Hausse du niveau de la mer

22 octobre 2008
03m 29s
Réf. 00233

Notice

Résumé :
La hausse du niveau de la mer est perceptible en Vendée. Elle gagne régulièrement sur les dunes, comme à la Tranche-sur-Mer où des travaux de renforcement sont menés. A La Faute-sur-Mer, le plan de prévention imposé par l'Etat est mal accepté par le maire René Maratier qui suggère d'élever les maisons pour faire face aux éventuelles submersions. Par précaution, la digue est en cours de rénovation.
Date de diffusion :
22 octobre 2008
Source :

Éclairage

La mer monte d'année en année, ce qui a des conséquences sur l’évolution du trait de côte, notamment là où dominent les plages et leurs dunes. Depuis les années 1970, le suivi réalisé à l’aide des marégraphes sur les côtes du Centre-ouest français indique que le rythme d’élévation de la mer est de + 3 mm / an. Les géologues estiment qu’une élévation de + 1 cm entraîne en moyenne le recul d’un mètre de dunes. L’érosion est devenu un phénomène avec lequel il va falloir compter, même si elle n’est pas linéaire dans le temps. Elle connaît des accélérations, quand les hivers sont tempétueux. En décembre 2006, c’est précisément ce que constatent avec stupéfaction les riverains, venus observer 4 mètres de dune effondrée à La Tranche-sur-mer. Les riverains expliquent qu’en 1961, la dune de sable se trouvait 15 à 20 mètres plus loin ce qui confirme le recul sur plusieurs décennies. Cette évolution est inéluctable. Selon le GIEC, l’élévation du niveau des océans atteindra sans doute 60 cm et peut-être 1 mètre en 2100. L’océan risque bel et bien de poursuivre sa lente progression vers des maisons bâties, pour certaines, il y a moins de 10 ans.
Les communautés du littoral vendéen sont donc au chevet de leurs plages et de leurs dunes. Des palissades de piquets de bois consolident la dune à la Tranche-sur-mer, quand ce n’est pas la solution des enrochements qui est préférée. Quel que soit le système retenu, ce durcissement du trait de côte entraîne un amaigrissement des plages, coupées de leurs dunes nourricières, et cela fragilise les défenses implantées dans le sable de ces mêmes plages. C’est toute une urbanisation héritée de l’après-guerre qui est en danger. Les grandes opérations d’urbanisme des années 1960-1980, menées dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire sous l’égide d’une planification très gaullienne nécessitent des travaux sans cesse plus importants pour maintenir en état leurs imposants fronts de mer. Restées à l’écart de ces grandes opérations de développement, les petites stations balnéaires du sud-Vendée ou de Noirmoutier, présentent un urbanisme dispersé, avec des lotissements disséminés sur les dunes dont le recul menace les propriétés.
Parmi les autres effets attendus des changements climatiques, il y a les tempêtes, que l’on ne prévoit pas plus fréquentes, mais beaucoup plus violentes que par le passé. Cela pose la question des submersions. Ces phénomènes ponctuels ont rythmé la première moitié du XXe siècle (1924, 1937, 1940, 1941, 1957). Il résultent d’une élévation anormale du niveau de la pleine mer, sous l’effet de facteurs météo (vent, vagues, houle). En 2008, la mémoire de la dernière grande submersion est quasi inexistante. A La Faute-sur-mer, la digue de l’Est, qui longe l’estuaire du Lay, est l’unique rempart contre la submersion des zones basses de la commune. Derrière cette digue vétuste et gérée par une association syndicale de propriétaires fonciers, le maire fait visiter un lotissement de 80 maisons neuves. Il reste encore des terrains, déclarés inconstructibles par décision de l'État, dans le cadre d'un plan de prévention des risques d'inondations. Le maire dénonce un frein au développement de sa commune. Pour lui, ces prévisions alarmistes ne correspondent à aucun problème vécu dans sa commune « de mémoire d’anciens ». Dans ce secteur, finalement bâti, 29 morts seront à déplorer suite à la tempête Xynthia (27-28 février 2010). Les travaux de consolidation des digues, là comme à Noirmoutier, ne devraient être destinés qu’à protéger l’existant, mais en aucun cas à densifier le bâti en zone submersible. Cette conviction, portée par les services de l’Etat chargés de la prévention, reste pourtant inégalement partagée par les élus et les riverains.
Thierry Sauzeau

