Sommet franco-africain de Biarritz

08 novembre 1994
01m 44s
Réf. 00081

Notice

Résumé :
Ouverture aujourd'hui du dix-huitième sommet franco-africain à Biarritz, dans un contexte très tendu après les événements survenus au Rwanda.
Date de diffusion :
08 novembre 1994
Source :
Antenne 2 (Collection: Midi 2 )

Éclairage

Le sommet franco-africain de Biarritz réuni le 7 et 8 novembre 1994 résume à lui seul toute la complexité de la relation « France-Afrique » si singulière et controversée. Dix-huitième édition des « grandes réunions de famille » qui depuis 1973 rassemblent autour du président français une quarantaine de chefs d’Etat africains,  le sommet de Biarritz est aussi le dernier auquel assiste François Mitterrand.

L’heure est au bilan mais elle tombe au pire moment des relations franco-africaines depuis les indépendances. Le génocide du Rwanda qui s’est déroulé entre avril et juillet de la même année pèse lourdement sur cette nouvelle rencontre. Dès l’ouverture du journal télévisé, Daniel Bilalian signale l’absence du Rwanda non invité en raison de « ses positions anti-françaises ». Depuis quelques mois, les nouveaux dirigeants rwandais, le pasteur Bizimungu (que les journalistes ne nomment à aucun moment) porté au pouvoir par les Forces populaires rwandaises (FPR) et leur chef tutsi, Paul Kagame, nouvel homme fort du Rwanda qui a combattu le régime hutu, dénoncent l’implication de la France dans le génocide des Tutsis et des Hutus modérés qui a entraîné la mort de 800 000 personnes. Ils accusent les forces françaises d’avoir soutenu les combattants hutus lors de l’opération « Turquoise », intervention militaire menée par la France avec l’aval de l’ONU entre le 22  juin et 22 août. Destinée officiellement à protéger les populations civiles contre les massacres, l’opération fut menée à partir du Zaïre, d’où le retour en grâce du dictateur Mobutu, écarté un temps des rencontres franco-africaines, à l’instar d’autres chefs autoritaires réhabilités comme le président du Togo, Gnassingbé Eyadema.

La déclaration de François Mitterrand au sommet de La Baule en 1990 conditionnant l’aide économique et financière de la France à l’évolution démocratique des pays africains n’a guère été entendue, comme le suggèrent également les images du reportage, montrant le président se promenant sur la plage aux côtés d’Omar Bongo, président du Gabon depuis 1967. Pour l’heure, rien n’a changé et de nombreuses critiques s’élèvent contre le président socialiste. Ces critiques viennent tant du gouvernement - on est alors sous la seconde cohabitation, le premier ministre Edouard Balladur est assis aux côtés du président durant son intervention - que de l’opinion publique internationale : les ONG ont organisé un contre-sommet à Biarritz en marge de la conférence.

Contesté de toute part, François Mitterrand défend sa ligne politique dans un discours, son « testament africain », dont le reportage diffuse un extrait. Visiblement éprouvé par la maladie, le chef de l’Etat adresse un message d’adieu aux accents très gaulliens qui se veut aussi un message d’espoir sur l’avenir de l’Afrique : la France doit rester présente et fidèle à ses engagements auprès des peuples africains. Une position assumée, depuis, par tous les présidents, de droite comme de gauche.
Agnès Tachin

Transcription

Présentateur
L’actualité internationale maintenant avec l’ouverture du Sommet Franco-africain à Biarritz ce matin. Un absent, le Rwanda, pour ses positions anti-françaises ces derniers mois. Un grand présent, contesté d’ailleurs, le Président du Zaïre, Monsieur Mobutu, Philippe Harrouard, Gérard Delmau, reportage.
Philippe Harrouard
La charmante ville de Biarritz sur la côte basque, révélée par Napoléon III et l’Impératrice Eugénie, abrite ce matin la grande famille franco-africaine. Sur la photo traditionnelle, la dernière avec François Mitterrand, on retrouve le Maréchal Président Mobutu du Zaïre, écarté un temps pour manque de démocratie, mais qui s’est un peu rattrapé depuis et que l’on remercie pour son aide dans l’opération Turquoise au Rwanda. Le Rwanda n’a pas été invité à Biarritz, ce qui étonne, car les problèmes de sécurité en Afrique sont au centre des discussions. Autres sujets abordés, la démocratie, il faut la consolider dans tous les pays, même ceux qui traînent le pied. Et puis l’économie, elle est sinistrée en Afrique, mais la France, comme le monde, ont intérêt à l’aider à redémarrer. Et François Mitterrand pense à l’avenir, une sorte de testament.
François Mitterrand
J’en appelle à ceux qui auront après moi la charge des affaires du pays. La France ne serait plus tout à fait elle-même aux yeux du monde si elle renonçait à être présente en Afrique aux côtés des Africains pour être à côté d’eux, oui tout simplement, contribuer à construire un cadre de paix, de démocratie, de développement pour réussir ensemble une grande aventure humaine.
Philippe Harrouard
On a beaucoup critiqué ces temps-ci la politique africaine de la France avec notamment l’argument que Paris a soutenu des Chefs d’Etats corrompus. Alors l’Élysée et Matignon répliquent, non, la France n’a jamais abandonné les Africains à leur sort, on l’a vu notamment avec le Rwanda. Et oui, Paris a toujours aidé l’Afrique à bâtir sa démocratie et à restaurer son économie.