L'Arsenal de Rennes
Notice
L'ARS, Atelier de construction de Rennes, appartient au groupement industriel des armements terrestres. Il s'est spécialisé dans la déformation à froid, plus particulièrement la production de douilles d'artillerie. Il fournit l'armée et le civil.
Éclairage
Les arsenaux français - établissements qui ont pour vocation de construire, d'entretenir, de réparer et de conserver les navires de guerre ainsi que leurs armes et munitions - s'inscrivent dans une longue histoire de la construction navale et maritime dont les débuts remontent aux XVIe et XVIIe siècles.
Dès l'origine, la Bretagne tient une place particulière dans la production des armes et du matériel destinés à la marine. Brest et Lorient font partie des premiers arsenaux mis en service aux XVIIe et XVIIIe siècles. Progressivement, des arsenaux vont également être construits en dehors de sites portuaires et servir à la production et au stockage d'armes et de munitions pour l'ensemble de l'armée et pas seulement pour la marine. L'ARS de Rennes fait partie de ces nouveaux sites. Créé en 1793, cet arsenal de construction et de dépôt est destiné à l'approvisionnement des places et batteries de côte. Deux cents ans plus tard, en 1972, date de diffusion de ce reportage, l'atelier de construction de Rennes est un grand complexe de vingt-quatre hectares. Parcouru par trois kilomètres de route et deux kilomètres de voies ferrées, il emploie près de cinq cents personnes (civils et militaires).
L'évolution et le fonctionnement de l'arsenal rennais et des autres arsenaux bretons sont liés à l'évolution des relations internationales. Dans les années 1850, ils bénéficient du lancement du premier cuirassé à vapeur pour accroître leur activité et ils participent à la construction de la nouvelle flotte de combat française. Après une période de modernisation au cours du XIXe siècle - permettant la construction de navires et d'armes toujours plus performants - les ateliers bretons affirment leur rôle dans la production d'armement de la France. Ils sont à l'origine d'un dynamisme économique important pour l'ensemble de la région bretonne. Au début du XXe siècle, près de 10 000 bretons, dont 2 000 à Rennes, travaillent dans des industries liées à la défense nationale.
L'atelier de construction de Rennes s'est progressivement spécialisé dans la déformation à froid et dans la production de douilles, ce qui nécessite, comme le montre ce reportage, de nombreuses opérations et un savoir-faire particulier. Au cours des années 1970, l'ARS de Rennes est de plus en plus concurrencé par les autres arsenaux français. La destruction en 1974 de la grande cheminée de l'atelier de construction rennais marque la fin de la production d'armement dans la capitale bretonne. Les arsenaux de Brest et de Lorient sont, eux aussi, gravement touchés par la crise dans les années 1990. Celui de Lorient ferme ses portes en 1997 tandis que celui de Brest fait partie des six arsenaux français encore en fonctionnement, avec Cherbourg, Toulon, Saint-Tropez, Indret et Ruelle.