Les conquêtes de l'archéologie sous-marine à Agde
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Résumé
L'archéologie sous-marine se développe au début des années soixante. Le pillage de nombreuses épaves incite l’État à prendre des mesures de protection, contribuant au développement de l'archéologie sous-marine. À Agde, Denis Fonquerle, président du GRASPA, évoque les prospections et les fouilles qu’il mène avec son équipe et présente les collections d’amphores exposées au musée de la ville. Le reportage se termine sur la découverte de l’Éphèbe d'Agde par le GRASPA.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
14 juil. 1965
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Contexte historique
ParIngénieure d’études au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (ministère chargé de la Culture), rattachée au CNRS, UMR 5140, Université Paul Valéry Montpellier 3
Denis Fonquerle, Président du Groupe de recherches archéologiques subaquatiques et de plongées d’Agde, est interviewé chez lui, en 1965, pour le journal télévisé. Devant la multiplication rapide des découvertes d’épaves de l’Antiquité et de leurs cargaisons d’amphores provenant de l’ensemble du bassin méditerranéen, la nécessité de protéger ce patrimoine sous-marin s’est rapidement imposée. Jusqu’à la promulgation de la loi n° 61-1262 du 24 novembre 1961 relative à la police des épaves maritimes et du décret n° 61-1547 du 26 décembre 1961 fixant le régime des épaves maritimes, les épaves à caractère archéologique, historique et artistique n’étaient pas distinguées des « épaves », terme générique qui, dans le droit maritime, désigne tout objet abandonné en mer. Auparavant, des concessions d’exploitation des épaves archéologiques pouvaient être aisément accordées par les autorités maritimes comme elles l’étaient pour n’importe quelle épave récente. Ainsi en 1957, les restes d’un navire avec une cargaison de litharge [1] immergés devant Marseillan-Plage, ont fait l’objet d’une concession qui a autorisé la récupération et la vente non seulement de la litharge, mais aussi de plusieurs centaines d’amphores qui complétaient le fret.
Aux yeux des plongeurs, un autre intérêt de cette loi résidait dans la distinction entre épaves (le navire et son chargement) et objets isolés (des objets tombés durant la navigation ou juste avant le naufrage). Un plongeur qui découvrait une épave avait obligation de la déclarer dans les 48 heures à l’autorité maritime la plus proche sans y toucher. En revanche, en cas de découverte d’un objet isolé, l’inventeur (c’est ainsi que l’on appelle le découvreur d’un vestige archéologique) devait prélever l’objet afin de le mettre à l’abri et le déclarer également dans les 48 heures après l’arrivée au port. Il pouvait alors conserver l’objet sous réserve que celui-ci ne présentât pas d’inscription ou ne fût pas d’une grande rareté. Dans ce cas l’amphore, ou tout autre objet, était alors échangé. Un document attestant la propriété était remis au découvreur et un plomb venait sceller l’objet. C’est ce à quoi Denis Fonquerle fait allusion en montrant l’amphore conservée dans son jardin et en se félicitant que les plongeurs puissent garder par devers eux quelques souvenirs de leurs trouvailles.
Les inscriptions sur les amphores constituent une source précieuse d’informations. Elles nous renseignent aussi bien sur la production des emballages (les timbres gravés sur les anses de certaines amphores) que sur l’organisation du commerce maritime. Les timbres sur les bouchons de pouzzolane [2] ou les marques peintes au noir de fumée, nous livrent les noms des marchands impliqués dans les échanges commerciaux. La prosopographie (science qui étudie la filiation et la carrière des grands personnages) permet de connaître l’origine sociale des négociants et, en comparant ces noms avec ceux que l’on retrouve sur les monuments funéraires, de percevoir leur rôle dans la vie de la cité.
Avant la création de la Direction des recherches archéologiques sous-marines en 1966, l’autorité administrative qui gère les découvertes, délivre les autorisations ou accorde des subventions est la Circonscription des Antiquités Historiques la plus proche, ici celle de Montpellier qui représente l’État. La ville d’Agde contribue également aux recherches. Outre les amphores étrusques et grecques à partir de la deuxième moitié du VIIe siècle avant notre ère, puis massaliètes (de Marseille) à partir du milieu du VIe siècle, les amphores prélevées sur le littoral agathois reflètent également tout l’éventail des productions de l’Empire romain (amphores espagnoles, italiques, gauloises, africaines etc.) dans les premiers siècles de notre ère.
Les découvertes ne se limitent pas aux vestiges de l’époque gréco-romaine, des ancres ou des canons des XVIe et XVIIIe siècles sont également retrouvés en mer. Les prospections du GRASPA s’orientent également vers le lit de l’Hérault où sont réalisées de spectaculaires trouvailles comme la statue de bronze baptisée l’Éphèbe d’Agde (voir archive de 1973).
[1] Protoxyde de plomb fondu, cristallisé en lames de couleur jaune ou rouge, utilisé comme colorant dans l’Antiquité, notamment pour la fabrication de la céruse.
[2] Une roche d’origine volcanique utilisée par les Romains dans la composition d’un ciment hydraulique permettant de construire des ouvrages immergés.
Bibliographie
- Mannheim Ayache Annie, « La protection pénale du patrimoine archéologique sous-marin », Revue juridique de l'environnement, n°2, 1991. pp. 141-151.
Transcription
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