Les algues vertes en Bretagne
Notice
La pollution des algues vertes, due à un taux élevé de nitrates dans l'eau, touche la côte bretonne. La commune de Binic, Côtes-d'Armor, est donc contrainte de nettoyer ses plages. Les riverains et la mairie ne sont pas contents, et ils l'expriment.
Éclairage
Le 29 juin 1998, une imposante manifestation se déroule à Binic. Elle réclame une véritable politique de l'eau et l'application de la circulaire "Voynet - Le Pensec", qui réglemente la multiplication des élevages hors sol et leur agrandissement. En effet, la côte de cette petite station balnéaire des Côtes-d'Armor est envahie d'avril à septembre par les algues vertes de type "ulva".
Si les caractéristiques de la côte - les faibles courants et les eaux littorales peu profondes - ont une inaluence indéniable, ce sont les nitrates agricoles qui provoquent cette prolifération et qui interdisent, dans de nombreuses communes, la consommation de l'eau du robinet.
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Les nitrates proviennent à 60% de l'azote dégagé par les lisiers de porcs et les fientes de volailles, et à 40% des engrais utilisés en particulier pour cultiver le maïs nécessaire à ces élevages. Les protestations surgissent de toutes parts : celles des pêcheurs de coquilles Saint-Jacques car les naissains meurent, celles des commerçants qui vivent du tourisme car les vacanciers fuient, enfin celles de tous les habitants qui ne boivent plus que de l'eau en bouteille et qui regardent, consternés, les algues recouvrir le sable.
Il est vrai que le développement agricole breton s'est fait sur le modèle productiviste. En 1996, dans 71 cantons - soit le 1/3 du territoire régional- les apports d'azote par les animaux présents au 1er janvier 1994 dépassent le seuil règlementaire. Ils sont officiellement classés en "zone d'excédent structurel". Le syndicat Eau et rivières de Bretagne saisit Bruxelles dès 1992, qui lui donne alors raison. En effet, la Directive européenne, en 1973, avait fixé à 50 mg/l la concentration maximale en nitrates des eaux brutes utilisées pour la production d'eau potable. Elle prévoyait, en cas de dépassement de cette valeur maximale, la mise en place de plans de restauration de la ressource.
Les pouvoirs publics, régionaux et nationaux, ont beaucoup tardé à mettre en œuvre cette politique de protection des eaux. Il semblerait toutefois que la situation se soit arrangée depuis 1998 : les algues vertes sont actuellement beaucoup moins abondantes à Binic. Cette amélioration est à mettre en rapport avec l'action du conseil régional de Bretagne, qui en 2001 a mis en place avec l'agence Loire-Bretagne le programme "prolittoral" axé sur le traitement et la prévention pour lutter contre la prolifération des algues.