L'aménagement des voies de communication en Picardie

11 juin 1975
04m 53s
Réf. 00526

Notice

Résumé :

La Picardie commence petit à petit à exister au delà des frontières linguistiques. Il faut maintenant trouver des cohérences entre différentes parties. A l'OREAP, Marc Leroy présente sur une carte de la Région, l'aménagement du territoire et les problèmes liés aux moyens de transport (l'autoroute A1 traverse sans desservir la région), le A4 et le A26 ne concernent qu'une petite partie de l'Aisne. Le A16 intéresse l'ouest et il y aura le A35 qui traversera d'ouest en est. Il faut combiner avec la SNCF (à réétudier pour les liaisons transversales). Dans le sud il faut se desserrer de la région parisienne. La vallée de l'Oise est à aménager et la côte picarde qui est la façade maritime doit intéresser toute la Picardie. Un schéma d'aménagement régional va faire la synthèse de tous ces projets.

Type de média :
Date de diffusion :
11 juin 1975
Source :
FR3 (Collection: Dominantes )
Personnalité(s) :
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Éclairage

Découpage régional, planification et aménagement du territoire constituent les trois thèmes illustrés par ce reportage. Ils correspondent aux modalités de l'action territoriale qui étaient privilégiées par la puissance publique – et principalement par l'État, au fonctionnement encore très centralisé – dans la France des années 1960-1970.

En Picardie, comme ailleurs, les logiques qui ont présidé au découpage du territoire national en circonscriptions d'action régionale (les futures régions) ne sont ni "historiques" (s'appuyant sur d'anciennes limites des provinces de l'Ancien Régime), ni culturelles (reposant sur des limites linguistiques), mais fonctionnelles. C'est pourquoi, Amiens est désignée, en mars 1964, préfecture de région, tandis que, la même année, elle devient également le siège d'une nouvelle académie. Il s'agit dès lors de mettre en place des politiques publiques permettant de donner une plus grande cohérence à l'ensemble territorial ainsi délimité.

Les propos du journaliste évoquant "5 ou 6 secteurs bien différents que rien ne prédestinait au mariage" résonnent aujourd'hui différemment à la suite des propositions et des réflexions du comité pour la réforme des collectivités locales, mis en place en octobre 2008 et présidé par E. Balladur, qui suggérait la disparition de la Picardie, ou plutôt son éclatement, du fait de l'inclusion du département de l'Oise à la région Ile-de-France, de l'intégration du département de la Somme à la région Nord-Pas-de-Calais et, enfin, du rattachement du département de l'Aisne à la région Champagne-Ardenne. Les "nécessités administratives" évoquées par le journaliste en 1975 pour justifier la constitution de la future région Picardie ont laissé place à un sentiment d'appartenance, malgré l'importance des forces centrifuges qui touchent la région, compte tenu de la proximité de la région-capitale, l'une des deux principales régions métropolitaines en Europe.

Le reportage laisse également une large place à la figure, nouvelle à l'époque, de "l'aménageur" qui fait alors une entrée dans le vocabulaire journalistique. Le journaliste et "l'aménageur" interviewé évoquent également la création de nouvelles institutions dans lesquelles les nouveaux plans d'aménagement sont élaborés, l'OREAP (Organisme Régional d'Etude et d'Aménagement de Picardie). Si, à l'origine, les OREAM (Organisme Régional d'Etude et d'Aménagement d'Aire Métropolitaine), créées par délibération du comité interministériel pour les problèmes d'aménagement du territoire (CIAT) du 14 février 1966, devaient être mis en œuvre pour cinq des huit métropoles d'équilibre, il a finalement été décidé au début des années 1970 d'en créer d'autres dans le cadre de la politique d'aménagement du Bassin Parisien, ce qui a conduit à la création de l'OREAP (arrêté préfectoral du 7 décembre 1970) et de l'OREAV (vallée de l'Oise et de l'Aisne). L'existence de deux organismes d'études et d'aménagement, l'un couvrant l'ensemble du territoire picard, le second ne concernant que la périphérie méridionale et orientale de la Picardie, témoigne des difficultés à considérer d'une manière identique des enjeux d'aménagement qui ne sont, eux-mêmes, pas semblables à l'échelle régionale.

