Le ramassage scolaire en milieu rural

Ce reportage court et rythmé est, en termes journalistiques, un marronnier ! C’est-à-dire un reportage consacré à un événement récurrent et prévisible… la rentrée scolaire. Dans ce type de sujet, on a l’habitude d’accompagner un enfant qui découvre l’école maternelle, l’école primaire ou le collège, d’autres fois ce sont les retrouvailles avec les camarades de l’année précédente. Des reportages nous présenteraient le nouveau directeur ou la nouvelle principale, l’application de telle ou telle réforme. Ici, on nous montre un autre aspect de cette rentrée : le ramassage scolaire en milieu rural. Nous ne suivons pas un petit nouveau, mais un chauffeur et des élèves qui retrouvent une routine mise de côté durant l’été. En effet, le conducteur effectue le même trajet depuis de nombreuses années, la fillette interviewée connaît tout le fonctionnement. Elle pense que le transport scolaire est utile. Elle est la première à monter dans le car le matin et la première à en descendre en fin d’après-midi.

La question des transports scolaires est beaucoup plus importance qu’il n’y paraît. En 1995 comme en 2020, environ 4 millions d’enfants en France empruntent ce type de transport, dont 2 millions en milieu rural. La Mayenne entre bien dans ce cadre : c’est de plus un département où l’habitat est dispersé. Autrefois, des milliers de lieux-dits étaient occupés par des exploitants agricoles, aujourd’hui ils sont souvent habités et transformés en domiciles par ou pour des familles évoluant dans des domaines très variés : artisanat, commerce, industrie, création artistique ou informatique. Les urbains sont attirés par des prix d’achats ou des loyers très bas.

De plus, des compagnies locales ont pu se développer, ici les « Autocars Templier » de Fougerolles-du-Plessis, mais aussi à travers la Mayenne et le temps : les « Transports Martinet », les « Cars Bleus » ou « Escape », pour n’en citer que quelques unes. La démocratisation de l’enseignement et l’augmentation des effectifs d’enfants scolarisés ont naturellement amené la construction de « CES » devenus collèges publics et de collèges privés entre 1965 et 1975. Ensuite, les compagnies ne se sont pas contentées d’assurer des trajets quotidiens, elles ont suivi l’évolution scolaire : voyages de fin d’année, déplacements vers la piscine, vers un musée ou encore voyage linguistique en direction du Royaume-Uni, de l’Espagne ou de l’Allemagne. Entre 2010 et 2015, une entreprise a même été chargée d’aller chercher chaque lundi quelques collégiens de la Seine-Saint-Denis pour qu’ils étudient durant la semaine en Mayenne, puis de les raccompagner chez eux le vendredi après-midi !

L’organisation des transports scolaires a été confiée aux départements entre 1982 et 2017. C’est un sujet à la fois compliqué et épineux. Il faut jongler avec les coûts, les trajets, la durée du ramassage, la sécurité, les susceptibilités… Vers 2004 ou 2005, une réorganisation des circuits de ramassage provoqua de nombreuses réactions négatives pendant plusieurs semaines. À la même époque, l’Éducation nationale laissant aux établissements le choix de travailler le mercredi matin ou la samedi matin, les impératifs budgétaires ont amené le Conseil général de la Mayenne à choisir pour tout le monde le travail du mercredi matin. En 2017, la loi a placé les transports scolaires sous la direction des régions.

Enfin, il ne faut pas mettre de côté la question de la sécurité. Les améliorations dans ce domaine sont progressives. Sans rentrer dans une chronologie détaillée, voici les principales évolutions : réduction du nombre d’élèves dans le car (finis les cars que l’on remplit avec des enfants sur les strapontins ou des enfants debout lorsqu’un autre véhicule était en panne !), obligation de s’asseoir, véhicules équipés de ceintures de sécurité obligatoires pour les enfants (même avant le départ), véhicules équipés d’un éthylotest pour le chauffeur, gilets fluorescents obligatoires dans le car. Ce dernier point est récent, les gendarmes passaient dans les collèges pour expliquer quand, comment et pourquoi enfiler un gilet jaune vers octobre 2018. Après une année complète de manifestations des « gilets jaunes », les gilets fabriqués entre temps ont été distribués aux élèves, mais ils s’étaient transformés en « gilets verts » !

Journal :

• Le Haut-Anjou.

Sites internet :

• francetvinfo.fr
• dico-presse.com
• gart.org