François Mitterrand teste «l'homme du passif » à Bordeaux
24 mars 1981
01m 41s
Réf. 00277
Notice
Résumé :
En campagne pour l'élection présidentielle de 1981, qui l'oppose à nouveau à Valéry Giscard d'Estaing, le candidat François Mitterrand teste lors d'un meeting à Bordeaux sa formule à l'encontre du président sortant : « l'homme du passif ».
Avec l’aimable autorisation de la Fondation Jean-Jaurès.
Avec l’aimable autorisation de la Fondation Jean-Jaurès.
Type de média :
Date de diffusion :
24 mars 1981
Source :
Fondation Jean-Jaurès
(Collection:
Institut Jean Jaurès
)
Personnalité(s) :
Éclairage
Dans cet enregistrement issu d'un discours de meeting par François Mitterrand à Bordeaux, pour l'élection présidentielle, celui-ci se met dans la situation de son accès au pouvoir au terme de la campagne le 10 mai 1981. Il attaque durement le bilan de la droite au pouvoir, en particulier sur le plan social. Pour la première fois, semble-t-il, il utilise la formule de « l'homme du passif » pour qualifier Valéry Giscard d'Estaing. Celle-ci sera réemployée lors du débat d'entre-deux-tours et marquera les esprits, répondant notamment à la formule de Valéry Giscard d'Estaing lors du débat présidentiel de 1974, opposant déjà les deux hommes, où le maire de Chamalières avait parlé de François Mitterrand comme « l'homme du passé ». Cet extrait est aussi une bonne – et rare – occasion d'apprécier le talent d'orateur de celui qui a marqué les esprits par sa capacité à soulever les foules en meeting.
Depuis novembre 1980, François Mitterrand est candidat pour la troisième fois à l'élection présidentielle. Après sa défaite face à Valéry Giscard d'Estaing en 1974, François Mitterrand qui dirige le Parti socialiste depuis 1971, a dû faire face à des oppositions internes, notamment du CERES et de Michel Rocard. Celui-ci, mieux placé dans les sondages, ne parvient toutefois pas à obtenir le soutien de la majorité du Parti.
Alors que les débuts de sa campagne sont difficiles et que Valéry Giscard d'Estaing reste loin devant dans les enquêtes d'opinion, à partir de janvier 1981 les sondages se resserrent et François Mitterrand paraît pouvoir gagner lors de ce meeting à Bordeaux le 24 mars 1981. Il se place ainsi dans l'éventualité d'une victoire le 10 mai et présente longuement ses actions économiques et sociales qu'il prendra alors.
Le Parti socialiste souffrant d'un stigmate d'incompétence au sein de la société a cherché à se forger au cours des années 1970 l'image d'une expertise dans ce domaine. François Mitterrand s'étend ainsi longuement dans ce discours sur les mesures économiques de relance qui seront prises avec le PS au pouvoir. Il utilise d'ailleurs ici le terme de « l'autre politique », du nom du slogan utilisé dans les affiches qui le présentent aux côtés des principaux experts du PS.
Source : Meeting de François Mitterrand à Bordeaux du 24 mars 1981 © 1981 Fondation Jean-Jaurès. Avec l’aimable autorisation de la Fondation Jean-Jaurès.
Depuis novembre 1980, François Mitterrand est candidat pour la troisième fois à l'élection présidentielle. Après sa défaite face à Valéry Giscard d'Estaing en 1974, François Mitterrand qui dirige le Parti socialiste depuis 1971, a dû faire face à des oppositions internes, notamment du CERES et de Michel Rocard. Celui-ci, mieux placé dans les sondages, ne parvient toutefois pas à obtenir le soutien de la majorité du Parti.
Alors que les débuts de sa campagne sont difficiles et que Valéry Giscard d'Estaing reste loin devant dans les enquêtes d'opinion, à partir de janvier 1981 les sondages se resserrent et François Mitterrand paraît pouvoir gagner lors de ce meeting à Bordeaux le 24 mars 1981. Il se place ainsi dans l'éventualité d'une victoire le 10 mai et présente longuement ses actions économiques et sociales qu'il prendra alors.
Le Parti socialiste souffrant d'un stigmate d'incompétence au sein de la société a cherché à se forger au cours des années 1970 l'image d'une expertise dans ce domaine. François Mitterrand s'étend ainsi longuement dans ce discours sur les mesures économiques de relance qui seront prises avec le PS au pouvoir. Il utilise d'ailleurs ici le terme de « l'autre politique », du nom du slogan utilisé dans les affiches qui le présentent aux côtés des principaux experts du PS.
Source : Meeting de François Mitterrand à Bordeaux du 24 mars 1981 © 1981 Fondation Jean-Jaurès. Avec l’aimable autorisation de la Fondation Jean-Jaurès.
Pierre-Emmanuel Guigo
Transcription
François Mitterrand
Voilà l'héritage, voilà le bilan ! Et lorsque l'on me dit, mais votre programme, votre action risque de coûter cher, je dis : cela coûterait déjà beaucoup moins cher si vous ne me laissiez pas cette situation endettée, si je n'avais pas à assumer votre passif. Sans prétendre à l'allitération, ou à imiter les mots d'hier, oui je dois en votre nom combattre aujourd'hui le candidat sortant, l'homme du passif. Oui l'homme du passif ! Dans la mesure où il incarne une politique, quels qu'aient été ceux qui l'aient conduite à ses côtés, d'abord Jacques Chirac, ensuite Raymond Barre, c'est la même politique. Et lorsqu'on se retourne vers moi pour me dire, comme cela fut fait récemment, devant un poste de télévision : voilà depuis 1965, vous êtes candidat, vous représentez la gauche, on vous a vu depuis peut-être trop longtemps ! Lorsqu'on me dit cela, et que je constate que l'homme qui se trouve aujourd'hui encore, et pour quelques semaines, à la tête de l'Etat, est le maître de notre économie et de nos finances depuis plus de 19 ans, je dis : il est bien temps d'inaugurer une autre politique.(Applaudissements)