La marée noire du Torrey Canyon
Notice
Un mois après le naufrage du pétrolier Torrey Canyon, des spécialistes reviennent sur la catastrophe. Ils expliquent les causes de cet accident et les conséquences de cette marée noire pour la nature. [Muet en début et fin de sujet]
Éclairage
Avec près de la moitié du trafic mondial d'hydrocarbures qui transite au large de ses côtes, la Bretagne est une des régions du monde les plus exposées aux risques de marées noires ; des risques d'autant plus importants que les vents et les courants dominants rabattent les déversements potentiels vers le littoral nord-ouest de la région.
Depuis 1967, la région a subi huit marées noires importantes, dont celle du Torrey Canyon en 1967 et celle de l'Amoco Cadiz en 1978.
La première grande marée noire que connaît la Bretagne est celle du Torrey Canyon, qui commence le 9 avril 1967. Le pétrolier, appartenant à la filiale libérienne de l'Union Oil Company of California et chargé de 120 000 tonnes de pétrole brut, s'échoue le 18 mars entre les îles Sorlingues et la côte britannique. Il avait appareillé du golfe persique via le cap Bonne-Espérance vers les îles Canaries. Le 14 mars, il passe entre l'île de Tenerife et la grande île des Canaries, son objectif étant de prendre la marée du 18 mars au soir à l'entrée du port de Milford Haven. A 8h15, le Torrey Canyon passe les îles Scilly. A l'issue d'une manœuvre afin d'éviter des navires de pêche, le commandant remet le pilote automatique en fonction. Le point suivant, à 8h40, permet de positionner le navire dans le sud du Stone Rock. Le danger étant proche, il devient nécessaire de manœuvrer pour éviter l'échouement. Après un nouveau positionnement radar, la route mène toujours sur le récif de Seven Stones. Le commandant passe alors la barre en manuel et change de cap mais il est trop tard. A 17 nœuds, le Torrey Canyon prend de plein fouet Pollard's Rock, qui fait partie du récif de Seven Stones, et se déchire sur six citernes. Le manque de contrôles et une erreur du jeune lieutenant s'occupant de la navigation conduisent le navire à sa perte. La catastrophe prend de court toutes les autorités. Malgré une mobilisation de tous les moyens de lutte disponibles, plusieurs nappes de pétrole dérivent dans la Manche, venant toucher les côtes britanniques et françaises. La Royal Navy a utilisé du détergent pour essayer de disperser le pétrole, l'armée de l'air a envoyé des bombes sur l'épave, suivies de jerricans de gasoil et de napalm afin de former un gigantesque brasier sur les deux sections de l'épave brisée, jusqu'à ce que celle-ci ne contienne plus du tout de pétrole. Tout cela n'a pas suffit, le pétrole a souillé les plages bretonnes.
Cet accident fait découvrir à l'Europe un risque qu'elle avait négligé. Il conduit toutefois à la mise en place d'un système juridique international régulant les problèmes de responsabilité et d'indemnisation, et à un plan français de prévention et de lutte (plan Polmar, comme "Pollution maritime").