et d’œufs, centre de secours, bulletin municipal, agrandissement du stade, construction d’une gendarmerie, terrain de camping, lotissements, maison de retraite, HLM, parkings, cabines téléphoniques… Durant la même période, il est aussi président du district urbain Saint-Aignan-Renazé, du syndicat d’eau du Craonnais, vice-président de la commission départementale d’équipement (scolaire et sportive), président départemental de la fédération de la Gauche républicaine et socialiste, président de l’US Renazé, responsable de colonies de vacances… Dans les années 1980 et 1990, il s’investit toujours autant dans la MGEN, la MAIF, la Sécurité routière, les retraites de la fonction publique, le Pari socialiste… Henri Houdou est décédé en 2016.

Le CES de Renazé est l’un des premiers ouverts dans le sud du département, après ceux de Château-Gontier (1967) et de Craon (1968), mais avant ceux de Bazouges (1974), de Grez-en-Bouère (1978) et de Cossé-le-Vivien (1984). C’est l’époque de la création des collèges d’enseignement secondaire (CES), des collèges d’enseignement technique (CET) qui remplacent les collèges d’enseignement général (CEG en préfabriqués)… Après le baby-boom, l’enseignement est rénové et se démocratise. Progressivement, la remise des prix cède le pas aux voyages scolaires pour tous. Une autre nouveauté de l’époque, c’est la mixité qui se fait avant 1975. À Renazé, tout ne s’est pas fait à la vitesse souhaitée. En effet, en décembre 1969 M. Houdou démissionne avec ses adjoints à la mairie car les travaux de construction du CES ont un retard important. Aussi, lorsqu’en 1973 un principal est nommé à la place de M. Houdou, qui faisait fonction, c’est la consternation chez les parents d’élèves, chez les enseignants, au conseil municipal…

À la rentrée de septembre 1973, les parents d’élèves du CES décident d’une grève : ils n’enverront pas leurs enfants en classe ! L’hebdomadaire Haut-Anjou du 22 septembre parle de cette action : Lundi matin, il n’y avait plus que quatre élèves sur 400 ! Ce soir-là une assemblée générale extraordinaire des parents d’élèves se réunit. On compte environ 350 personnes ! Les parents d’élèves ont reçu le soutien des professeurs du CES et des parents d’élèves des écoles primaire et maternelle publiques de Renazé. Leur demande est précise : maintien de M. Houdou. Dès le 7 septembre, le conseil municipal de Renazé (sans M. Houdou) sollicite son maintien dans son poste, considérant notamment les efforts entrepris par M. Houdou pour l’implantation et le développement d’un CEG dans la localité depuis 1962, puis ceux fournis pour la construction et la bonne marche du CES depuis 1971. (Il est inscrit depuis 2 ans sur la liste d’aptitude nationale aux fonctions de principal… ). De plus, le poste n’aurait pas été porté vacant dans le Bulletin Officiel de l’Éducation nationale du 21 décembre 1972. La réponse de l’Inspecteur d’Académie en résidence à Laval aux parents d’élèves est cinglante dans le Haut-Anjou du 29 septembre : Vous vous mettez vous-même en infraction au regard de la loi du 28 mars 1882 sur l’obligation scolaire, et du décret du 18 février 1966 relatif au contrôle de la fréquentation et de l’assiduité scolaire. Tout ceci, après avoir rappelé les rouages complexes de l’administration…

D’une durée de 3’56, ce reportage d’Alain Leclerc est diffusé sur Télé Pays de la Loire Le Mans le vendredi 21 septembre 1973. Loin des assemblées générales sûrement bruyantes, nous rencontrons en toute quiétude les principaux acteurs de cette page de l’histoire de Renazé : à priori l’Inspecteur d’Académie de la Mayenne, une famille de parents d’élèves (arguments) et M. Houdou. Quelle tranquillité alors qu’une partie de la ville est en ébullition ! Toujours est-il que, finalement, M. Houdou est resté principal du CES en 1973-1974, puis a participé au lancement du collège Jean-Rostand de Bazouges ! Aussi, la lutte des parents d’élèves du CES de Renazé ne fut pas vaine. Le CES a été nationalisé (alors communal, il devient national) en janvier 1975, il a reçu le nom d’Alfred Jarry vers 1980. Il subit d’importants travaux en 2020-2021 au moment de la célébration de son 50e anniversaire.

• Courrier personnel de M. Houdou en 2008.
• Haut-Anjou et Ouest-France