Réaction de Charles Tillon à l'élection de François Mitterrand
Notice
Suite à l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, l'ancien ministre communiste Charles Tillon s'exprime. Cette victoire lui donne le "sentiment qu'une élection peut changer beaucoup de choses".
Éclairage
Né à Rennes en 1897,Charles Tillon, fils d'un cheminot de la CGT, devient ajusteur à l'arsenal. Pendant la Première Guerre mondiale, il embarque comme mécanicien à bord du croiseur Le Guichen en 1916. Avec André Marty, il est un des meneurs de la mutinerie de la mer Noire en 1919 (les marins refusent de se battre aux côtés des Russes blancs contre l'Armée rouge, d'autant que la Grande guerre vient de s'achever) et il est condamné à cinq ans de bagne. Revenu en Bretagne, il adhère au PCF et devient permanent de la CGTU (confédération générale des travailleurs unitaires, fondée en 1922 et soutenue par le PCF) en 1924. A ce titre, il soutient activement la grève des sardinières de Douarnenez en 1925. C'est en partie grâce à son action que le PCF jouit d'une si grande popularité dans "Douarnenez la rouge".
Condamné plusieurs fois pour ses actions syndicales et politiques il devient membre du Comité central du PCF en 1932, et député d'Aubervilliers en 1936. Il s'engage dans l'aide aux républicains espagnols et, dès juillet 1940, rejetant l'occupation et toute politique attentiste, il appelle à lutter contre le nazisme puis crée le journal France d'abord. Membre du secrétariat clandestin du PCF, il crée les FTPF (Francs-tireurs et partisans français), bras armé de la résistance clandestine, proche du PCF. Après la Libération, il est l'un des ministres communistes du gouvernement provisoire présidé par de Gaulle, puis sans discontinuer dans les gouvernements qui se succèdent jusqu'en mai 1947 ; il est chargé successivement de l'Air, de l'Armement, puis de la Reconstruction.
Ecarté en même temps que Marty de la direction du PCF en 1952, il en est exclu en 1970 pour avoir dénoncé la normalisation en Tchécoslovaquie et avoir manifesté publiquement son souhait de rénovation du parti. A la fin de sa vie, il se retire dans la région de Rennes, à La Bouëxière où il écrit ses mémoires. Il meurt le 13 janvier 1993 à l'âge de 96 ans. François Mitterrand honora sa mémoire en rappelant en conseil des ministres qu'il avait été "un homme libre, un grand et beau caractère".
Bibliographie :
- Jacqueline Sainclivier, "Charles Tillon" dans Alain Croix, Jean-Yves Veillard, Dictionnaire du patrimoine breton, Rennes, éditions Apogée, 2000.
- Charles Tillon, On chantait rouge, Robert Laffont, 1977.