Reconvertir le patrimoine industriel : politiques, acteurs et activités
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Dans l’Aube et en Haute-Marne où le patrimoine industriel est riche et varié (du textile à l’agro-alimentaire) les réhabilitations et reconversion fleurissent, à l’initiative d’associations, d’entreprises, d’individus ou encore de collectivités. Un succès dont la Champagne Ardenne peut se targuer.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
24 juil. 2018
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Contexte historique
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Le reportage, diffusé en 2018, explique comment des acteurs de nature différente s’emparent de sites industriels désaffectés et ce, dans un contexte plus large d’élargissement du champ patrimonial et de patrimonialisation en France.
La notion de patrimoine industriel est apparue tardivement si on la compare au patrimoine culturel dit classique que constituent les églises ou bien les châteaux, les tableaux ou bien les sculptures, expressions du prestige et de pouvoir, à la fois vandalisés et sauvegardés et désormais patrimonialisés à la Révolution française.
En Angleterre dès les années 1950, quand commence la désindustrialisation, les sites industriels menacés de démolition cristallisent l’attention des populations. Attachés au monde de l’usine, des ouvriers et du travail, voire de la souffrance, perçus négativement, ils deviennent des monuments historiques que l’Unesco introduit dans la liste mondiale de l’humanité dès les années 70 avec les mines royales de sel de Wieliczka et Bochnia exploitées jusqu’au XXe s. en Pologne. Une première reconnaissance mondiale qui s’étendra surtout dans les années 90.
En France, la reconnaissance du patrimoine industriel est plus tardive qu’au Royaume-Uni. En 1973, un premier jalon est posé avec la création de l’écomusée du Creusot chargé de recenser, d’étudier et de valoriser le patrimoine d’un territoire en Bourgogne marqué depuis la fin du XVIIIe siècle par le développement d’activités industrielles majeures : la métallurgie, l’extraction du charbon, la verrerie, la production céramique. Cette région a été en France une des premières à connaître la désindustrialisation, un véritable traumatisme après la fermeture en 1984 de Creusot-Loire, groupe métallurgique fleuron de l’industrie française. La société prend alors conscience des menaces qui pèsent sur ces lieux de mémoire de l’ère industrielle : certes l’ancienne gare Montparnasse est démantelée en 1965, les Halles de Paris sont démolies en 1971, mais la gare d’Orsay est sauvée in extremis sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. On comprend alors que certains sites présentent, au-delà de leur valeur historique, une valeur esthétique même si par les moyens employés et leur production industrielle et standardisée (le fer, la fonte, la brique, le verre…) ils différent des architectures plus "vénérables".
Ce changement de regard des Français résulte en grande partie de la pédagogie mémorielle développée par les bénévoles d’associations, notamment d’anciens ouvriers, et qui se mobilisent pour la sauvegarde de ce patrimoine et pour lui donner une image plus attrayante. Les acteurs publics ont accompagné ce mouvement de reconnaissance en proposant la reconversion de sites industriels en logements sociaux notamment. Ainsi en 1975 la ville de Lille s’est portée acquéreur de la filature Le Blan en activité jusqu‘en 1967 et a entrepris la réhabilitation du bâtiment (création de logements sociaux, de commerces, de bureaux, d'équipements culturels) afin de régénérer le quartier dans son ensemble (voir, sur le site Métropole de Lille, le document Rénovation de la filature Le Blan à Lille). Ce projet, un des premiers en France, a été imité ensuite dans de nombreuses communes de France et dans des régions où l’empreinte industrielle est forte.
C’est notamment le cas de la région de Troyes et de Nogent-sur-Seine, au cœur du reportage. La Champagne-Ardenne a commencé très tôt l'inventaire de son patrimoine industriel avec un programme engagé par le ministère de la Culture dès 1986. Ce recensement visait, entre autres, à identifier les sites intéressants menacés de disparition, en vue de protections éventuelles. Le patrimoine de l'Aube est concentré autour de la bonneterie (plus de 219 sites sur les 336 recensés ont été concernés par l'industrie textile), et surtout dans l'agglomération troyenne, qui regroupe la moitié des sites industriels du département. Dans le textile la corrélation ville/industrie reste importante, ce qui n’est pas le cas de l'agro-industrie, très présente aussi dans la région et majoritairement rurale (à l’exception du champagne, phénomène essentiellement urbain), avec les moulins à farine le long des cours d’eau, source d’énergie hydraulique, parfois de taille et de qualité considérable, comme les moulins de Nogent-sur-Seine.
