Le groupe de musique "Carte de séjour"
Notice
"Carte de séjour" considéré comme le meilleur groupe de rock français du moment a été reçu par la municipalité lyonnaise. Ayant déjà décroché le prix du "buste d'acier", le groupe obtient la reconnaissance.
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Éclairage
Le nom de ce groupe de musique est emblématique du contexte socio-politique dans lequel il a pris naissance en 1980. En réaction aux textes restrictifs sur l'immigration (loi Bonnet et circulaire Stoléru) et aux expulsions des étrangers, se forment des groupes politiques et musicaux (comme le groupe Factory à Givors) qui résistent par la non-violence et la musique (de l'organisation de concerts alternatifs à la production de chansons et de disques). Le groupe Carte de Séjour est une structure musicale originale formée autour de Rachid Taha qui chante, Djamel Dif à la batterie, Mokhtar Amini à la basse, Mohamed Amini, Eric Vacquer à la guitare et Steve aux claviers et à la guitare. Ils ont produit ensemble du rock influencé par le raï et le chaâbi algérien avec des chansons en français et en arabe. Ce groupe mixte prône la tolérance et soutient les revendications des immigrés pour les papiers, (la « carte de séjour »), actions qui ont pris parfois la forme de la grève de la faim (comme en avril 1981 à Lyon). Un premier disque et une première émission de télévision en 1982 font connaître Carte de séjour dans des cercles restreints à Lyon. Le succès de la Marche pour l'Égalité de décembre 1983 - pour laquelle le groupe joue place de la Bastille le soir de l'arrivée à Paris - et parallèlement les premiers succès électoraux du Front National à Dreux sont le contexte politique contrasté dans lequel est produit leur premier album en 1984 dans les studios de Rennes. Mais c'est la reprise en rock de la célèbre chanson de Charles Trenet Douce France, écrite en 1942, qui leur apporte le succès public : ils obtiennent même en 1986 le titre de meilleur groupe français de l'année.
« Il revient à ma mémoire des souvenirs familiers Je revois ma blouse noire lorsque j'étais écolier. Sur le chemin de l'école je chantais à pleine voix Des romances sans paroles, vieilles chansons d'autrefois. Douce France, cher pays de mon enfance, bercée de tendre insouciance, je t'ai gardée dans mon cœur !» La chanson prend un sens plus fort quand le parti socialiste, par l'intermédiaire de l'association SOS racisme, récupère les revendications pour l'égalité avec le slogan « Touche pas à mon pote » brandi sur une petite main jaune agitée dans les défilés. Le groupe est soutenu alors par le ministre de la Culture, Jack Lang.
C'est à l'occasion de la réception le 22 avril 1987 du groupe Carte de séjour à la municipalité centriste de Lyon qu'est produit le reportage qui passe au JT de FR3 Rhône-Alpes avec évidemment leur célèbre interprétation celle de Douce France. La récupération politique de tous côtés ne permet pas d'assurer la survie du groupe qui se séparera en 1989.