Mitterrand parle d'Europe à Millau

28 février 1979
01m 32s
Réf. 00082

Notice

Résumé :
En déplacement à Millau à quelques mois des élections européennes, le premier secrétaire du parti socialiste explicite le positionnement pro-européen de son parti.
Date de diffusion :
28 février 1979
Source :
FR3 (Collection: JT Toulouse )
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

En déplacement à Millau, le premier secrétaire du parti socialiste François Mitterrand parle d'Europe. En juin 1979 auront en effet lieu les premières élections au suffrage universel du Parlement européen.

François Mitterrand explique que le parti socialiste est engagé en faveur de la construction européenne, qu'il considère comme essentielle à la naissance d'un troisième pôle dans un monde encore largement bipolaire et dominé par les États-Unis et l'URSS, mais qui sera essentielle également lorsque l'émergence d'autres puissances - il cite ici le Japon et la Chine - auront rendu le monde multipolaire.

Toutefois, il distingue l'engagement pro-européen du parti et de son premier secrétaire d'une communauté de vues avec les autres partis pro-européens, au premier rang desquels l'UDF du président de la République Valéry Giscard d'Estaing. Alors que le RPR de Jacques Chirac, autre formation de la majorité parlementaire de droite, s'inscrit de plus en plus dans un positionnement eurosceptique, certains éditorialistes imaginent en effet une possible recomposition politique qui verrait s'allier UDF et PS au nom de leur convergence européenne.

François Mitterrand rappelle que si le PS est pro-européen et qu'il accepte les institutions européennes telle qu'elles ont été établies par le traité de Rome en 1957, de la même façon qu'il accepte en France les institutions de la Ve République qu'il avait combattues, il n'en porte pas moins un projet politique différent, pour la France comme pour l'Europe.
Vincent Duchaussoy

Transcription

François Mitterrand
Enfin, ce qu’il faut bâtir, c’est l’Europe indépendante. Ce qu’il faut tenter de construire, c’est un moyen de disposer d’une force commune, économique, industrielle, sociale, commerciale, technique, capable de résister aux puissances des deux super grands, qui se trouvent en concurrence sur le sol de notre Europe. Je veux dire, la Russie soviétique et les Etats-Unis d’Amérique en attendant que d’autres, le Japon déjà, la Chine peut-être, ne deviennent de nouveaux pays leaders. Les Socialistes sont franchement européens, mais pas pour n’importe quelle Europe, c’est là que la discussion devient intéressante. Des journalistes un peu malins nous disent, mais alors, le RPR et le Parti Communiste sont contre l’Europe, vous êtes pour, comme Monsieur Giscard d’Estaing, est-ce qu’on va donc assister à une sorte de rapprochement de l’UDF et du Parti Socialiste tandis que... Qu’est ce que ça veut dire ? Tous les partis français, en dépit de leur dénégations, acceptent les institutions de l’Europe, personne ne demande d’en sortir. Nous serons demain, nous, Socialistes dans l’Assemblée européenne, comme nous sommes dans le Parlement français avec le RPR, avec l’UDF, avec les Communistes. Et ce n’est pas parce que nous acceptons de travailler dans le cadre d’institutions qui ne nous plaisent guère, la constitution de la Cinquième République, moi j’ai voté contre. Ça n’empêche pas que je suis au Parlement, et que je discute avec les autres au sein de ce Parlement.