François-Louis Le Berre raconte les tentatives d'évasions
Notice
François-Louis Le Berre, officier fait prisonnier en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, raconte comment se déroulaient les tentatives d'évasion du camp, quels étaient les risques et les punitions pour ceux, nombreux, qui étaient découverts.
Éclairage
Parallèlement à l'installation des troupes allemandes en Bretagne, des milliers de Bretons mobilisés se retrouvent prisonniers. D'abord regroupés dans les camps situés sur le front (les Frontstalag) à Quimper, Rennes ou Savenay, ils sont progressivement dirigés vers l'Allemagne après l'été. Les prisonniers sont alors divisés entre Oflags (pour les officiers) et Stalags (pour les sous-officiers et les soldats). Dans les Côtes-du-Nord, les prisonniers représentent environ 10% de la population active masculine. Ils sont environ 30 000 en Ille-et-Vilaine et dans le Finistère, 35 000 dans le Morbihan et environ 15 000 en Loire-Inférieure. Au total, les prisonniers bretons peuvent être estimés à environ 137 000 hommes.
Durant la guerre, pour faire face aux besoins croissants de main-d'œuvre en Allemagne et remplacer les Allemands mobilisés, Hitler charge Sauckel d'organiser de vastes prélèvements de main-d'œuvre dans toute l'Europe occupée. En France, le gouvernement Laval accepte de participer aux opérations, montrant ainsi sa volonté de collaboration avec l'Allemagne tout en essayant d'obtenir des contreparties : c'est la Relève. Fixée en 1942, elle prévoit le départ outre-Rhin de 150 000 ouvriers spécialisés, compensés par le rapatriement de 50 000 prisonniers, soit le retour d'un prisonnier pour trois ouvriers rejoignant l'Allemagne. En Bretagne, le refus de partir travailler en Allemagne est très marqué et les volontaires de la Relève sont donc très peu nombreux. Rapidement, l'occupant recourt aux réquisitions puis, en 1943, installe le STO, le Service du Travail Obligatoire. Dès lors, dans les Côtes-du-Nord, seuls 800 prisonniers sont libérés en 1942, soit 0.6% des 24 000 prisonniers qui demeurent en Allemagne. Bien que les autorités vichystes accueillent les prisonniers sur les quais des gares bretonnes afin de redorer le blason déjà bien écorné de Vichy, il faut se rendre à l'évidence, la Relève est un marché de dupes. En effet, les retours sont toujours plus espacés et toujours plus maigres. Il faut donc attendre la libération des camps allemands en 1945 pour que les prisonniers puissent effectuer leur retour.
Sur les 24000 prisonniers de guerre originaires des Côtes-du-Nord internés en Allemagne, plus de 21000 y sont demeurés durant toute la guerre, soit 90% du total. Ce retour s'accompagne d'une reprise de la violence liée à l'épuration lors du printemps et de l'été 1945. Les biens ou le corps d'anciens collaborateurs qui sont jugés coupables par les habitants du village d'avoir dénoncé et donc entraîné la déportation de l'un d'entre eux sont saccagés ou violentés, parfois jusqu'à la mort. Cette même population estime alors que ces collaborateurs n'ont pas ou trop peu été châtiés. L'épuration populaire prend alors le relais de l'épuration légale. Passé le mois de juillet 1945, ce type de violence collective disparaît et s'impose le retour à l'ordre républicain.