Rachat d'une station service par la mairie de Châtelain
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Pour éviter la disparition de la station service du village, la mairie de Châtelain la rachète, sous l'œil de la caméra. Le maire Robert Cribier explique cette décision par son souci de rendre service à la population, alors que Danielle Marcade, locataire de la station et aussi épicière, juge appréciable de toucher vingt centimes pour chaque litre d'essence vendu.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
05 janv. 1989
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Contexte historique
ParDirecteur de la communication de la Communauté de communes du Pays Château-Gontier
Publication : 01 sept. 2021
89 restera une année révolutionnaire pour la petite commune de Châtelain, 400 habitants, dans le sud mayenne. 1989 bien sûr et une idée généreuse de la part des élus qui décident tout simplement de racheter la station service. 32 ans plus tard, cette situation insolite démontre bien que la désertification du milieu rural est alors amorcée, laissant entrevoir un lent déclin dont certains bourgs ne se relèveront jamais.
Robert Cribier, dont le premier mandat commence le 25 septembre 1974, suite à la démission de Mme Madeleine de la Charrie, sera maire de Châtelain jusqu’en 1995. Dotée d’une personnalité bien trempée, on lui reconnaît volontiers de belles initiatives communales. Si Robert Cribier n’a pas de pétrole, il a des idées et va aisément convaincre son conseil municipal de préempter l’ensemble du bâtiment qui abrite l’épicerie et la pompe à essence. Un vote qui se fera à l’unanimité. En maintenant ainsi ce commerce dans le village, le maire espère éviter le départ d’habitants vers la grande ville voisine, Château-Gontier, distante de seulement 9 km.
Le reportage de FR3 Le Mans est diffusé aux actualités régionales de l’édition de Nantes le 5 janvier 1989. On y voit Robert Cribier signer le chèque du rachat par la municipalité. La station étant jugée comme étant un élément capital de la vie de la cité. Le bénéficiaire de cette acquisition est le Trésor Public et le comptable de cette initiative peu commune la perception de Château-Gontier.
Unique en son genre, la station service de Chatelain est exploitée par une mère de famille de trois enfants. Elle est locataire de la municipalité, laquelle est propriétaire des murs et des pompes. Depuis 1982, comme l’indique le journaliste, la vente de carburant ne s’est jamais avérée rentable mais elle assure un lien, un point de rencontres au cœur du village.
C’est lors de sa séance du 25 novembre 1988 que le conseil municipal décide de sauver le soldat « Esso » et surtout d’accompagner la locataire des lieux. 20 centimes (de franc) lui seront versés par litre de carburant vendu. Est-ce la bonne solution ?
questionne le reporter. Réponse pragmatique du maire : La bonne solution pour moi c’est de rendre service à la population.
Depuis la réouverture, le 7 décembre 88, 71 clients sont passés par la station. Ça n’est pas l’Amérique mais cela prouve que c’était un besoin
souligne Robert Cribier.
Dans cette minuscule station service, l’habitant trouve tout ou presque: dépôt de pain, charcuterie, épicerie… mais les deux activités sont nettement séparées.
A la pompe, le super est vendu 5,04 francs sur lesquels la couverture des frais de gestion s’élève à 6,70 centimes et la TVA à 1,30 centime. 20 centimes reviennent donc à la locataire. Cette dernière, Danielle Marcadé, confie qu’avec l’appoint de la mairie elle va pouvoir payer son électricité. Du 7 au 31 décembre 1988, cela a représenté 800 francs.
Pour Robert Cribier, les petites communes doivent s’organiser et se mobiliser pour maintenir le commerce de proximité face au développement des grandes surfaces, devenues, particulièrement dans les années 90, une nécessité des temps modernes. Châtelain comptait, au moment du reportage, un café-restaurant et une entreprise de transport (scolaire et voyage). Mise hors service en avril 1998, la station-épicerie a définitivement baissé son rideau. Seul subsiste encore le socle de béton qui supportait les pompes à essence. Souvenirs d’un temps où les automates n’étaient pas légion, où les pompistes vous accueillaient tôt le matin et tard le soir.
La France comptait 41.500 stations-service en 1980. Elles sont à peine plus de 10 000 en 2021, dont une petite soixantaine en Mayenne, et chaque année des dizaines d'entre-elles continuent de disparaître. La rentabilité d'une station-service est liée à son débit
et celles qui ont fermé étaient pour l'essentiel des stations de faible volume
, expliquait, en août 2018, à l'AFP, Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C). Châtelain avait eu une démarche noble et courageuse.
Bibliographie
- Mairie de Châtelain
- Les stations-service contraintes de se diversifier pour survivre, AFP, publié le 11 août 2018
Transcription
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