Vent debout contre les éoliennes
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Résumé
Ce reportage présente les conséquences de l’implantation de parcs éoliens dans la Marne, insistant principalement sur les inconvénients des éoliennes, qu’il s’agisse des nuisances sonores pour les riverains ou de leur supposée faible productivité au regard de leur coût.
Langue :
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
12 nov. 2018
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- 00287
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d’histoire-géographie au lycée Scheurer-Kestner de Thann
Publication : 01 sept. 2021
La France rurale de la période moderne savait exploiter la force du vent : à l’époque préindustrielle, plus de 18 000 moulins occupaient le territoire français. Ces derniers seront progressivement abandonnés au bénéfice de la machine à vapeur et de sources d’énergies fossiles. Ce n’est qu’au moment des chocs pétroliers des années 1970 que les énergies renouvelables retrouvent un intérêt pour certains États. Le Danemark, les États-Unis et l’Allemagne construisent ainsi leurs premiers parcs éoliens, en écho à la préoccupation environnementale précoce dans ces pays.
La France fait, elle, le choix du tout nucléaire, et ce n’est qu'en 1996 que le gouvernement de Juppé lance un premier programme d’appels d’offres, baptisé Eole 2005, qui lancera les premiers projets de parcs éoliens dans notre pays. Ce retard initial explique que la France ne possède que le quatrième parc éolien européen en 2020 (17,3 GW de puissance éolienne), loin derrière l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, alors que son potentiel est le deuxième d’Europe (le potentiel éolien serait de 80 GW, auquel il faut ajouter 140 GW pour l’éolien flottant).
Si, au moment du reportage, le Grand Est est la première région éolienne française, elle a été dépassée depuis par les Hauts-de-France (au 31 décembre 2020, 396 sites dans le Grand Est pour 486 dans les Hauts-de-France). Dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en août 2015, et de la Directive européenne sur les énergies renouvelables, la France s’est fixé l'objectif d’amplifier la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. La loi prévoit de porter la part des énergies renouvelables à 32% de la consommation finale brute d’énergie en 2030 (contre 17% actuellement), et de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50% à l’horizon 2025.
Un tel développement pose la question des enjeux liés à la gestion territoriale et paysagère des espaces ruraux dans lesquels ces parcs éoliens sont implantés. Les mutations liées à l’augmentation du nombre d’aérogénérateurs entraînent des tensions, voire des conflits d’usage. La particularité de ce conflit d’usage entre les pro et les anti-éoliens repose sur le fait que les deux camps s’opposent sur des arguments écologiques. D’un côté, les éoliennes participent à la transition écologique en cours, en réduisant l’utilisation de sources d’énergies fossiles. D’un autre côté, les éoliennes défigurent le paysage, mettent en danger l’avifaune ou augmentent les risques pour la santé. Les prises de position contre cette source d’énergie renouvelable dans le reportage en sont une illustration.
Le mouvement des anti-éoliens est apparu dès l’implantation des premières éoliennes en France autour de deux principales associations : Vent de colère, puis la FED (Fédération environnement durable), née en 2007 de la scission avec la précédente, dont les propos ont été relayés par certains députés UMP et communistes lors des débats de la loi Grenelle II. Ces opposants systématisent les recours en justice contre les projets de parcs éoliens pour retarder leur mise en œuvre. D’après les chiffres recueillis par le Syndicat des énergies renouvelables, 70% à 75% des autorisations administratives sont attaquées devant les tribunaux administratifs, qui valident 80% d’entre elles. Puis, dans 75% des cas, les requérants poursuivent leur action en appel, où le jugement du tribunal administratif est généralement confirmé, dans plus de 75% des cas.
Ce mouvement anti-éolien est aussi très actif sur les réseaux sociaux et sur des sites de « réinformation », mais son audience est finalement plutôt marginale. En effet, les enquêtes d’acceptabilité de l’éolien organisées par l’ADEME montrent que 75% des personnes interrogées sont favorables à l’éolien, et 43% des personnes sont favorables à l’implantation d’un parc à moins d’un kilomètre de leur habitation en 2017. L’acceptabilité des projets est facilitée quand les riverains sont informés précocement et quand ils sont associés aux décisions, voire à la participation financière. Les pouvoirs publics tentent de s’adapter aux critiques en faisant évoluer la législation, par exemple concernant l’impact des éoliennes sur les oiseaux. La loi biodiversité oblige désormais les maîtres d’ouvrage à un suivi environnemental. Certaines éoliennes sont même arrêtées quelques jours par an, au moment de la migration de certains oiseaux.
