L'aménagement des voies de communication en Picardie
Notice
La Picardie commence petit à petit à exister au delà des frontières linguistiques. Il faut maintenant trouver des cohérences entre différentes parties. A l'OREAP, Marc Leroy présente sur une carte de la Région, l'aménagement du territoire et les problèmes liés aux moyens de transport (l'autoroute A1 traverse sans desservir la région), le A4 et le A26 ne concernent qu'une petite partie de l'Aisne. Le A16 intéresse l'ouest et il y aura le A35 qui traversera d'ouest en est. Il faut combiner avec la SNCF (à réétudier pour les liaisons transversales). Dans le sud il faut se desserrer de la région parisienne. La vallée de l'Oise est à aménager et la côte picarde qui est la façade maritime doit intéresser toute la Picardie. Un schéma d'aménagement régional va faire la synthèse de tous ces projets.
Éclairage
Découpage régional, planification et aménagement du territoire constituent les trois thèmes illustrés par ce reportage. Ils correspondent aux modalités de l'action territoriale qui étaient privilégiées par la puissance publique – et principalement par l'État, au fonctionnement encore très centralisé – dans la France des années 1960-1970.
En Picardie, comme ailleurs, les logiques qui ont présidé au découpage du territoire national en circonscriptions d'action régionale (les futures régions) ne sont ni "historiques" (s'appuyant sur d'anciennes limites des provinces de l'Ancien Régime), ni culturelles (reposant sur des limites linguistiques), mais fonctionnelles. C'est pourquoi, Amiens est désignée, en mars 1964, préfecture de région, tandis que, la même année, elle devient également le siège d'une nouvelle académie. Il s'agit dès lors de mettre en place des politiques publiques permettant de donner une plus grande cohérence à l'ensemble territorial ainsi délimité.
Les propos du journaliste évoquant "5 ou 6 secteurs bien différents que rien ne prédestinait au mariage" résonnent aujourd'hui différemment à la suite des propositions et des réflexions du comité pour la réforme des collectivités locales, mis en place en octobre 2008 et présidé par E. Balladur, qui suggérait la disparition de la Picardie, ou plutôt son éclatement, du fait de l'inclusion du département de l'Oise à la région Ile-de-France, de l'intégration du département de la Somme à la région Nord-Pas-de-Calais et, enfin, du rattachement du département de l'Aisne à la région Champagne-Ardenne. Les "nécessités administratives" évoquées par le journaliste en 1975 pour justifier la constitution de la future région Picardie ont laissé place à un sentiment d'appartenance, malgré l'importance des forces centrifuges qui touchent la région, compte tenu de la proximité de la région-capitale, l'une des deux principales régions métropolitaines en Europe.
Le reportage laisse également une large place à la figure, nouvelle à l'époque, de "l'aménageur" qui fait alors une entrée dans le vocabulaire journalistique. Le journaliste et "l'aménageur" interviewé évoquent également la création de nouvelles institutions dans lesquelles les nouveaux plans d'aménagement sont élaborés, l'OREAP (Organisme Régional d'Etude et d'Aménagement de Picardie). Si, à l'origine, les OREAM (Organisme Régional d'Etude et d'Aménagement d'Aire Métropolitaine), créées par délibération du comité interministériel pour les problèmes d'aménagement du territoire (CIAT) du 14 février 1966, devaient être mis en œuvre pour cinq des huit métropoles d'équilibre, il a finalement été décidé au début des années 1970 d'en créer d'autres dans le cadre de la politique d'aménagement du Bassin Parisien, ce qui a conduit à la création de l'OREAP (arrêté préfectoral du 7 décembre 1970) et de l'OREAV (vallée de l'Oise et de l'Aisne). L'existence de deux organismes d'études et d'aménagement, l'un couvrant l'ensemble du territoire picard, le second ne concernant que la périphérie méridionale et orientale de la Picardie, témoigne des difficultés à considérer d'une manière identique des enjeux d'aménagement qui ne sont, eux-mêmes, pas semblables à l'échelle régionale.