Le parking du Petit Travers devient payant
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Le parking du Petit Travers, situé à proximité immédiate de la plage, entre Carnon et La Grande-Motte, va devenir payant. Si c'est une nécessité pour certains usagers, d'autres expriment leur mécontentement. Pour la Mairie de Mauguio, gestionnaire du parking, cette nouvelle source de revenus contribuera à l’entretien du nouvel aménagement du lido.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
21 mai 2015
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Paringénieur d’études, ART-Dev / Céreq
La marchandisation a-t-elle des limites ? Visiblement, non. Les estivants interviewés sur le parking devenu payant du Petit Travers en font les frais et souvent s’en agacent. La plage et son accès ont pourtant longtemps été considérés comme un bien commun, à savoir un bien rival (la consommation de ce bien par un individu peut affecter la consommation d’autres individus) mais non-exclusif (il n’est pas possible d’empêcher une personne de consommer ce bien). De fait, nous sommes habitués à pouvoir accéder à la mer sans payer quoi que ce soit. Certes, nous rencontrons parfois quelques difficultés. Il n’est pas rare, au cœur de l’été, d’attendre qu’une place se libère, en pestant contre ceux qui se garent n’importe comment. Et, une fois sortis de la voiture, il nous faut encore trouver un coin de plage, proche du rivage mais suffisamment éloigné des autres estivants, pour pouvoir profiter pleinement de la mer. Nous touchons là du doigt le problème de rivalité pointé par les économistes. Mais pourquoi, depuis quelques années, veut-on nous faire payer, remettant ainsi en cause le principe de non-exclusion ?
Il y a tout d’abord une raison idéologique, presque toujours éludée. Les libéraux, conformément à leur système de croyances (système masqué et nié par une référence permanente au « pragmatisme » ), revendiquent une marchandisation pratiquement sans limite. La marchandisation est d’ailleurs à l’œuvre dans tous les domaines : l’éducation et la formation (le fameux « capital humain »), la santé (la « crise sanitaire » actuelle l’illustre à merveille), la solidarité (cf. les personnes âgées prises en charge par des EHPAD plutôt que par leur famille ou bien la dénaturation de nombreuses associations ou coopératives), les opinions voire les sentiments amoureux (via les réseaux sociaux), la génétique, etc. Alors pourquoi faire tout un tintamarre autour du parking payant du Petit Travers ?
Le système de prix est par ailleurs paré de toutes les vertus, même en l’absence d’un marché. Dans le cas du parking du Petit Travers, le prix pourrait refléter la rareté des ressources naturelles et contribuer à responsabiliser les visiteurs. Il pourrait également permettre un rationnement de la demande de manière à limiter les situations de congestion du site. Plusieurs personnes interviewées n’affirment-elles pas qu’elles iront voir ailleurs s’il faut payer ? Le prix permettrait peut-être enfin une meilleure allocation des ressources, en autorisant par exemple une diversification des services proposés aux visiteurs : de « vraies » places de parking, un peu d’ombre, une surveillance des véhicules, etc.
Reste que la détermination d’un tel prix est problématique. La valeur des biens et services environnementaux est extrêmement délicate à quantifier. Le prix en question est, en outre, un prix administré, fruit d’un arbitrage qui ne se résume pas au seul objectif d’efficacité. Il ne faut pas décourager les touristes par un prix jugé prohibitif. Il ne faut pas non plus se mettre à dos des locaux, électeurs et contribuables, ayant le sentiment de payer deux fois (par le prix du parking et par leurs impôts). Bref, le prix de 3 € évoqué dans le reportage est le résultat d’un « bricolage ».
L’agacement des personnes interviewées est donc légitime. La nature en libre accès, c’est un principe culturel français. C’est une liberté à laquelle nous sommes attachés. L’abandon de l’accès gratuit à la nature contribue en outre à accroître les inégalités sociales et à faire porter la responsabilité de la dégradation de l’environnement sur les seuls usagers-consommateurs. Enfin, une fois la marchandisation lancée plus rien ne l’arrête. Le reportage évoque un autre parking offrant à proximité 1000 places gratuites. C’était en 2015. En 2021, le conseil municipal de Mauguio-Carnon a voté la fin de la gratuité… Tôt ou tard, il faudra passer à la caisse.
Transcription
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