Épouse de mineur silicosé à 100 %
Notice
Philippe Gougler reçoit Casia Szoper femme de mineur silicosé à 100%. Elle est à ses côtés en permanence. Elle raconte sa vie dédiée au bien être de son mari. Désormais c'est elle qui s'occupe l'entretien du jardin. Elle s'est mariée à 18 ans, lui à 22 ans et ils sont restés ensembles malgré la maladie. Paul son mari, pense que des infirmières n'auraient pas fait mieux qu'elle.
Éclairage
Lorsque leur mari arrive à l'âge de la retraite, la vie des femmes de mineur devient celle d'une infirmière, sollicitée jour et nuit par un époux usé par le travail au fond, souvent diminué par la silicose et devenu incapable de faire face aux gestes du quotidien. Le départ de la mine est souvent précédé par une dégradation des aptitudes physiques qui sont pourtant avec l'expérience, la principale source de qualification du mineur. Cette évolution a déjà entraîné une baisse du salaire ou une rétrogradation de catégorie, voire le passage du fond à la surface. Ce processus témoigne déjà d'une certaine dépréciation du mineur qui s'aggrave lorsque se déclare la silicose, maladie qui tue lentement. Une fatigue générale puis une difficulté croissante à respirer constituent les premiers symptômes de la maladie. Cela entraîne une réduction progressive mais irréversible de la capacité pulmonaire. L'insuffisance respiratoire ne cesse de s'amplifier, provoquant un sentiment d'étouffement toujours plus fréquent jusqu'à l'agonie, souvent lente et douloureuse.
L'espace de la maison qui était alors le domaine réservé des épouses doit évoluer pour répondre à cette nouvelle fonction. La maison aux pièces étroites devient un lieu d'enfermement dont elles ne peuvent s'échapper que pour de courtes périodes souvent consacrée aux courses. Ce témoignage poignant montre à la fois l'attachement d'un couple, mais aussi la solitude et la résignation qui pèsent conjointement sur ces fins de vie.
Le quotidien est aussi souvent rythmé par un autre combat que celui de la maladie elle-même : celui de la reconnaissance de la maladie qui conditionne leur pension de veuve. L'officialisation par les autorités médicales permet d'obtenir une rente complémentaire. Elle dépend d'une évaluation du taux de silicose , du pourcentage d'altération pulmonaire par la fibrose. Par étapes, après passage devant les médecins de la Sécurité sociale minière, ce pourcentage qui permet d'augmenter la pension est révisé mais il atteint rarement 100% au moment du décès. La silicose n'est pas forcément la cause directe du décès, or c'est cette indication qui fait foi devant les tribunaux.
Le taux admis par le médecin expert est souvent en deçà de la gravité de la maladie, mais il est coûteux et pénible d'entamer une procédure judiciaire. L'inégalité des pensions est l'un des principaux sujets de conversation et de conflit de cette société des veuves.