La silicose : maladie professionnelle du mineur
Notice
Le volet des "Mémoires de la mine" consacré au corps, fait une large part à la maladie. Maurice Terron, médecin des sociétés de secours minières d'Aniche, explique sur des radiographies les effets de la silicose sur les poumons.
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Éclairage
Le "médecin des mines" est un personnage incontournable des pays noirs. Longtemps directement salarié par les compagnies exploitantes privées, il est devenu un fonctionnaire relevant de l'autorité des Charbonnages de France. Plus largement, l'accès aux soins, à titre gratuit, constitue l'un des avantages accordés aux mineurs en contrepartie de leurs faibles salaires et relève peu ou prou d'une politique d'accompagnement social de type paternaliste qui se prolonge après la nationalisation des Houillères à la Libération.
Ce médecin du travail est avant tout responsable de la santé des mineurs et de leur "employabilité", les déclarant aptes – ou pas – au travail. Sa situation ambiguë (à la fois soignant au service des populations et salarié du "patron") suscite parfois des doutes quant à son impartialité ou à la liberté pleine et entière dont il dispose lorsqu'il s'agit d'établir un lien entre pathologie et conditions de travail. Au cours du XXe siècle, son rôle évolue peu à peu : souvent limité à un suivi médical basique - hors accident grave ou catastrophe - avant 1945, il prend par la suite une dimension plus directement préventive lorsque l'étiologie des maladies professionnelles (le rôle néfaste du plomb et du mercure est reconnu à partir de 1919) se développe et s'affirme, la silicose ne devenant une maladie professionnelle officiellement reconnue qu'en 1946. A la fin de la période d'exploitation massive du charbon, dans les années 1970 et 1980, les médecins des mines sont surtout confrontés au caractère massif du nombre de maladies déclarées, souvent très tardivement au regard de l'exposition prolongée des mineurs et accompagnent de leur mieux les malades.
La silicose est une maladie pulmonaire provoquée par l'inhalation de fines particules de poussière de silice, directement liée à l'exploitation massive du charbon depuis la fin du XVIIIe siècle et dont l'explosion date de l'emploi généralisé de machines d'extraction lourdes (marteaux-piqueurs puis haveuses), a fortiori sans protection ou neutralisation des poussières. Elle se caractérise également par une phase de latence souvent très longue - du moins dans sa forme principale - puisqu'elle ne se déclare qu'après une exposition d'une dizaine d'années au moins, alors même que la maladie couve depuis longtemps. Une fatigue générale puis une difficulté croissante à respirer constituent les premiers symptômes, parfois compliqués par des épisodes chroniques de surinfection bronchique. Cela entraîne une réduction progressive mais irréversible de la capacité pulmonaire, parfois amplifiée par une affection tuberculeuse. L'insuffisance respiratoire ne cesse de s'amplifier, provoquant un sentiment d'étouffement toujours plus fréquent jusqu'à l'agonie, souvent lente et douloureuse.
Le texte par lequel débute cet extrait signale clairement les étapes de cette "épidémie silencieuse" : il rappelle son origine, ses symptômes, ses effets et enfin sa fin inéluctable, dès lors qu'il s'agit d'une pathologie évolutive et incurable. Le diagnostic repose en premier lieu sur la mesure de la capacité respiratoire (spirométrie), mais c'est la radio pulmonaire (massivement utilisée par le Dr Schaffner dans les années 1940 et 1950) qui permet le mieux de suivre les ravages de la maladie, avant que le scanner ne prenne le relais dans les dernières années. Les explications du Dr Terron, étayées par des radiographies particulièrement illustratives, présentent les différentes étapes de la maladie dans un saisissant avant/après accéléré. Au caractère "piqueté" de la première radio succèdent bien vite les masses blanches correspondant à autant de nodules malins, amputant la capacité respiratoire du malade de 40%, puis en totalité lorsque la maladie a fait perdre toute souplesse au diaphragme et a irrémédiablement endommagé l'appareil respiratoire.
La silicose a été la plus grande maladie professionnelle du XXe siècle. On compte encore plusieurs centaines de cas déclarés par an et elle continue à tuer en 2013.