Voyage surprise de François Mitterrand en Nouvelle Calédonie
19 janvier 1985
05m 14s
Réf. 00065
Notice
Résumé :
Le 17 janvier 1985, le président de la République effectue une visite de douze heures en Nouvelle-Calédonie dont la situation intérieure s’est fortement dégradée. Outre le représentant de l’Etat dans l’archipel, François Mitterrand accompagné de Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur, passe les troupes françaises en revue, rencontre à Nouméa les principaux acteurs politiques calédoniens puis se rend dans l’arrière-pays. Alors que l’opposition entre les indépendantistes et leurs adversaires donne lieu à de nombreuses violences à travers le territoire, le président de la République appelle à l’ordre et au dialogue.
Type de média :
Date de diffusion :
19 janvier 1985
Personnalité(s) :
Éclairage
Suite à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, les indépendantistes kanak ont l’espoir que la revendication d’indépendance qu’ils portent depuis le milieu des années 1970 soit entendue par les autorités françaises. Mais le statut d’autonomie que le secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-Mer Georges Lemoine prépare pour la Nouvelle-Calédonie ne répond pas à leurs attentes. La situation politique du territoire se tend tout au long de l’année 1984 et en novembre, le front d’indépendantiste kanak se transforme en Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) et boycotte l’élection devant permettre l’entrée en vigueur du statut Lemoine.
Alors que les affrontements entre indépendantistes et anti-indépendantistes se multiplient, François Mitterrand nomme Edgard Pisani délégué de la France en Nouvelle-Calédonie et le charge d’y rétablir l’ordre et le dialogue. Puis, le 4 janvier 1985, le délégué présente un plan d’indépendance-association pour la Nouvelle-Calédonie qui a reçu l’aval de l’Elysée mais qui ne convainc ni les indépendantistes ni leurs opposants. Le territoire demeure en proie aux violences. Ainsi, Eloi Machoro, l’homme d’action du FLNKS, organise une action visant à prendre le contrôle de la commune de La Foa. Dans ce contexte, Yves Tual, un jeune homme européen, est tué le 11 janvier 1985, par des indépendantistes, ce qui déclenche des émeutes anti-indépendantistes à Nouméa. Le lendemain, le GIGN engage une opération qui se solde par la mort d’Eloi Machoro et de son second, Marcel Nonnaro. Le même jour, Edgard Pisani déclare l’état d’urgence, une décision qui n’a pas été prise depuis la Guerre d’Algérie et qui est très mal perçue par l’ensemble des politiques calédoniens.
Dans ce contexte très tendu, François Mitterrand se rend pour la première fois en Nouvelle-Calédonie. Ce voyage éclair dans l’archipel témoigne de sa volonté de réaffirmer le rôle de l’Etat et annonce la reprise en main du dossier calédonien par Paris. A son retour, le Président qui estime que les propositions formulées par Edgard Pisani pour le territoire peuvent être amendées en prenant en compte les propositions des acteurs calédoniens, annonce un nouveau statut pour le territoire ainsi que le renforcement de la base militaire de Nouméa destinée à pérenniser les intérêts de la France en Océanie.
Alors que les affrontements entre indépendantistes et anti-indépendantistes se multiplient, François Mitterrand nomme Edgard Pisani délégué de la France en Nouvelle-Calédonie et le charge d’y rétablir l’ordre et le dialogue. Puis, le 4 janvier 1985, le délégué présente un plan d’indépendance-association pour la Nouvelle-Calédonie qui a reçu l’aval de l’Elysée mais qui ne convainc ni les indépendantistes ni leurs opposants. Le territoire demeure en proie aux violences. Ainsi, Eloi Machoro, l’homme d’action du FLNKS, organise une action visant à prendre le contrôle de la commune de La Foa. Dans ce contexte, Yves Tual, un jeune homme européen, est tué le 11 janvier 1985, par des indépendantistes, ce qui déclenche des émeutes anti-indépendantistes à Nouméa. Le lendemain, le GIGN engage une opération qui se solde par la mort d’Eloi Machoro et de son second, Marcel Nonnaro. Le même jour, Edgard Pisani déclare l’état d’urgence, une décision qui n’a pas été prise depuis la Guerre d’Algérie et qui est très mal perçue par l’ensemble des politiques calédoniens.
