Les pavillons bleus des plages vendéennes

29 juin 1994
03m 02s
Réf. 00595

Notice

Résumé :
Les pavillons bleus européens, gages de qualités, viennent d'être attribués à certaines plages de la côte vendéennes. Après l'avoir perdu il y a deux ans, La Faute-sur-Mer récupère son drapeau, tandis que La Tranche-sur-Mer perd le sien, malgré des efforts sur l'assainissement. Bons pour l'image des stations, ces labels restent toutefois sans réelle conséquence, les estivants n'en faisant pas cas.
Date de diffusion :
29 juin 1994
Source :

Éclairage

En France, la mode des bains de mer est venue d’Angleterre dans les années 1820. Elle a d’abord touché quelques sites côtiers dont l’attrait tenait autant à la beauté ou au pittoresque de leur paysage qu’à leur accessibilité. C’est ainsi que Les Sables-d’Olonne a gagné son statut de station balnéaire de la Vendée, dans les années 1860, grâce au chemin de fer, à ses plages et au pittoresque de son urbanisme portuaire. Les années 1960, en démocratisant l’automobile, ont popularisé les vacances à la plage et entraîné la reconversion balnéaire de la majeure partie du littoral vendéen et des îles. En plus du triptyque agriculture-conchyliculture-pêche, une guirlande de bourgs et de villages côtiers s’est alors initiée à une nouvelle économie. En Vendée, les modalités de développement balnéaire ont donc été très variables. Ainsi, des opérations planifiées d’urbanisme ont transformé de fond en comble la côte de Monts tandis que l’attrait pour les plages du sud Vendée a entraîné un développement moins coordonné.
Dans les années 1980, la montée des préoccupations environnementales a décidé de la création d’un label qualitatif, à l’échelle nationale : le Pavillon Bleu (1985). Son attribution annuelle était à l’origine soumise à la qualité des seules eaux de baignade. Il s’agissait tout à la fois d’offrir un guide aux vacanciers et de stimuler l’investissement des territoires littoraux en direction du traitement des eaux usées, qui étaient alors souvent déversées sans précaution dans la mer. En 1986, d’initiative française, le Pavillon Bleu devenait un label européen, dont le champ d’application s’étendait désormais aux ports de plaisance. En 1992, l’évaluation qualitative des plages, devenue initiative interministérielle (Equipement, Transports et Tourisme, Affaires Sociales et Santé, Ville), s’affirmait comme un objectif complexe à atteindre pour les stations balnéaires, puisque la gestion des déchets, la qualité des équipements tels que douches, stationnements, postes de secours, ainsi que les actions d’éducation à l’environnement entraient désormais dans les critères évalués.
En 1994, les stations vendéennes se sont donc trouvées confrontées à l’obligation de franchir un saut qualitatif. Résultat, après l'avoir perdu en 1992, La Faute-sur-Mer récupérait son label, grâce à la rénovation de son centre-bourg et à l’installation de douches sur ses plages. De son côté, La Tranche-sur-Mer perdait le sien, en dépit d’efforts sur l'assainissement. Posée en Vendée, mais aussi à l’échelle nationale, la question des procédures de consultation des élus a amené  l’Association des Maires de France à intégrer la commission des Pavillons Bleus dès 1994. Bons pour l'image des stations, ces labels restaient toutefois sans réelle conséquence sur la fréquentation des estivants interviewés, qui n'y faisaient pas vraiment attention au milieu des années 1990. Pourtant, ce label s’est imposé avec le temps, si bien qu’il concerne aujourd’hui en France 150 communes (389 plages) et 94 ports de plaisance. C’est devenu un critère de choix très regardé par les estivants.
Thierry Sauzeau

Transcription

Présentateur
Il y a 15 jours, la Fondation pour l’Éducation à l’Environnement en Europe a publié son palmarès 94. Dans notre région, trois communes ont perdu le très convoité pavillon bleu, deux l’obtiennent ou le récupèrent. Sur quels critères se font ces attributions ? Les estivants en tiennent-ils compte ? L’enquête de Marie-Christine Dupé et Joël Lépine.
Marie-Christine Dupé
Le voilà, le fameux pavillon bleu d’Europe, objet de toutes les convoitises. Depuis maintenant dix ans que ce label est décerné, les communes du littoral sont chaque année plus nombreuses à lui faire les yeux doux, et cela, en dépit de critères de plus en plus pointus. La qualité des eaux de baignade en est un, certes, mais aussi les réseaux d’assainissement, les actions d’éducation à l’environnement, l’urbanisme, la gestion des déchets, etc. Parmi les lauréats 94, la Faute-sur-Mer, qui affiche déjà fièrement son succès.
Pierre Violleau
Le pavillon bleu, c’est un plus. Je crois qu’on le voit partout sur les plages d’Europe, c’est un plus qu'il nous fallait absolument puisque nous sommes en pleine évolution dans cette commune et nous tenions à apporter ce plus.
Marie-Christine Dupé
Avec 2500 maisons, 9 campings et une population qui passe de 900 à 40 000 l’été, La Faute est soucieuse de son image. Dernier aménagement en date, son centre bourg. Jusqu’en 91, elle figurait régulièrement au palmarès, puis surprise, il y a deux ans, plus de pavillon bleu, elle a même dû réclamer des explications.
Pierre Violleau
Deux mois plus tard, on nous a dit que c’était parce qu’il y avait une zone de mitage au Havre et qui était une ZAC qui est restée sans construction pour l’instant au fond de la commune. Et puis, on nous a aussi accusés de ne pas avoir de douches sur la plage, mais justement, c’est cette année-là qu’on les a installées.
Marie-Christine Dupé
C’est un peu la même chose qui arrive cette année à La Tranche-sur-Mer, la commune perd son pavillon alors qu’elle vient précisément d’investir près de 8 millions de Francs dans une deuxième unité de traitement des eaux. En fait, la fondation invoque deux motifs, problème d’urbanisme au regard de la Loi Littoral et problème de réseau d’assainissement. Pourtant, les nénuphars semblent bien apprécier l’eau du canal où s’effectuent les rejets de la station.
François Denis
Alors, on nous dit que la station d’épuration a été, n’est plus performante, ce qui est complètement faux. Nous avons tous les rapports qui prouvent le contraire.
Marie-Christine Dupé
Est-ce qu’il y a un contact entre la commune et la commission qui délivre ce label ?
François Denis
Absolument aucun, aucun contact. Nous avons rempli un dossier en cochant des petites cases, à part ça, rien.
Marie-Christine Dupé
Une situation a priori dommageable pour l’image de marque d’une commune, encore que la fréquentation touristique ne semble pas réellement fluctuer au gré des pavillons bleus. D’ailleurs, et les estivants, ils en pensent quoi, eux ?
Inconnu 1
Le drapeau bleu, connaît pas, non, c’est quoi ça ?
Inconnue
Je ne savais même pas qu’il y avait un, voilà,
Inconnu 2
Je n’ai pas regardé si le pavillon bleu flottait, mais nous nous plaisons bien ici.
Marie-Christine Dupé
Pavillon bleu ou pas, les touristes arrivent en tout cas dans le Sud-Ouest vendéen. Pour 95, les élus du littoral devraient se concerter avant de postuler à nouveau à ce label européen.