Les Métropoles d'équilibre selon Olivier Guichard
Notice
Olivier Guichard, délégué à l'aménagement du territoire, définit les Métropoles d'équilibres comme étant "un centre d'attraction régionale et de rayonnement". Elles sont une réponse à la forte urbanisation.
Éclairage
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les responsables politiques français ont pris conscience des inégalités caractérisant l'espace français : les disparités villes-campagnes, le clivage Est-Ouest et surtout l'opposition Paris-province. Cette prise de conscience est facilitée par la parution en 1947 du livre Paris et le désert français, du géographe Jean-François Gravier. Il y met à jour une croissance parisienne appauvrissant le reste de la France, en en faisant un désert.
C'est véritablement à partir des années 1960 que se précise la politique d'aménagement, avec, en 1963, la création de la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR). Le premier délégué est Olivier Guichard, un proche du général de Gaulle, qui sera nommé en 1968 ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire.
Afin de dynamiser ce "désert français", des mesures furent prises pour freiner le développement parisien : en contrariant son expansion économique et en favorisant sa désindustrialisation. En outre, dès le début, les responsables de l'aménagement ont eut conscience qu'il fallait développer les grandes villes de province pour faire contrepoids à Paris. C'est ainsi qu'est lancée, en 1964, la politique des métropoles d'équilibre. Olivier Guichard définit lui-même celles-ci comme une certaine concentration de population nécessaire à l'obtention d'équipements, créant ainsi un centre d'attraction régionale en même temps qu'un centre de rayonnement. Ces villes doivent être susceptibles d'animer la vie économique, sociale et culturelle de vastes régions et, à terme, de soutenir la comparaison avec les métropoles des pays voisins.
Huit métropoles ont ainsi été choisies : Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Strasbourg et Toulouse. À l'époque, aucune de ces villes n'est une véritable métropole. Bénéficiant de divers avantages, on a cherché à y développer les activités industrielles et tertiaires ainsi que les moyens de liaison avec les autres grandes villes voisines. Ces métropoles régionales ont, en général, connu un rapide développement mais qui a souvent pu se faire au détriment des campagnes environnantes.
Était-il judicieux de favoriser quelques grandes villes si c'était pour créer des "déserts" autour d'elles ? Selon le géographe Roger Brunet, cette démarche est une illusion car elle a, le plus souvent, contribué à stériliser l'espace environnant ces "métropoles d'équilibre" et n'a en rien limité la croissance parisienne.