Mines en pays rural

13 octobre 1973
01m 16s
Réf. 00106

Notice

Résumé :

La région autour de Lens présente une diversité de paysages agricoles, champs et prairies qui étaient ceux, ancestraux, avant que les mines ne s'y installent. Le château d'Olhain se cache dans un écrin de verdure : au pied des terrils du 7 de Liévin ou de Pinchonvalles s'étalent les champs de betterave et de blé autour du 4/5 de Méricourt. Le commentaire insiste sur le fait que les habitants sont des ruraux qui le sont resté en mentalité malgré l'installation des mines.

Type de média :
Date de diffusion :
13 octobre 1973
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Ce court extrait est une présentation du contexte agricole et rural du pays minier ; il fait le lien entre le monde rural et le monde minier et industriel.

L'extrait commence autour du château d'Olhain, sur la commune de Fresnicourt-le-Dolmen. Ce château, construit aux XIIIe et XVe siècles, juxtapose un corps de ferme (la basse-cour) et un château fort entouré de douves remarquablement conservées. Il est situé au fond de la vallée d'un affluent de la Lawe, la Brette, qui lui assure l'alimentation de ses douves. L'humidité du fond de cette vallée, dont l'encaissement d'une centaine de mètres dans le bas plateau de l'Artois, est bien visible au tout début du reportage, a motivé son occupation en prés ici consacrés à l'élevage ovin.

La caméra se transporte ensuite sur le plateau lui-même dont la surface est essentiellement céréalière (blé) et légumière (betteraves) et l'élevage plus rare (bovins). Sur un fond de terrils et de chevalements, notamment ceux de la fosse n°7 de Liévin à Avion, des crêtes de Pinchonvalles (terril allongé de la fosse n°6 de Liévin à Angres) ou encore des terrils la fosse n°4-5 de Drocourt à Méricourt, la caméra montre les diverses cultures au premier plan.

Le discours, tout au long du reportage, insiste sur la richesse agricole de ce pays de plaine et bas plateau sédimentaires propices à l'agriculture et coupé de vallées où peut se développer, en raison de l'humidité, un élevage complémentaire. La forte densité en villages de l'Artois, avant même le développement de l'exploitation minière, illustre cette richesse.

Le vieux fond agri-rural est encore présent, selon l'interviewée, dans les mentalités des mineurs qui sont attachés à leur lopin de terre. Celui-ci est d'abord le jardin ouvrier qui entoure, sur les images, les corons de la fosse n°7 de Liévin à Avion. Le jardin joue en effet un rôle essentiel dans le système paternaliste industriel ou minier. Il fait donc en premier lieu le lien avec l'ancienne activité agricole, mais il permet aussi d'assurer un complément alimentaire à la famille du mineur (et offre ainsi un prétexte au patron pour ne pas augmenter les salaires), occupe les heures de loisirs du mineur (et évite ainsi une fréquentation trop assidue du bistro local...) et enfin le responsabilise, en lui donnant une mentalité plus conservatrice, de "propriétaire" rural, censée l'éloigner des tentations socialistes ou syndicales.

Les images finales, représentant un père et ses enfants travaillant la terre au pied des terrils de la fosse 11-19 de Loos-en-Gohelle, montrent que certains ne se contentent pas du jardin accolé à leur cité, mais cultivent au-delà, confirmant les propos de l'interviewée sur l'attachement agricole et rural des populations du Bassin minier.

Simon Edelblutte

Transcription

Journaliste
Nous sommes à proximité immédiate de Lens et cependant, la région est tout à fait différente. Alors là, c’est une chose à laquelle vous tenez beaucoup, c’est de dire et de faire voir que la région lensoise est très diverse. Voici un pays, tel qu’était votre pays avant que les mines ne s’y installent, c’est bien ça ?
Mlle Langlot-Lemaître
Je pense, oui. Je voudrais faire comprendre que les mines sont venues s’installer dans notre région et nous avons, nous sommes restés malgré tout une population de cultivateurs qui donnait des hommes à la mine ; qui donnait des terrains pour qu’on puise, mais nous ne sommes pas un pays absolument neuf. Ce n’est pas une population qui est sortie de terre parce que les mines s’étaient installées. Il y avait une vieille civilisation avant.
Journaliste
Est-ce que l’installation des mines cependant n’a pas changé un peu les mentalités ? Est-ce que les gens qui habitent Noyelles, Sallaumines, [ ] et ailleurs, restent encore des ruraux au fond d’eux-mêmes, je ne pense pas !
Mlle Langlot-Lemaître
Je pense qu’ils sont des ruraux, nous sommes des ruraux. Maman avait connu le temps où tout le monde avait son lopin de terre, tout le monde était attaché à la terre. Et je crois que ceux qui sont partis aux mines parce que ou leur lopin de terre était trop petit ou par goût aussi, malgré tout, ils restent de la terre. Je crois que c’est très important de le comprendre.