Pierre-Jacques Olagnier

Transcription

Journaliste
Rien, à travers l’histoire, ne préparait la Picardie à ses limites administratives actuelles, ni les frontières du patois ni les provinces de l’ancien régime. Aujourd'hui, l’un des problèmes des aménageurs et des élus de cette région consiste à rendre cohérent et uni 5 ou 6 secteurs bien différents que rien ne prédestinait au mariage sinon les nécessités administratives.
(Musique)
Journaliste
Les liens viendront peut-être des grandes liaisons qui sont pour l’heure à l’étude. Ce n’est pas le moindre casse-tête des aménageurs de l’OREAP. Ils préparent à Amiens, sous la direction de Marc Leroy, tous les grands projets d’aménagement régionaux.
Marc Leroy
Vous savez que l’aménagement du territoire ne peut pas se faire uniquement en partant des moyens de transport. Mais les autoroutes ont un rôle extrêmement important. A1 a traversé la Picardie sans la desservir, ce qui montre d’ailleurs que le parcours d’une autoroute, s’il veut entraîner un bon aménagement du territoire, doit être étudié dans ce but et non pas seulement dans un but de traversée rectiligne. Dans les autres autoroutes qui existent en Picardie, vous avez A4, au sud de la Picardie, qui dessert Château-Thierry mais qui n’intéresse qu’une toute petite partie de la région. Vous avez A26 qui concerne Laon et Saint-Quentin, ce qui est important, mais qui concerne seulement aussi un angle de la région. Alors évidemment, toutes ces infrastructures ne concernent pas la totalité de la région. Celles qui concernent la totalité de la région sont, d’une part, A16 qui compense un petit peu les erreurs de A1 et qui intéresse l’ouest de la région en passant près de Creil, Beauvais, Amiens, Abbeville vers Boulogne. Et vous en avez une autre, à plus long terme mais qui est aussi extrêmement importante pour la région de Picardie. C’est l’autoroute transversale A35 qui traverse la Picardie d’est en ouest, qui va de Reims vers Rouen. Il faut, avec un moyen de transport, les autoroutes en particulier, combiner d’autres moyens de transport, par exemple la SNCF. Parce que vous savez que la Picardie, surtout dans le sens transversal, est extrêmement mal desservie du point de vue de la SNCF. Et il est très difficile de rejoindre par exemple Amiens à Saint-Quentin, pour prendre cet exemple-là. Donc il y a une révision, une ré-étude, une réorientation du réseau SNCF à voir en Picardie. C’est un problème extrêmement important, aussi important que les autoroutes. Les autoroutes sont plus frappantes pour l’opinion publique, mais la SNCF est aussi un problème très très important. Alors je disais tout à l’heure que les moyens de transport ne sont pas les seuls vecteurs de l’aménagement du territoire. Il y a aussi d’autres problèmes. Par exemple, vous avez, dans le sud de la Picardie, le desserrement de la région parisienne, c'est-à-dire pratiquement, pour résumer, la colonisation du sud de la Picardie par les techniques de commandement de la région parisienne. Alors pour ça, vous savez que le OREAP a fait le schéma du sud de la Picardie. Ce schéma du sud de la Picardie a été approuvé par les assemblées régionales et par le Gouvernement, et il a entraîné un certain nombre de mesures qui ont été prises au comité interministériel d’aménagement du territoire du 11 avril. Et ces mesures sont opérationnelles. Ce sont des décisions d’aménagement du territoire qui donnent droit à des crédits. Alors il y a d’autres problèmes qui concernent toute la Picardie. Vous avez la vallée de l’Oise. La vallée de l’Oise, après le barrage face au desserrement de la région parisienne dans le sud picard, l’aménagement de la vallée de l’Oise est vraisemblablement le problème n°2 de la Picardie étant donné que la percée naturelle de l’extension parisienne, de même que celle des pays du nord-ouest, se fait suivant un certain nombre d’axes préférentiels dont la vallée de l’Oise. Ce n’est pas le seul. Le dernier problème qui nous retient actuellement, c’est la côte picarde. Alors la côte picarde est une côte qui intéresse le département de la Somme mais qui est, en fait, la façade maritime de la totalité de la région. Et elle intéresse tous les Picards. Il serait souhaitable que beaucoup plus de Picards puissent profiter de la côte picarde.
(Musique)
Journaliste
L’unité, le resserrement de la Picardie autour d’une capitale amiénoise constitue l’un des objectifs des assemblées régionales. L’OREAP prépare pour elle, d’ailleurs, un schéma d’aménagement régional qui sera la synthèse de tous ces projets.
(Musique)