Les députés européens : profils sociologiques.

En 2019, le Parlement européen compte 705 députés, 4000 assistants parlementaires et 5000 fonctionnaires. Quel est le profil type du député européen ? C’est un homme de 50 ans, issu des professions intellectuelles supérieures, ayant suivi une formation en sciences sociales et humaines, dont c’est le premier mandat européen. Le programme de Première d’histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques invite à s’interroger sur « la primauté du principe représentatif, direct et indirect, dans l’exercice de la démocratie à l’échelle de l’Union, notamment dans les deux organes législatifs que sont le Conseil des ministres et le Parlement européen ». L’infographie présentée dans le sujet permet d’aborder cette thématique en mobilisant les sciences politiques, à travers la présentation du profil sociologique des députés européens en 2014. En quoi ces informations permettent-elles d’aborder la notion de représentativité des citoyens européens au sein de cette institution ? 

On peut s’appuyer sur les travaux des chercheurs Willy Beauvallet, Sébastien Michon, Victor Lepaux et Céline Monicolle. Dans leur ouvrage Le Parlement européen au travail, les universitaires ont étudié l’évolution sociologique des élus européens de 1979 à 2018. Les résultats de l’enquête montrent que lors des deux premières législatures du Parlement élu au suffrage universel, de nombreux eurodéputés se caractérisent par une expérience politique nationale importante. Mais depuis les années 1990, le Parlement européen apparaît comme un espace de professionnalisation politique. Le mandat européen est souvent un premier mandat majeur après un mandat local. Cela entraîne un important renouvellement des membres du Parlement d’une législature à l’autre : en 2019, seuls 295 députés ont été réélus et 435 nouveaux députés ont rejoints les rangs de l’assemblée. Cependant, l’accès aux postes à responsabilité au sein des groupes et des commissions dépend de la longévité de la carrière au sein du Parlement. Que deviennent alors les députés sortants non élus ? Pour beaucoup, ils poursuivent leur engagement politique au niveau national et certains se convertissent au lobbying.

Un autre point saillant à relever de cette enquête est la féminisation croissante des bancs du Parlement depuis 1979. La proportion de femmes a plus que doublé entre la première législature et la législature actuelle : 16% en 1979 pour 40% en 2019. Cette proportion est bien supérieure à la moyenne nationale d’élues parlementaires des pays de l’Union, qui est de 25,4% seulement. Si le Parlement européen est un des parlements les plus féminisés d’Europe, les variations sont nettes selon les pays, marqueurs de différences propres aux espaces politiques nationaux (47,4% de femmes au Parlement suédois mais que 11,9% à Malte). La France se situe dans la moyenne européenne (39,7%). Dans l’ensemble, les élus issus des pays des élargissements de 2004 et 2007 sont moins féminisés que ceux des Quinze (28% de femmes contre 37% parmi les élus issus des Quinze). Si le Parlement a élu la première femme à la tête de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 16 juillet 2019, c’est un homme qui préside pour deux ans et demi le Parlement européen en la personne de l’Italien David Sassoli, membre de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates du Parlement européen (S&D).

Enfin, les origines professionnelles des eurodéputés sont plutôt conformes à celles des personnels politiques nationaux. 30% des parlementaires sont issus des professions intellectuelles supérieures (professeurs du supérieur, journalistes, juristes). Les ouvriers ne représentent que 4 % des eurodéputés, les agriculteurs 2,4%. Plus généralement, on constate que 70% des eurodéputés ont suivi des études supérieures et près d’un quart possède un doctorat. Les parlementaires sont plus fréquemment diplômés en sciences humaines (26,5%) et en droit (23.5%). 

Le mandat d’eurodéputé a donc été investi par des hommes et des femmes dont les profils sociopolitiques s’accommodent bien des compétences expertes, technocratiques associées à l’histoire communautaire.

Ce sujet a été traité par la rédaction européenne de France Télévisions à Strasbourg pour le 281e numéro du magazine La Voix est libre, diffusé sur France 3, à trois semaines de la tenue des élections européennes de 2014. Il se veut avant tout didactique en utilisant différentes infographies visant à présenter les caractéristiques sociologiques des eurodéputés. Quelques évolutions dans la composition du Parlement européen sont présentées depuis 1979, ainsi qu’une comparaison avec le profil des députés nationaux des Etats membres. 

S’il n’y a guère de surprises sur les critères retenus (âge moyen, sexe, formation et profession) au début du sujet, la deuxième partie de celui-ci est consacré aux rémunérations des eurodéputés. Leur salaire est détaillé (frais de secrétariat, frais de présence au Parlement, enveloppe annuelle pour les assistants parlementaires). Depuis juillet 2009, tous les députés reçoivent la même rémunération. Avant imposition, celle-ci est de 8 757,70 euros depuis juillet 2018. Après ponction de l'impôt européen et des cotisations sociales, elle tombe à 6 824,85 euros. A cela s’ajoutent une indemnité de frais généraux de 4513 euros par mois en 2019, qui vise à couvrir les frais de gestion de la permanence du député dans son Etat d’origine. Le Parlement verse une indemnité forfaitaire de 320 euros par jour notamment pour couvrir les différents frais relatifs à chaque jour de présence à Bruxelles ou à Strasbourg (frais d'hôtel, de repas).

On peut s’interroger sur le choix des journalistes d’insister sur cette question des rémunérations. Est-ce une façon de justifier auprès des citoyens le montant du salaire des eurodéputés, à quelques semaines du scrutin ? Ou est-ce une façon déguisée de montrer le renforcement des pouvoirs du Parlement depuis le traité d’Amsterdam de 1997 ? En effet, dans le cadre de la procédure de codécision, le Parlement européen et le Conseil sont devenus colégislateurs, pratiquement sur un pied d'égalité.

On peut garder une grille de lecture « science politique » pour interpréter cette partie du sujet. L’enveloppe annuelle de près de 21000 euros qui est allouée aux eurodéputés pour recruter des collaborateurs leur permet de structurer progressivement leurs réseaux et d’acquérir une expérience politique utile pour se positionner et évoluer au sein des institutions européennes.