Procès de criminels de guerre et exécutions
Notice
Au Palais de justice de Rennes se tient le procès de six criminels de guerre allemands ayant fusillé des paysans bretons. Cinq d'entre eux seront condamnés à mort. La justice est également rendue en Allemagne par les troupes d'occupation alliées.
Éclairage
La répression de tous ceux qui, à tort ou à raison, sont accusés de sympathie envers l'occupant et le régime de Vichy, est un enjeu capital lors de la libération progressive du territoire français, à partir de 1944. A plus forte raison, l'occupant lui-même peut se retrouver sur le banc des accusés afin de rendre compte éventuellement de ses crimes.
L'épuration répond ainsi en premier lieu à une exigence de justice : punir les responsables de l'arrestation, de la déportation, de la mort de nombreux Français. L'enjeu est d'autant plus important qu'avant et après la Libération se sont développées spontanément en dehors des tribunaux spéciaux des formes violentes d'épuration "sauvage" (exécutions sommaires, lynchages). Ainsi, environ neuf mille personnes sont tuées en 1944-1945 en France hors de toute instance légale. Au total, près de 350 000 personnes sont mises en cause devant la Haute Cour de justice, les cours de justice et chambres civiques, soit presque un Français sur cent. Qu'on la considère comme trop dure ou, au contraire trop clémente, l'épuration doit être appréhendée comme un phénomène social d'ampleur. A ce bilan, il faut ajouter celui des tribunaux militaires. Ces derniers ont eu à réprimer les crimes de guerres commis par l'occupant, soit 20 127 dossiers, si l'on en croit un chiffre avancé en 1947. L'activité des tribunaux militaires reste très mal connue. Toutefois, ils ont condamné à mort et fait exécuter près de 800 personnes. En additionnant l'activité des différents tribunaux spéciaux en France, le nombre de condamnations à mort "légales" suivies d'effet est d'environ 1 500. L'épuration "sauvage" et l'épuration légale ont donc coûté la vie à plus de 10 000 personnes. Cependant, l'épuration, dans ces différentes formes ("légales" ou "sauvages") est inégale dans le temps et l'espace. Les amnisties de 1951 et 1953, nécessaires pour rétablir la "paix civile", entraînent la libération de la très grande majorité des épurés emprisonnés : en 1954, moins d'un millier sont encore détenus.
Bibliographie :
- Henry Rousso, Vichy, L'événement, la mémoire, l'histoire, Paris, Gallimard, 2001, p. 489-552.
- Henry Rousso, "Epuration" dans Jean-François Sirinelli (dir.), Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe s., Paris, PUF, p. 416- 420.