Archéologie sous-marine à Agde
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Au tout début des années soixante, à Agde, une passion pour l’archéologie sous-marine et une volonté de protéger le patrimoine agathois, en particulier les épaves sous-marines, ont incité un groupe de plongeurs amateurs passionnés d’archéologie à créer le GRASPA. Les nombreuses découvertes du groupe enrichissent en permanence le musée de la ville.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
12 sept. 1961
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Contexte historique
ParIngénieure d’études au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (ministère chargé de la Culture), rattachée au CNRS, UMR 5140, Université Paul Valéry Montpellier 3
En 1961, année du reportage, l’archéologie sous-marine en est à ses balbutiements. La recherche d’épaves de navires, la plupart datées de l’Antiquité, a débuté aux lendemains de la deuxième guerre mondiale avec l’invention du scaphandre autonome par l’ingénieur Émile Gagnan et le commandant Jacques-Yves Cousteau. À cette époque, la discipline ne s’est pas encore professionnalisée. La dizaine de membres du GRASPA (Groupe de recherche d'archéologie sous-marine et de plongée d'Agde), tels qu’ils sont présentés dans le film, offre une large palette de catégories socio-professionnelles. Le groupe est créé afin de protéger le patrimoine agathois menacé par les pillages destinés soit à la revente, en France comme à l’étranger, des amphores déjà très prisées, soit à la constitution de collections particulières locales tout autant destructrice.
Agde a été fondée vers 525 avant notre ère par Marseille, elle-même colonie grecque mais dès la deuxième moitié du VIIe siècle avant notre ère, les premières importations méditerranéennes, étrusques, grecques et phéniciennes, arrivent à Agde et illustrent les contacts que les élites indigènes entretiennent avec les peuples du pourtour méditerranéen. La plupart des épaves sont situées à faible profondeur et sont donc facilement accessibles. Des amphores, des pièces d’accastillage, des vestiges de la vie à bord des navires de l’Antiquité gréco-romaine viennent ainsi rapidement constituer les premières collections du futur musée d’archéologie sous-marine du Cap d’Agde. En effet les fouilles du GRASPA s’apparentent à un sauvetage de pièces archéologiques : les équipées prennent des allures de commandos en route pour une chasse au trésor et une partie de pêche est même évoquée dans le film.
Les pionniers de cette discipline, aux côtés d’archéologues terrestres professionnels, tentent de faire évoluer ces collectes vers une pratique structurée en développant au moins une méthodologie dans l’attente de la constitution de solides problématiques. Les premiers manuels d’archéologie sous-marine et les premiers colloques dédiés à cette nouvelle discipline où se côtoient professionnels de l’archéologie et plongeurs bénévoles, connaissent un vif succès. Denis Fonquerle qui a certainement rencontré Honor Frost, première femme archéologue et mécène, dans l’un de ces congrès internationaux, l’évoque et veut montrer que la fouille qu’il dirige est conduite dans les règles [1]. Il mentionne la présence d’un carroyage et d’une planchette servant aux relevés graphiques, une opération qu’il baptise « le coup de l’ardoise » révélant par là-même une distance ironique. Les autres aspects de la fouille mettent en évidence les objectifs de l’intervention : récupérer rapidement des objets au détriment de la préservation de l’intégrité des vestiges et des informations qu’ils recèlent quant à la disposition de la cargaison dans le navire.
Les manuels de l’époque préconisent déjà de remonter les amphores regroupées dans un panier allégé par un parachute rempli d’air. Ici les amphores sont soit attachées pour être hissées depuis la surface soit, lorsque leur état de conservation semble le permettre, « gonflées » au fond et expédiées ainsi vers la surface comme des ballons. C’est faire fi d’éventuelles microfissures indétectables qui les feront éclater au cours de la remontée sous l’effet de la dilatation de l’air sous pression injecté au fond. Sans oublier leur contenu résiduel ou les traces éventuelles de ce dernier qui n’ont, de cette façon, aucune chance d’être préservés. Enfin si aucun aspirateur à sédiment n’est mentionné car le groupe ne s’en dotera que quelques années plus tard, l’archéologue contemporain frissonne à l’évocation de la barre à mine ou du pied de biche pour séparer les amphores concrétionnées entre elles ou encore de la pince pour écarter les membrures
.
Le film s’achève sur l’interview de Jules Baudou, conservateur du musée Agathois, un musée d’arts et traditions populaires, qui abrite les premières collections d’archéologie sous-marine. Il évoque la fondation de la colonie marseillaise à l’emplacement de l’actuelle vieille ville, où des vestiges de la trame urbaine dont deux tronçons du rempart ont été découverts dans les années soixante et soixante-dix. Des traces de la population indigène, les Élisyques, ont été repérées notamment sous l’ancien marais salant du XVIIIe siècle, l’étang de Luno, aujourd’hui recouvert par les bassins portuaires du Cap d’Agde.
[1] Honor Frost a créé une fondation destinée à promouvoir la recherche et la formation des étudiants, dans le domaine de l'archéologie maritime, en Méditerranée orientale.
Bibliographie
- Daniela Ugolini, « L’identité face au commerce : exemples languedociens », dans Réjane Roure (dir.) Contacts et acculturations en Méditerranée occidentale. Hommages à Michel Bats, Aix-en-Provence, Centre Camille Jullian, 2015, pp. 229-238.
Transcription
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