Entretien de François Mitterrand avec RFO : la décentralisation

01 décembre 1985
02m 05s
Réf. 00218

Notice

Résumé :
Reportage de RFO montrant un extrait d'une émission consacrée à l'Outre-mer. François Mitterrand estime que l'État a contribué à la réussite de la décentralisation Outre-mer, en termes de répartition des compétences autant que de financement.
Type de média :
Date de diffusion :
01 décembre 1985
Source :
FR3 (Collection: RFO hebdo )
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Éclairage

En 1985, à la veille d’un déplacement aux Antilles, le Président évoque la mise en oeuvre de la décentralisation, dans une émission intitulée Face à l’outre-mer.

Les « lois Defferre », du nom du Ministre de l’Intérieur, sont souvent appelées « acte I » de la décentralisation. Si l’histoire de la démocratie locale ne débute pas sous François Mitterrand, ces mesures transformèrent en profondeur l’architecture politico-administrative du pays. La République française, centralisée, a longtemps craint pour son unité nationale et limité le pouvoir régional. La loi du 2 mars 1982 transfère aux collectivités territoriales de nouvelles compétences. Le préfet n’exerce plus de tutelle administrative et financière a priori. L’exécutif départemental et régional, auparavant exercé par un préfet, est désormais détenu par un président désigné au sein d’assemblées élues au suffrage universel. Les subventions octroyées par l’État aux collectivités locales prennent la forme de dotations globales de fonctionnement, d’équipement et de décentralisation. Le Conseil constitutionnel a écarté tout statut particulier pour les collectivités d’outre-mer. Elles disposent des mêmes compétences que les autres, bien qu’existent des organes consultatifs spécifiques, comme le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement. Ces quatre régions (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, auxquelles Mayotte s’est ajoutée en 2011) étant monodépartementales, deux collectivités territoriales se superposent. 

Dans l’extrait du reportage de RFO, François Mitterrand déclare que le transfert des compétences et des moyens est achevé. À cette date, la régionalisation est avancée outre-mer, car les conseillers régionaux y ont déjà été élus au scrutin proportionnel (février 1983), alors que cela n’est prévu que pour mars 1986 sur le continent. En écho aux revendications de certaines collectivités, le Président martèle que la répartition des financements correspond exactement aux compétences transférées, sans diminution de ressources. Pour l’outre-mer, il se dit néanmoins prêt à des ajustements pour répondre au déséquilibre existant par rapport aux autres collectivités françaises. Au cours de sa visite présidentielle, les 4-6 décembre 1985, s’adressant aux Martiniquais et Guadeloupéens, il mentionne le rôle que doit jouer la Communauté européenne dans ce rattrapage. Le statut spécifique de Région ultrapériphérique de l’UE, impliquant dérogations fiscales et aides au développement, leur est reconnu en 1992.
Elodie Salmon

Transcription

Présentatrice
La décentralisation, cela marche plutôt mieux Outre-Mer qu’en métropole, estime François Mitterrand. Ajoutant qu’Outre-Mer, la procédure est intégralement réalisée, transfert des compétences et des moyens.
François Mitterrand
Le transfert des compétences et le transfert des financements est intégralement réalisés. Dans beaucoup de collectivités locales, on répand la rumeur que tel n’est pas le cas. Mais non, non, il existe une commission à l’échelon national qui vérifie, bien entendu. L’État a rétrocédé, après la loi que vous venez de rappeler, en 1982, a rétrocédé un certain nombre de ses compétences, c’est-à-dire à dire de ses pouvoirs, à des collectivités locales, la région et le département. Alors, la région et le département ont reçu ces compétences mais ils voudraient de l’argent aussi. On leur a passé exactement l’argent, les financements correspondants aux compétences comme c’était avant. Donc, ce partage est tout à fait juste et la commission nationale, qui est composée d’une majorité d’élus, et à l’intérieur de ces élus, c’est le hasard des choses, d’une majorité d’opposition politique actuelle, a conclu à l’unanimité que la répartition des financements avait scrupuleusement suivi la répartition des compétences. Seulement vous avez un certain nombre de collectivités locales, régionales ou départementales qui voudraient bien additionner, c’est-à-dire avoir les avantages de la décentralisation et garder les avantages, il y en avait quelques-uns, de la subvention directe. Non, ça, ce n’est pas possible. Qu’en revanche, il y ait un progrès décidé d’une façon nationale pour améliorer la situation d’un certain nombre de collectivités particulièrement en retard, ou qui méritent davantage en raison de l’ampleur des travaux à envisager, c’est parfaitement normal. On peut modifier certaines règles des répartitions. Mais dans l’état actuel des choses, l’État a rempli strictement son devoir.