Dans ce contexte très tendu, François Mitterrand se rend pour la première fois en Nouvelle-Calédonie. Ce voyage éclair dans l’archipel témoigne de sa volonté de réaffirmer le rôle de l’Etat et annonce la reprise en main du dossier calédonien par Paris. A son retour, le Président qui estime que les propositions formulées par Edgard Pisani pour le territoire peuvent être amendées en prenant en compte les propositions des acteurs calédoniens, annonce un nouveau statut pour le territoire ainsi que le renforcement de la base militaire de Nouméa destinée à pérenniser les intérêts de la France en Océanie.
Sarah Mohamed-Gaillard
Transcription
Jean-Jacques Peyraud
Mesdames, Messieurs, bonsoir. Brève rencontre en Nouvelle-Calédonie, la visite surprise de François Mitterrand n’a duré que 12 heures et ne s’est conclue par aucune déclaration spectaculaire. Mais ces 12 heures ont permis au Président de la République de rencontrer toutes les parties en cause dans le débat qui divise ce territoire. François Mitterrand est maintenant dans l’avion qui le ramène à Paris et de Nouméa, notre envoyé spécial Fernand Tavares nous résume les épisodes de cette journée.(Musique)
Fernand Tavares
Les détachements de l’Armée de l’Air, de Terre et de la Marine se sont installés de bonne heure ce matin sur les pistes de l’aéroport de La Tontouta. Les militaires sont issus de toutes les ethnies du territoire, nous sommes déjà au coeur du sujet. Lorsque le DC8 Présidentiel atterrit, il est moins de 9 heures et quart, de Paris à Nouméa, le voyage aura duré plus de 25 heures. C’est le Haut Commissaire Délégué du Gouvernement, Monsieur Pisani qui salue le premier le Chef de l’Etat dont chacun remarque le visage des moments graves.(Bruit)
(Musique)
Fernand Tavares
Monsieur Mitterrand ne prononcera que très peu de mots à l’aéroport. Tous les élus territoriaux, le Président Dick Ukeiwé, le Maire de Nouméa, Le Député Jacques Lafleur et Rock Pidjot sont venus accueillir le Président. Et puis, comme le veut la coutume, c’est l’offrande des colliers de fleurs mais l’heure, on le sent, n’est pas à la fête. En montant dans l’hélicoptère qui doit le conduire à Nouméa, Monsieur Mitterrand dira à Edgard Pisani, "il est temps de partir là-bas car on doit nous attendre". Là-bas c’est le Haut Commissariat où de nombreuses délégations vont exprimer leurs propositions, leurs convictions, leurs espoirs. Avant de se poser, le Président de la République peut apercevoir une foule tricolore acclamant la France ou plus exactement La Nouvelle-Calédonie Française.(Bruit)
Fernand Tavares
Alors que depuis une heure, les entretiens entre le Président de la République et les différentes autorités de la ville et du territoire ont commencé juste derrière moi, au Haut Commissariat ; des milliers de Nouméens se sont réunis ici, Place des Cocotiers, à l’appel du Maire Monsieur Laroque. Actuellement, la situation est calme et comme vous le voyez, Nouméa est pavoisé de Bleu Blanc Rouge. Les Nouméens veulent ainsi dire que Nouméa doit rester Français.(Bruit)
Fernand Tavares
Pendant plus de quatre heures non stop, le Chef de l’État entendra tour à tour les forces vives du territoire, qu’elles soient politiques ou sociales, économiques ou culturelles, représentant des communautés Mélanésiennes Européennes, Tahitiennes ou Wallisiennes. Les chefs coutumiers de très nombreuses tribus viendront également en délégation. Tous diront que François Mitterrand a beaucoup écouté et questionné. Visiblement, il voulait entendre chacun de vive voix pour se faire sa propre opinion. Si les idées exprimées n’ont rien apporté de nouveau qu’on ne sache déjà, tous ont dit leur satisfaction d’avoir pu rencontrer ici le Président de la République.(Bruit)