Les loisirs en campagne

18 mai 1975
04m 22s
Réf. 00419

Notice

Résumé :

Extrait du film "Au paysan breton ou la mémoire du sabot" de Patrick Camus. Dans le pays de Gourin, les loisirs pour les jeunes sont rares. Ils se rejoignent parfois au café pour écouter de la musique. Les anciens quant à eux, se retrouvent au fest noz ou à la veillée pour chanter des chants traditionnels bretons.

Type de média :
Date de diffusion :
18 mai 1975
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Éclairage

Les années 1960-1970 sont la période de décollage économique de la Bretagne. La société bretonne est à un tournant qui va la faire passer dans la modernité. Ce document en témoigne de diverses façons.

L'agriculture bretonne se transforme radicalement : en quelques années, elle passe d'un modèle quasi-autarcique à une agriculture pleinement intégrée dans l'économie nationale et internationale. Sur le plan technique, le tracteur devient le symbole de la modernisation agricole. L'adoption du tracteur dans l'agriculture ne s'est pas faite sans son lot de craintes et de phobies, certains lui préférant les chevaux de trait utilisés auparavant, comme l'atteste un paysan dans le reportage. Mais cette modernisation ne permet pas à tous les paysans de continuer d'exploiter. Contrairement au début du siècle où l'on pouvait vivre avec quelques lopins de terre, en 1960, si l'on ne dispose pas d'un minimum d'hectares, on n'entre plus dans l'agriculture, on en sort. La course au progrès est nécessaire au paysan qui ne veut pas dépérir. De ce fait, les possibilités d'accession au métier d'agriculteur sont de plus en plus difficiles. Certains jeunes doivent alors quitter la terre et partir travailler en ville. A Rennes, par exemple, l'installation de l'usine Citroën attire une main d'œuvre paysanne importante : en septembre 1961, pour la fabrication des Ami 6, 12 000 jeunes quittent leur ferme pour se confronter à la réalité du monde ouvrier et aller gagner leur vie dans cette gigantesque usine. Paris attire également un nombre important de paysans venus chercher du travail en ville. Beaucoup décident de quitter le monde rural parce qu'ils ne peuvent y travailler, d'autres le font par choix. L'urbanité est pour certains un mode de vie envié.

Dans le reportage, l'opposition entre les jeunes ruraux et les plus vieux montre à quel point la société toute entière a évolué. Les plus vieux n'acceptent pas forcément le progrès alors que les plus jeunes expriment leur malaise dans cette campagne "où il n'y a rien à faire". Aux danses et chants bretons portés par les anciens s'oppose un nouveau style de musique. Les plus vieux sont porteurs d'une certaine tradition. Pour les jeunes ruraux, si les rencontres dans les bars et l'écoute de musique rock peuvent les rapprocher des jeunes urbains, les loisirs restent toutefois limités. Habiter à la campagne limite l'offre et le temps des loisirs. Le malaise des jeunes à la campagne est souvent évoqué. C'est toute la société qui est en train d'évoluer au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Soline Billon

Transcription

Jeune
On est obligé d'y aller à la ville, parce que trouver un travail ici qui me convient mais ça m'étonnerait. Je vais aller chercher, je ne sais pas, jusqu'à Rennes, jusqu'à Rennes si on ne va pas jusqu'à Paris.
(Silence)
Jeune
On passe des après-midis à écouter de la musique ou bien des soirées. Y a des soirées où on s'ennuie. Bon, il ne se passe absolument rien. On ne fait qu'écouter.
(Musique)
Journaliste
Elles viennent le matin, le soir, les chansons ou ... ?
Ancien
Ca dépend. Je fais maintenant, il fut un temps en suivant les chevaux, les chevaux au champ - je regrette d'ailleurs mes chevaux - mais en suivant les chevaux au champ, ça venait tout seul. Mais maintenant, avec le bruit du moteur... Je chante bien quelques fois sur mon tracteur. Mais on se fatigue vite, il y a le tracteur qui est plus bruyant que moi. Et à la traite, à la traite des vaches. Ou leur raconte la prière, comme dit ma femme aussi. Ca vient beaucoup et il faut être calme, reposé. Parce que si on a des ennuis, si on a quelque chose qui ne va pas, ça ne sort pas pareil.
(Musique)