L’EcoQuartier Wolf Wagner de Mulhouse

Depuis la fin du XXe siècle, le défi environnemental oblige les sociétés à développer de nouveaux modèles d’urbanisme intégrant les principes du développement durable tels qu’ils ont été actés en 1992 lors du 3e Sommet de la Terre organisé par l’ONU. Le milieu urbain, dans lequel se concentre désormais la majorité de la population mondiale, est devenu le terrain d’expérimentation privilégié pour atteindre la durabilité.

La ville de Mulhouse est un exemple intéressant de mise en œuvre du développement durable dans le cadre de ses opérations de renouvellement urbain. Le quartier Wolf-Wagner a ainsi été choisi comme l’un des lieux pilote pour en faire le premier éco-quartier de la ville. Ce quartier ayant accueilli au milieu du XXe siècle les premiers habitats collectifs en barre de Mulhouse, avait connu les problèmes inhérents au vieillissement de ce type d’urbanisme : paupérisation de la population, insécurité, dégradation d’une partie des logements, etc. Pour améliorer le cadre et la qualité de vie des habitants, 230 logements ont été démolis, entre 2005 et 2011, au profit de 166 logements neufs. Gérés par Mulhouse Habitat, le bailleur social de la ville, ces logements sont accessibles à la location par les ménages les plus modestes. Ils répondent à de nouvelles normes peu gourmandes en énergie : tous bénéficient d’une isolation thermique renforcée et sont équipés de panneaux solaires. L’ensemble du projet a fait l’objet d’une réflexion partagée entre les futurs habitants et les acteurs publics et privés. De nombreux espaces verts ont ainsi été aménagés entre les différents îlots résidentiels. La réflexion sur les mobilités a permis la piétonisation complète des rues et la réalisation d’un parking collectif en forme de silo. De plus, l’ensemble du quartier bénéficie d’une bonne desserte en transports en commun. L’ensemble du projet, exemplaire dans ses réalisations, a été remarqué au niveau national et a obtenu en 2013 la certification du label ÉcoQuartier mis en place par l’État français depuis le Grenelle de l'environnement.

Au-delà de cette distinction qui répond au respect d’un cahier des charges fixé par le ministère de l’Égalité des territoires et du Logement, il apparaît nécessaire de faire le bilan de ce projet à l’aune des trois principaux piliers du développement durable. Sur le plan social, cette opération de renouvellement urbain est incontestablement une réussite. Les logements sont accessibles à l’ensemble de la population et en particulier aux catégories sociales défavorisées, contrairement à d’autres projets abusivement qualifiés d’éco-quartiers alors qu’ils accueillent essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, des populations issues des classes moyennes ou aisées. Sur le plan environnemental, là encore, ce nouveau morceau de ville s’inscrit pleinement dans la durabilité : la place importante consacrée à la végétalisation du site et le mode de vie relativement sobre en matière de consommation énergétique en témoignent. Cependant il existe bien une limite : l’activité économique se réduit à sa portion congrue. Aucune entreprise ni même un commerce de proximité ne sont localisés dans le quartier. La présence d’un centre social et du nouveau siège de Mulhouse Habitat ne permettent pas vraiment de valider le pilier économique du développement durable. Ces structures, pour utiles qu’elles soient, génèrent en effet peu d’emplois qui bénéficient directement aux populations résidentes. Il manque donc une activité économique qui permettrait d’améliorer de manière significative les conditions de vie matérielles des populations.

Ce reportage du journal télévisé de France 3 Alsace a été diffusé le 10 septembre 2013, jour qui a suivi l’obtention officielle du label EcoQuartier par le nouvel ensemble urbain aménagé par la ville de Mulhouse.

Correspondant aux standards attendus d’un média qui diffuse de l’information locale, ce reportage de proximité est assez classique tant dans le fond que dans la forme. D’une durée assez brève, il présente quelques plans du quartier et de l’intérieur d’un logement commentés par la voix off de l’une des deux journalistes qui s’est rendue sur place. Les plans sont entrecoupés de témoignages de plusieurs habitants qui soulignent les avantages du site. Ainsi les époux Gressler, un couple de retraités, insistent sur la tranquillité du quartier. Leur fille, qui habite de l’autre côté de la rue, affirme apprécier la sociabilité nouvelle créée par cette façon de vivre la ville. Le témoignage de Nadia, une autre résidente, vient renforcer ce constat : malgré le nombre important de foyers qui vivent dans ce nouvel ensemble, elle souligne le caractère paisible des lieux.Le reportage se poursuit par l’interview de Denis Rambaud, président de Mulhouse Habitat, qui insiste sur la réflexion globale qui a présidé à l’aménagement de l’ensemble du projet. Enfin, les dernières images et le commentaire qui l’accompagne apportent quelques nuances à ce tableau idyllique. Malgré la qualité des matériaux employés, il est souligné que certains logements connaissent déjà des problèmes d’étanchéité et d’isolation.

Au final, on peut affirmer que le reportage ne dresse pas un tableau exhaustif de ce qu’est réellement un éco-quartier. Son format court ne permet que d’en effleurer certains aspects qui insistent surtout sur la qualité du cadre de vie. Il n’en reste pas moins intéressant car il permet de percevoir la satisfaction éprouvée par un échantillon d’habitants de ce nouveau cadre urbain. Tous s’accordent pour lui trouver « un petit air de campagne à la ville » comme le soulignait le propos introductif de la journaliste de plateau. En somme, ce reportage témoigne surtout des nouvelles façons d’habiter la ville à l’heure de la transition environnementale.