Transcription

Présentateur
La menace semble lointaine et pourtant elle est bien réelle. La mer monte d’année en année. Oui, et cela a des conséquences sur les implantations immobilières du littoral. Des règlementations existent, mais certaines communes les voient d’un mauvais œil. Pour elles, c’est un frein à leur développement. Nous y consacrons ce soir notre dossier. Il est tourné en Vendée avec José Saint-Paul et Frédéric Grunchec.
Journaliste
En décembre 2006, stupéfaction pour les riverains de ce quartier de la Tranche-sur-Mer. Quatre mètres de dune se sont effondrés à la suite d’une tempête. L’océan se rapproche désormais dangereusement de leurs maisons, dont certaines ont été construites il y a moins de 10 ans.
Jean-François Bereaud
C’est quand même très impressionnant surtout à 6 heures du matin. Quand il fait bien nuit au mois de décembre, vous voyez la mer qui roule et qui tape, c’est quand même impressionnant.
Journaliste
Donc, elle est allée jusqu’au mur là.
Jean-François Bereaud
Elle tapait là-bas et elle sautait, c’est-à-dire qu’il y avait des projections d’eau et voilà.
Journaliste
En 61, la dune n’était pas là.
Riverain
Ah non, pas du tout non. En 61, il y avait à peu près 15, 20 m là avant d’attaquer par rapport à la route.
Journaliste
Des travaux ont été réalisés pour renforcer la dune. Les riverains sont rassurés pour l’instant. Car à cause du réchauffement climatique, les tempêtes se multiplient et la mer monte. D’ici 100 ans, le niveau des océans augmentera de 20 à 60 cm. Certaines communes du littoral sont particulièrement exposées comme ici à la Faute-sur-Mer, la digue qui protège l’estuaire du Lay est vétuste.
Stéphane Raison
Ce qui peut arriver sur une digue comme celle-là qui est une digue en terre, c’est qu’il y ait une pression très forte côté mer qui engendre en fait une brèche dans la digue, et la digue s’ouvre sur 50, 60 mètres de large et l’ensemble de la marée se disperse à l’arrière de la digue.
Journaliste
Et à l’arrière de la digue ?
Stéphane Raison
Et à l’arrière de la digue, il y a des maisons.
Journaliste
Si la digue cède, ce ne sont pas seulement les campings qui disparaitront, c’est tout un lotissement. Ici, près de 80 maisons ont été implantées et il reste encore des terrains à vendre, mais ils ne sont plus constructibles. Une décision de l’Etat dans le cadre plan de prévention des risques inondations et submersions marines. Un plan vécu par le maire comme un vrai frein au développement économique de sa commune. Il y a un risque d’inondation ?
René Marratier
Ecoutez, le risque zéro effectivement n’existe pas, mais de mémoire d’anciens on n’a pas eu de gros problèmes au niveau des inondations, pour ainsi dire très peu, peu ou prou. Ce qui me choque, c’est qu’on a des moyens d’une part. Je reste persuadé qu’au niveau constructibilité, on a encore des possibilités, ne serait-ce que de monter peut-être éventuellement deux ou trois parpaings. Donc, il y a des possibilités pour faire en sorte que ces populations ne soient pas flouées et ne soient pas spoliées de leur investissement ; qui manifestement à leurs yeux représente le travail d’une vie.
Journaliste
Mais il faut plus que deux ou trois parpaings pour prévenir les inondations. En amont de l’estuaire, un vaste chantier de réhabilitation de la digue a été lancé. Au fil des marées, les berges s’étaient détériorées. Coût de l’opération 10 millions d’euros, des renforts efficaces, mais pour combien de temps ?
Stéphane Raison
Une digue par définition, même si elle est bien entretenue, elle n’est pas forcément ni insubmersible, ni incassable. Donc ça, c’est un paramètre dont on doit tenir compte à chaque fois qu’on fait un projet de réparation.
Journaliste
Les collectivités vont devoir choisir. Freiner l’urbanisme ou investir dans des ouvrages de protection de plus en plus onéreux, car la prévention a un coût, qui ne peut que s’aggraver avec la hausse du niveau de la mer.