Vtt sur les terrils
Notice
Pierre André Boulinguez, éducateur sportif propose des ballades découverte en VTT sur les terrils de Loos-en- Gohelle. Il explique les différents terrains que l'on peut trouver. Comme le terril et en combustion on trouve différentes plantes méditerranéennes, une faune adaptée.
Éclairage
Cette scène constitue un excellent révélateur des transformations récentes du statut symbolique et pratique des terrils, ces monticules constitués par les déchets et les schistes rejetés au cours de l'exploitation du charbon. Longtemps en effet ils ont été représentés comme la quintessence du paysage industriel (les terrils comme pyramides noires) ; ils étaient avant tout liés au travail et à une fonction économique. Ici c'est l'inverse. Le terril est devenu un lieu pour les activités de loisirs (la randonnée en vélo ou à pied) ; on met en avant son intérêt esthétique et surtout écologique, puisqu'il abrite une faune et une flore tout à fait spécifiques.
Pour que ces transformations puissent avoir lieu, il a fallu d'abord qu'évoluent les modes de gestion des terrils. Ils sont ainsi cédés au début des années 2000 par une filiale des Charbonnages de France à l'Établissement public foncier du Nord-Pas-de-Calais, à charge pour celui de les rétrocéder aux collectivités locales. Ils font par ailleurs l'objet d'un important investissement associatif, notamment via l'association "Chaîne des terrils", créée en 1988-1989. Cette dernière, qui se professionnalise peu à peu et obtient le label CPIE (Centre permanent d'initiative pour l'environnement), a son siège sur le site qui est montré dans le reportage, celui de l'ancienne fosse du 11/19 à Loos-en-Gohelle, connue pour posséder les terrils les plus hauts d'Europe (ils culminent à 186 mètres). Cette association, qui emploie l'éducateur sportif que l'on voit dans la séquence, déploie une intense activité pour valoriser les terrils en tant que patrimoine à la fois culturel et naturel (développement du tourisme et des activités de loisirs, sorties pédagogiques, opérations de requalification et d'aménagement) (1).
Plus largement "Chaîne des terrils" contribue, et témoigne en même temps, du changement de regard porté sur ces sites dans un contexte où les préoccupations environnementales se font de plus en plus présentes. On s'est aperçu en effet assez vite que les terrils ne restaient pas les tas de schistes noirs qu'ils étaient à l'origine. Peu à peu ils se végétalisent, constituant à la longue des biotopes tout à fait singuliers. Leur histoire fait en effet qu'ils tranchent par rapport aux terres avoisinantes : ils sont en relief dans des plaines froides et humides ; en raison des roches qui les composent, ils peuvent générer un climat particulier où la température est plus élevée que dans le milieu local. Tout cela explique qu'ils puissent attirer des espèces animales ou végétales rares dans la région. Fruits de l'histoire industrielle, les terrils n'en sont pas moins devenus des éléments de préservation de la biodiversité (2). Ainsi, dès 1982, certains d'entre eux (en l'occurrence le terril de Pinchonvalles, situé à Avion) ont pu faire l'objet d'un arrêté préfectoral de protection de biotope, en raison de la faune singulière qu'ils abritent. De plus en plus, ils sont considérés comme des espaces naturels sensibles qui doivent être conservés, non seulement pour le passé minier qu'ils incarnent mais également pour leur fonction en matière de développement durable.
(1) Ces missions sont présentées sur le site www.chainedesterrils.eu.
(2) Guillaume Lemoine, Nature et espaces industriels : terrils miniers, carrières et sablières, Lille, Editions du Conseil général du Nord, 2005.