Discours de Georges Pompidou à Rennes
Notice
Après l'échec du référendum du 27 avril, entraînant le départ de De Gaulle, Georges Pompidou, en visite à Rennes, annonce sa candidature aux prochaines élections présidentielles. Dans son discours, il réclame le soutien de tous ses partisans.
Éclairage
Georges Pompidou (1911-1974), élève de l'École Normale Supérieure, obtient l'agrégation de lettres en 1934. Il devient professeur à Marseille puis à Paris, au lycée Henri IV, où il enseigne en classe préparatoire. En 1944, bien que n'ayant pas été résistant, il entre au cabinet du général de Gaulle. Maître des requêtes au Conseil d'Etat en 1946 puis directeur de la banque Rothschild, il reste attaché pendant toute la IVe République au général de Gaulle et devient l'un de ses plus proches conseillers.
Au moment où il est désigné Premier Ministre en 1962 à la place de Michel Debré, il est encore complètement inconnu du grand public. C'est peu à peu qu'il affirme sa personnalité politique. Soit que sa popularité grandissante portât ombrage au général de Gaulle, soit que celui-ci reprochât à son Premier Ministre de n'avoir pas su prévenir la crise de 1968, Pompidou est remplacé par Couve de Murville un mois après le début des "événements". En marge du pouvoir, il sait alors cristalliser sur lui les espoirs de tous ceux qui aspirent à un changement dans la continuité.
Quarante-huit heures après le départ du général désavoué par référendum en avril 1969, il annonce sa candidature à la présidence de la République. Exception faite de quelques tensions chez les gaullistes de gauche et des Républicains indépendants menés par Valéry Giscard d'Estaing, les ralliements posent peu de problèmes à Georges Pompidou. Par contre, la perspective électorale perturbe la gauche et fait réapparaître les divisions. Celle-ci se présente aux élections en ordre dispersé puisque le PSU, la SFIO, le PC et l'extrême-gauche présentent chacun un candidat. La campagne électorale a pour enjeu principal l'avenir du système mis en place par Charles de Gaulle et la définition de la fonction du prochain président de la République. Même si d'autres thèmes tels que l'Europe, l'industrialisation, les préoccupations des Français sont constamment présents, l'avenir constitutionnel demeure au centre de la campagne. Plus adroit que ses adversaires devant les caméras de télévision (un outil de communication encore neuf en 1969), Pompidou s'impose vite comme le favori des prochaines élections. Il est élu président de la République avec plus de 58% des voix au niveau national et 63% en Bretagne, devant Alain Poher, second candidat présent au deuxième tour.
C'est à partir des élections municipales de 1977, soit trois ans après la mort de Georges Pompidou et sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, que l'on assiste à un certain basculement vers la gauche en Bretagne, puisque plusieurs grandes villes tombent dans l'escarcelle du parti socialiste telle Rennes. Cette tendance se confirme en 1981 puisque la population qui opte pour François Mitterrand est surtout urbaine et qu'une nouvelle fois la Bretagne dans son entier vote davantage en faveur de Valéry Giscard-d'Estaing (50,8% au second tour des élections présidentielles), exception faite des Côtes-du-Nord qui accordent la majorité absolue au candidat socialiste avec plus de 55% des voix.