Éclairage média
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
A la fin du XIXe siècle, Troyes et ses faubourgs sont couverts d’usines majoritairement de bonneterie. Troyes, en seconde place après Reims par la population, est alors la ville de Champagne Ardenne comptant le plus de sites industriels, surtout si l’on y ajoute les communs périphériques de Sainte-Savine et Saint-André-les-Vergers. L’usage de la machine à vapeur pour entraîner les métiers a ainsi regroupé en usine des populations ouvrières dans les villes moyennes. Les délocalisations de la production textile ont entraîné les fermetures de ces sites dans les années 60-70 avec, pour conséquence, l’apparition de friches industrielles. Le reportage propose ainsi deux exemples de reconversion du patrimoine industriel troyen. Il donne la parole à Charles Leccia qui a racheté l’ancienne usine Journé & Lefèvre. Attiré par le volume de l’édifice et l’histoire du lieu, ce dernier l’a transformé en résidence, une reconversion qui a nécessité des aménagements tenant compte de ces toits particuliers en dents de scie et du plateau nu, et ce tout en gardant l’esprit "usine" avec les paliers, les charpentes métalliques ou encore la cheminée en briques.
Dans ces réhabilitations, il convient de souligner le rôle important des bailleurs sociaux. Le reportage s’attarde alors sur le cas, encore troyen, de l’usine Vachette, d’abord manufacture de bonneterie puis de serrurerie. Le site a été abandonné au profit d’une autre implantation et parmi les vestiges du XIXe siècle se signale la haute tour de l’horloge reliée à la pointeuse. Jean-Pierre Gravelle, chargé de développement de logements dans des friches industrielles, rappelle les contraintes importantes de la réhabilitation de ce patrimoine, qui exige des opérations de dépollution et dont les très grands espaces et volumes doivent être ramenés à des espaces d’habitation plus petits. Selon lui, construire ainsi coûterait 20% plus cher que de construire sur un terrain vierge. Mais il rappelle à juste titre que ce type de programme permet de moins consommer de terres agricoles, qui sont en recul depuis les années 80.
Ces réhabilitations sont d’ailleurs vivement encouragées par les associations comme Sauvegarde et Avenir de Troyes ainsi que par les collectivités et l’Etat. Ainsi à Troyes en 2004 a été instituée une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ou ZPPAUP dispositif créé en 1983 avec la loi de décentralisation) qui accompagne les investisseurs publics et privés. Ce dispositif, intégré au PLU (Plan Local d’Urbanisme) donnait (il a disparu en 2010) aux communes un rôle actif dans la gestion et la mise en valeur de leur patrimoine. Il leur permettait en effet de mener, conjointement avec l'État, une démarche de protection de certains quartiers. Cependant, les usines évoquées ici se situent hors plan et ne bénéficient pas d'une protection spécifique.
Le reportage propose, en contrepoint de ces deux exemples, un troisième très différent, celui des grands moulins de Nogent-sur-Seine fondés par les frères Sassot. Incendiés en 1907 ils ont été reconstruits avec un plancher en béton armé. Cette impressionnante minoterie (70 mètres de long et 28 de haut) devait permettre de répondre à la demande de pain en forte croissance. Christel Werny, membre de l’Association pour le patrimoine de Champagne Ardennes, souligne la valeur esthétique de cette très belle architecture sur la Seine, en hommage au moulin carolingien qui avait été construit à cet emplacement. Rachetés dans les années 90 par le céréalier Soufflet, ils ont été transformés en laboratoire de recherche en biotechnologie. Les bâtiments, qui ne sont ni inscrits ni classés aux Monuments historiques, font cependant partie des sites remarquables du patrimoine industriel français. Le classement au titre des sites patrimoniaux remarquables a pour objectif de protéger et mettre en valeur le patrimoine architectural, urbain et paysager des territoires. Les sites patrimoniaux remarquables sont institués par une autorité publique dans l’intérêt général. Ils se substituent aux anciens dispositifs de protection : secteurs sauvegardés, zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) et aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP). Plus de 800 sites patrimoniaux remarquables ont ainsi été créés dès le 8 juillet 2016.
Transcription
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