Pour contrer les recours en justice des opposants à l’éolien, deux décrets signés en 2018 simplifient les règles d’autorisation de nouveaux parcs. La suppression d’un degré de juridiction permettra de gagner environ deux ans de contentieux par projet (aujourd’hui, il faut attendre entre sept et huit ans pour les mener à terme). Pour atteindre ses objectifs de développement, la filière éolienne devra intégrer encore davantage les enjeux environnementaux (gestion des déchets des éoliennes en fin de vie), de faisabilité (impact paysager) et de conflits d’usages (circulation aérienne, radars météorologiques et d’aviation) auxquels elle est d’ores et déjà confrontée.
Éclairage média
ParProfesseur certifié d’histoire-géographie au lycée Scheurer-Kestner de Thann
Après un lancement plateau par le présentateur sur « l’épineuse question énergétique » et l’annonce d’un Grand Format sur la crédibilité de l’alternative éolienne, ce reportage diffusé le 12 novembre 2018 dans le 19/20 Édition Champagne-Ardenne s’ouvre sur des images d’éoliennes au milieu des champs avec une musique douce et la voix off du journaliste qui déclame une « ode » aux éoliennes de façon poétique. Puis très vite, le ton devient plus sérieux et l'on évoque un rêve devenu cauchemar pour une élue locale. Isabelle Pestre, maire de La Chaussée-sur-Marne, dénonce dans son interview le coût du démantèlement des éoliennes en fin de vie et les dégâts environnementaux que cela provoque. À partir d’images fournies par Eurocape, une société qui commercialise des parcs éoliens, le commentaire énumère les 1 000 tonnes de béton, 20 tonnes de ferrailles et la fondation de 15 mètres de diamètre nécessaire à l’installation d’une éolienne. Puis le reportage nous amène auprès de Benoît Roth, maire de Dommartin-Varimont, qui est en train de signer un contrat pour dix nouvelles turbines supplémentaires sur sa commune. Le promoteur le rassure sur les études acoustiques de ces éoliennes à la technologie plus récente, car leur implantation à proximité des habitations inquiétait quelque peu l'élu local. Ce dernier concède que le choix d’installer des éoliennes sur sa commune est guidé par les retombées économiques que cela engendrera (20 000 euros annuels).
La voix off du journaliste semble prendre parti pour les « anti-éoliens » quand il évoque Bertrand Badel, porte-parole d’Eurocape, en ces termes : « Il faut dire que le "monsieur éoliennes" a un discours bien rodé. » Une infographie est ensuite insérée dans le reportage ; elle nous apprend que le Grand Est est la première région éolienne française avec 220 parcs éoliens, qui participent pour un quart à la production française. La parole est ensuite donnée à un détracteur de cette énergie, en la personne d’Alban d’Arguin, auteur de l’ouvrage Éoliennes, un scandale d’État. Ses arguments semblent peu fiables (« le vent ne souffle que 20% du temps », « l’Allemagne est devenue le deuxième pays le plus pollueur de la planète ») et mériteraient d’être confrontés à d’autres sources. Puis le sujet redonne la parole à Isabelle Pestre, la maire de La Chaussée-sur-Marne, cette fois-ci interrogée à la mairie. Des gros plans sont effectués sur des documents posés sur son bureau, comme une carte des parcs éoliens en service, autorisés ou en instruction, mais aussi l’ouvrage d’Alban d’Arguin, qui bénéficie d’un plan fixe de quelques secondes. L’élue locale regrette que l’État ait toujours le dernier mot en matière d’autorisation d’implantation d’un parc éolien, même si un maire s’y oppose sur sa commune.
Le reportage quitte ensuite la Marne pour se rendre dans les locaux de Greenpeace à Paris. Avant même d’interroger une membre de l’ONG, le journaliste démonte à l’avance ses arguments en évoquant un certain « lobbysme éolien » : « le dieu Éole contre le diable nucléaire ». La jeune femme interviewée explique que le but n’est pas de recouvrir la France d’éoliennes mais d’installer des parcs là où c’est possible pour faciliter la transition écologique. Le journaliste conclut le reportage sur d'autres images d’éoliennes en annonçant que l’éolien devrait continuer de progresser en France d’ici à 2025, au grand dam des détracteurs de cette énergie (dont il fait visiblement partie). Un dernier argument vient clore ce Grand Format : « L’éolien coûte deux fois plus cher que le nucléaire à produire. » Il est important de prendre conscience que ce reportage est un véritable portrait-charge de l’éolien et que son propos doit être nuancé.
Transcription
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