Les dockers du port de commerce de Brest
Notice
Dès 6 heures, les dockers du port de commerce de Brest sont au travail. Ils chargent et déchargent les cargos durant des vacations de 4 heures. Pendant une journée, ils peuvent ainsi enchaîner trois vacation et déplacer 60 tonnes de marchandises.
Éclairage
L'activité maritime génère une activité économique et des emplois qui concernent beaucoup de secteurs d'activités : le transport de marchandise ou de voyageurs, la pêche, la construction et la réparation navale, la gestion des activités portuaires... De nombreux métiers s'organisent autour d'un navire à quai. Dans ce reportage, il est question de deux métiers en particulier : les consignataires et les dockers.
Dès son arrivée dans le port, le navire est pris en charge par le consignataire maritime. Son rôle est d'éviter au navire des attentes trop longues dues à la livraison et d'assurer aux destinataires la livraison de la cargaison déchargée. Cette escale doit être la plus rapide et la moins onéreuse possible. Le consignataire doit s'occuper du plan de chargement, pourvoir aux besoins des navires en fuel et en eau, s'occuper des formalités administratives, de l'équipage... Il travaille en fonction des arrivées et des départs des navires.
Les dockers sont des ouvriers portuaires - très rarement des ouvrières - employés au chargement et déchargement. Ils doivent faire preuve de force et de rapidité car certains chargements ou déchargements concernent des denrées périssables ou obéissent à des contraintes de délais. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la modernisation du transport maritime a radicalement changé la profession. Les dockers ont dû acquérir de nouvelles compétences : désormais ils doivent savoir manier divers appareils de manutention : grue, chariot élévateur... Toutefois, le métier reste toujours physique. Les conditions sociales du métier ont également évolué. Depuis des siècles, l'intermittence régit la manutention portuaire. Les dockers se présentaient et proposaient à l'employeur leur travail chaque jour. En 1939, un décret confie aux autorités portuaires le soin de délivrer des cartes de docker en fonction des besoins de chaque site. Ce texte est complété par l'acte dit "loi du 28 juin 1941" qui réserve pour la première fois la priorité des recrutements aux dockers professionnels intermittents ou permanents. Le texte confie le contrôle de l'embauche à des bureaux centraux de la main-d'œuvre (BCMO). Le métier de docker devient alors un vrai métier. A la Libération, la question sur le statut des dockers ressurgit et aboutit finalement à la loi du 6 septembre 1947. Elle constitue entre autre un progrès social et économique certain pour les dockers. Cette loi consacre le régime de l'intermittence de l'emploi aux dockers embauchés à la journée ou pour une vacation, possédant une carte de garantie de docker professionnel, et leur assure une indemnisation de non-emploi. La gestion du système d'emploi des dockers est confiée à des organismes tripartites composés des représentants de l'État, des employeurs et des dockers. Les bureaux de la main d'œuvre sont chargés de l'embauche et la Caisse nationale de garantie des ouvriers dockers (CAINAGOD) assure l'indemnisation du non-emploi des dockers professionnels. Le statut va encore évoluer dans les années suivantes. En 1992 la loi autorise le recrutement de dockers par des entreprises de manutention portuaire grâce à des contrats de travail de droit commun.