Conditions de vie dans un coron de Drocourt
Notice
Visite d'une famille, les Agneret qui habitent un coron dans le quartier de "La parisienne" à Drocourt. Lui, travaille à la cokerie. Ils vivent dans un espace réduit avec 7 enfants, cependant ils ne souhaiteraient pas être logés dans un HLM malgré le confort restreint. Les enfants jouent dans la cour de la maison : à Drocourt, il n'y a pas de terrains de jeu, et pendant les grandes vacances, les enfants jouent dans la rue.
Éclairage
Le reportage est tourné au cours des dernières années d'activité de la mine, au moment où le choc pétrolier incitait à une reprise ponctuelle de la production. A travers le témoignage d'un ménage de mineurs, les Agneret, il montre l'inconfort des corons et la frugalité de la vie des mineurs et de leur famille. Avec leurs sept enfants, les Agneret qui n'ont pas quarante ans ne font pas exception, la fécondité des familles de mineurs est bien plus élevée que la moyenne. Les différences d'âge entre ces enfants paraissent très réduites. L'épouse qui consacre ses journées à ses enfants et à son foyer insiste sur l'absence d'aire de jeu. Le confort de la maison est minimal. On n'y trouve qu'une seule chambre dans laquelle la mère tient à séparer les garçons et les filles pour la nuit. La maison est dépourvue de salle de bain et la toilette se fait dans une cuvette. Il n'y a pas l'eau courante. C'est la corvée d'eau. Chaque coron regroupe une dizaine de logements et des équipement collectifs pour trente familles : une pompe à bras et un four à pain. Élever sept enfants dans ces conditions n'est pas chose facile.
Pourtant selon le mari, cette maison a été difficile à trouver et elle est plus grande que le logement antérieur. Attachés à leur indépendance et à la possibilité pour les enfants de jouer dans les cours de derrière sans avoir à descendre de l'appartement, les Agneret ont refusé un HLM à Douai, alors qu'il aurait été beaucoup plus confortable et spacieux. Cette famille est très attachée à sa maison. L'attachement du mineur à sa maison, le désir d'être chez soi, sont encouragés par le statut du mineur du 14 juin 1946 qui reconnaît aux actifs en charge de famille, pensionnés et retraités le droit au logement gratuit ou à une indemnité assurés par les Houillères (article 23).
L'absence d'aire de jeu pour les enfants les contraint à jouer dans la rue ou à l'arrière des maisons, au milieu du linge qui sèche. On aperçoit des garçons jouant au football dans la rue et d'autres jouant aux billes à l'arrière des maisons, des jeux de pauvres dans un environnement sombre. Le football anime la rue, les femmes sont sur le pas de leur porte et semblent attendre, elles sont sans doute intriguées par les caméras, quelques voitures sont garées. Dans cet univers, le partage des tâches et des jeux entre les garçons et les filles est rigoureux. Ici, aucune petite fille dans la rue, ni à l'arrière des courées. Doit-on conclure que les garçons sont dehors pendant que les filles sont à la maison ?
L'inconfort de l'habitat des mineurs, la vétusté de l'arrière des maisons, le muret est visiblement branlant et fait de bric et de broc, les jardins potagers ne sont pas entretenus, tout donne l'impression d'un abandon dont les enfants sont les premières victimes. Les Houillères, propriétaires des terrains et de l'ensemble des corons dans lesquels elles logent les mineurs depuis plus d'un siècle, sont responsables de cet abandon. La fin du charbon qui est annoncée depuis près de quinze ans n'a pas incité les Houillères à entretenir, ni à rénover ce patrimoine. Les différences entre compagnies en matière de logement sont considérables suivant les périodes et l'habitat minier reste d'une grande variété. Drocourt en tous cas ne parait pas tourné vers l'avenir puisque les enfants y sont sacrifiés.
Il faudra attendre le début des années 1980, pour que ces corons soient rénovés. Sous l'impulsion du maire de la commune de Drocourt, Monsieur André Pouly (maire de 1965 à 1995), se créée la Société anonyme d'économie mixte de Drocourt (SAEMD) dont ce dernier fut également président. Cette société a eu pour vocation dès cette période, la rénovation et ensuite la gestion de l'ancien parc immobilier des Houillères, voué à la destruction par les propriétaires de l'époque. Le fonctionnement de la SAEMD est aujourd'hui (2013) encore en activité.