L'Armement Jégo-Quéré à Lorient
Notice
Le premier armement français de pêche, l'armement Jégo-Quéré basé à Lorient, traverse une crise, due à la baisse du cours du poisson. Le sort des employés est suspendu à la décision du comité inter-ministériel à la restructuration industrielle.
Éclairage
Premier armement industriel des pêches françaises, le groupe Jégo-Quéré ne fut pas le seul armement de pêche industrielle de Lorient, mais probablement le plus emblématique. Il a été précurseur dans plusieurs domaines : le chalutage par l'arrière, la rotation des équipages ou le déchargement en base avancée (au Royaume-Uni).
En 1994, quand il passe sous le contrôle du groupe espagnol Pescanova, Jégo-Quéré compte 18 chalutiers et près de 300 marins. A cette date, la multinationale espagnole devient en effet propriétaire de 55% du capital de l'armement lorientais. Pescanova est alors un des leaders mondiaux de la filière pêche et transformation, avec ses 140 navires congélateurs, ses plates-formes de transformation et de commercialisation installés sur les quatre continents. Cette décision, redoutée par les marins, intervient dans un contexte difficile, un an après le conflit des marins pêcheurs avec le gouvernement. L'effondrement des prix du poisson révélait alors la crise profonde d'une pêche française mal contrôlée et fébrile face aux concurrences extra-communautaires et intracommunautaires. La "solution" Pescanova, mise en œuvre par Jean-Yves Le Drian, maire socialiste de Lorient, et soutenue par le ministre Jean Puech, est pressentie comme un atout pour que Lorient devienne une grande place portuaire européenne mais elle montre rapidement ses limites. Le groupe espagnol ne parvient pas à redresser l'entreprise, handicapée par le vieillissement de ses navires, et, dès 1994, 20% des emplois de navigants disparaissent alors que huit bateaux sortent de la flotte. En 2000, il ne reste plus que huit bateaux et l'armement est contraint de s'arrêter trois années plus tard, alors qu'il emploie encore une centaine de salariés.
Ce tableau sombre de l'évolution du plus grand groupe de pêche français révèle les difficultés de la filière pêche en Bretagne, mais aussi l'évolution de l'activité du port de Lorient. Aujourd'hui, la Scapêche (groupe Intermarché) est le seul armement restant et les activités de transformation alimentaire ont pris le pas sur la pêche.