Journées du patrimoine au chantier de l'association Voile latine
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À l’occasion des journées du patrimoine, l’association Voile Latine de Sète ouvre au public le chantier naval qu’elle vient d’acquérir. À la Plagette, où les barques traditionnelles de pêcheurs sont restaurées, l’association contribue à la préservation du patrimoine maritime méditerranéen, comme le Sauve qui peut de Georges Brassens, mais également à la transmission de techniques anciennes de construction.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
19 sept. 2004
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Contexte historique
ParChercheur et doctorant en études occitanes, Université Paul Valéry Montpellier
Le reportage est tourné au chantier naval de la Plagette, appelé aussi le « grand » chantier. Durant l’après-guerre, moment de l’âge d’or de la construction navale sétoise, il était exploité par la famille Aversa, avec le « petit » chantier situé à quelques pas. Luigi, l’aïeul de la famille, arrivé d’Italie quelques décennies plus tôt, l’avait créé dans les années 1920, au numéro 24 de la « rue des Chantiers », bien nommée puisqu’elle en comptera une demi-douzaine.
Jusqu’à cette époque, la plupart des chantiers sétois étaient disséminés en ville. Quelques-uns se situaient au quartier du Môle et du Sourras-Bas, d’autres au quai de la Bordigue ou près de la gare, à la passerelle de l’Amour. Certains canaux, non encore dotés de quais maçonnés, permettaient alors l’échouage des embarcations et accueillaient, souvent en plein air, les ateliers de construction et de réparation navale.
Durant l’entre-deux guerres, l’aménagement des quais de Sète avait ensuite nécessité leur transfert vers des concessions du domaine public, sur les rives fort ventées du quartier de la Plagette. Là, au plus fort de l’activité, ont travaillé près de cinq cents patrons, mestres d’aïsse, ouvriers, demi-ouvriers, manœuvres, arpettes, apprentis, appartenant à tous les corps de métiers de la charpenterie, du calfat ou de la forge.
Après cette période florissante, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les progrès des techniques, des matériaux et des motorisations, accrurent grandement la taille des embarcations. À la Plagette, les eaux devinrent insuffisamment profondes et les chantiers trop étroits. Les entreprises s’adaptèrent tant bien que mal à ces évolutions, réduisant leurs activités à la petite construction ou à la réparation, parfois hors du site. Les chantiers fermèrent leurs portes les uns après les autres et seul le « grand chantier » de la Plagette, qui avait plusieurs fois changé de propriétaire, passa le cap du XXIe siècle.
En 2003, Antoine de Santis, dit « Nanou », céda la concession à l’association Voile Latine de Sète et du Bassin de Thau qui le conserva en l’état, dans le but d’en faire un lieu dédié et parfaitement adapté à l’entretien des barques traditionnelles du patrimoine maritime méditerranéen.
Le reportage réalisé une année environ après cette reprise s’ouvre sur la présentation d’une petite embarcation : un barquet. On y voit également des pièces de bois prélevées sur le tronc et un départ de branche de pin de la région, utilisés pour la construction de ces modèles. Ce barquet baptisé Les deux pins a la particularité d’avoir été construit avec les élèves du collège de Frontignan du même nom, dans le cadre de projets pédagogiques à l’initiative de l’association.
L’extrait montre également un gangui, grand filet de chalut traditionnel, ancêtre des chaluts modernes, qui était halé par deux embarcations dont chacune tirait une remorque. Cette technique porte le nom de pêche aux bœufs par analogie au couple d’animaux de trait. Elle avait été introduite à Sète par des pêcheurs catalans, puis adoptée et largement exploitée par les pêcheurs sétois, au point de faire du bateau bœuf l’un des emblèmes de la ville.
Au moment du tournage de la vidéo, le filet vient d’être fabriqué à la demande de l’association, par les élèves fileyeurs du Lycée de la mer à Sète et leur professeur. Conçu traditionnellement dans des proportions compatibles avec la traction de deux barques catalanes, il avait été utilisé quelques semaines auparavant pour la reconstitution d’une pêche aux bœufs, à la voile, sur les indications d’anciens pêcheurs qui l’avaient pratiquée.
Le charpentier de l’association Voile Latine de Sète, en train de relever des côtes sur une épave, évoque l’originalité de certaines techniques de construction. C’est une caractéristique fréquemment retrouvée sur les embarcations traditionnelles de Méditerranée, construites à l’époque sans plan : un savoir-faire qui laissait à chaque maître-charpentier une certaine liberté d’exécution des techniques, tout en respectant les formes du modèle. Un œil averti peut ainsi, dans une flottille d’embarcations traditionnelles apparemment identiques, reconnaître la ou les marques de fabrique d’un constructeur, d’un chantier, et parfois la date de construction de la barque.
Le Sauve qui peut est l’un des deux bateaux ayant appartenu à Georges Brassens avec le Gyss. Il avait été construit au Chantier de la Plagette en 1954. Il y sera entièrement restauré en 2012, par l’association Voile latine et exposé à l’espace Georges Brassens de Sète.
Transcription
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